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Aleix Garcia, symbole de la formation rêvée des Citizens
Annoncé comme le futur crack du centre de formation de Villarreal, Aleix Garcia (dix-neuf ans) a décidé, il y a désormais un an, de traverser la Manche pour parfaire sa formation à Manchester City. Un cas loin d’être unique qui rappelle la démesure du projet des Citizens et les pièges qui l’accompagnent.
Pourtant en dehors des périodes de mercato, le mois de décembre 2014 renvoie les propriétaires de Manchester City à leur plus grosse dépense. Point de présentation de joueur star, encore moins de conférence de presse ennuyeuse, mais une inauguration qui présage le début d’une nouvelle ère pour les Citizens. Désormais équipés d’un centre de formation de pointe, dont la construction avoisine les 270 millions d’euros, ils espèrent le garnir d’une litanie de nouveaux Lionel Messi. Cette Masia mancunienne, baptisée City Football Academy, s’imagine en nec plus ultra des fabriques de footballeurs. De l’aveu de Pablo Zabaleta, interrogé par El Mundo la saison passée, « ces installations augmentent le niveau d’exigence et sont attractives pour attirer de grands joueurs » . Depuis l’arrivée estivale de Pep Guardiola, dont l’un des dadas reste de découvrir et lancer de jeunes pépites, cette prédication gagne de l’épaisseur. Son compatriote Aleix Garcia en est, lui, l’incarnation. De plus en plus utilisé, l’ancien canterano de Villarreal concentre tout ce que le board mancunien attend : du talent, de l’intelligence, et cette fibre du tiki-taka ardemment désirée par le président Al Mubarak.
Modèle blaugrana, éducateur blaugrana, mais maillot citizen
Bien avant l’arrivée du divin chauve de Santpedor, la direction des Citizens fait de la sortie de terre de son centre de formation l’une de ses priorités, comme le prédit le cheikh Mansour en 2008 : « Nous construisons une structure pour le futur, pas seulement une équipe de stars. » Entre les recrutements de Ferran Soriano, ancien vice-président du Barça de Laporta, et Txiki Begiristain, ex-directeur sportif de cette même Junta Directiva, le modèle barcelonais apparaît rapidement comme un idéal à reproduire. Avec un budget colossal alloué à sa construction, la City Football Academy se mue dès lors en nec plus ultra des centres de formation. Pêle-mêle, elle comprend sur ses 80 hectares : un dortoir pour 400 jeunes joueurs, un collège, un lycée, un centre médical, seize terrains de football, un stade de 7000 places, un gymnase, une cafétéria, les bureaux des 450 employés du club, une piscine… Autant pour montrer les muscles mancuniens qu’attirer des jeunes pépites du monde entier, elle surpasse tous les autres centres de formation déjà existants sur la planète football. Pour ce, faut-il encore que les éducateurs épousent la même vision que la direction estampillée Barça.
Dans cette optique, Txiki Begiristain s’attache rapidement les services de deux anciens éducateurs de la Masia. Rodolfo Borrell, également ancien directeur du centre de formation de Liverpool depuis le passage de Rafa Benítez, reçoit la charge d’affiner la philosophie enseignée dans l’école de football – mais aussi pour les franchises des New York City, Melbourne City et Yokohama Marinos. Une mission dans laquelle l’accompagne Pep Segura, responsable de la découverte de Fàbregas et premier entraîneur blaugrana de Messi. Des arrivées dans l’ombre, donc, qui permettent à « The Academy » , son surnom outre-Manche, de glaner rapidement ses premières prises de guerre : Darren Fletcher ou Phil Neville, enfants de United, préfèrent inscrire leurs progénitures chez les Citizens. Débute alors une migration de jeunes Espagnols, de Denis Suárez à José Angel Pozo. Pourtant, la réussite de ces nouveaux canteranos se fait attendre, les déceptions prenant largement le pas sur les satisfactions. Le saut dans l’inconnu n’effraie cependant pas Aleix Garcia, crack de la formation de Villarreal et des catégories inférieures de la Roja, qui décide de s’envoler pour Manchester à l’été 2015.
Le piège de l’internationalisation à outrance
« Je suis un joueur qui aime être en contact avec le ballon et qui joue toujours avec mes coéquipiers. Ce qu’on me demande à City est similaire à ce que j’ai appris à Villarreal et avec la sélection espagnole. Cela m’aide à m’intégrer ici. » De fait, débarqué à l’âge de dix-huit ans, soit à la toute fin de sa formation, le natif d’Ulldecona, village du sud de la Catalogne, Aleix Garcia ne perd pas son identité de joueur de toque à son arrivée en Angleterre. Lui préfère insister sur la plus-value, pas seulement économique, que lui apporte cette migration anglaise, où il découvre « un autre football qui nous aide à améliorer notre physique et notre travail défensif » . Sa saison d’adaptation écoulée, durant laquelle il œuvre chez les U21 de City, il tape dans l’œil de son nouveau mentor, Guardiola, désireux de le formater selon ses préceptes. Il n’en reste pas moins que l’exemple d’Aleix Garcia illustre la tentation dangereuse de Manchester City : entasser dans son centre de formation une multitude de promesses internationales tout en oubliant de s’intéresser au local.
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Par Robin Delorme