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Alborosie : « Le Mexique va gagner la Coupe du monde »
Derrière Alborosie se cache Alberto D'Ascola, un nom à jouer 6 à la Fiorentina. Pas un hasard, car, avant les dreads et le reggae, Albert aurait pu passer pro. Éreinté après son concert à Garorock, il a quand même tenu à parler ballon. De Milan et Dino Zoff, de la Jamaïque et des fils Marley. Entretien détendu.
Tu viens de Messine, en Sicile. Tu es un supporter du club ?Pas vraiment. Quand j’étais petit, on a déménagé à Milan. À partir de là, je suis devenu supporter de la Juventus. C’était l’époque de Platini. J’étais très jeune, peut-être six ans, mais je me souviens que Platini était là. J’adorais Dino Zoff et, à l’époque, Schillaci aussi. Et Paolo Rossi !
Il paraît que tu n’aimes pas vraiment les joueurs italiens, qui se retrouvent trop dans des magazines. Même Pirlo ? Il est classe, élégant, discret…Ah non, Pirlo, c’est un grand ! J’aime Balotelli aussi ! Le fait que ce soit un black, un black d’Italie, ça change les choses. Ça marque une nouvelle époque, une nouvelle page pour le football italien.
Bob Marley adorait le foot, mais en est mort. Le monde du reggae en veut au football, depuis ?Non, quand même pas. Le monde entier aime le football. Beaucoup de fans de reggae aiment le football, partout dans le monde. Même si ce n’est pas forcément connu. Des gens qui supportent la Jamaïque, comme moi. On est encore petits, mais un jour ça va le faire.
Tu peux nous en dire plus sur le foot jamaïcain ?C’est énorme en Jamaïque. Tout le monde joue, partout. On aimerait plus jouer de grandes compétitions, mais bon. Ensuite, on a des athlètes surtout, de haut niveau, comme tu sais. Les équipes de football ont encore du boulot par contre.
Pourquoi n’y a-t-il jamais eu de grand joueur jamaïcain ?Je ne sais pas, c’est une bonne question. Ça doit être culturel. Les Jamaïcains sont rapides, puissants, mais ils manquent d’aptitudes techniques, c’est vrai. Mais on progresse, on avance, les choses changent. Il va y avoir une révolution. Regarde Usain Bolt. Bientôt on aura quelqu’un qui courra plus vite qu’Usain Bolt ! Le monde bouge vite…
Usain Bolt avait proposé à Manchester United de jouer pour eux. Tu en penses quoi ?Non… Il devrait se contenter de chanter… Enfin, de courir, je veux dire ! Enfin, il fait de la musique aussi. C’est un DJ en Jamaïque.
C’est bien, sa musique ?Il devrait se contenter de courir…
J’ai remarqué que tu dis « on » quand tu parles de la Jamaïque. Tu te considères vraiment de là-bas maintenant ?
Je suis jamaïcain ! J’ai un passeport jamaïcain, je suis un citoyen jamaïcain. Je le suis, légalement. Ensuite, je suis né en Italie, donc je suis italien, oui. Je suis italo-jamaïcain, ok.
Tu jouais au foot quand tu étais petit, en Italie ?Oui, je jouais numéro 5. Ou milieu de terrain. J’ai joué pendant des années, à la fin dans une équipe semi-professionnelle. Mais on n’a jamais été très bons. Puis nous, on était jeunes et, contre des plus vieux, les vrais hommes, on n’a jamais réussi à finir premiers. Ni quatrièmes, ni cinquièmes… Je ne chantais jamais à l’époque. Je ne savais pas que je pouvais.
Quand as-tu décidé de chanter plutôt que de jouer au foot, alors ?Déjà, quand j’ai arrêté le foot, je me suis mis au kung-fu. Puis au skateboard. J’étais super sportif à l’époque. À 14 ans, je me suis mis à écouter beaucoup de musique.
Quarante et un clubs italiens sont visés par une enquête pour fraude. Ça t’inspire quoi ?Tu sais, l’Italie est concernée par tous les genres de fraude possibles. Du président du Conseil au plus petit. Donc je ne suis pas surpris. Je pense que l’Italie a besoin… L’Italie a besoin d’aller à l’église, et prier. Mais la corruption est partout, dès que tu as de l’argent. Pas seulement en Italie. C’est vrai en Allemagne, en Espagne, au Portugal. La corruption existera toujours. Comme à Babylone. On est tous à Babylone. Toi et moi, on est honnêtes, mais eux, dehors… Garde bien ça en tête. Et la corruption dans le foot, c’est juste une nouvelle forme. Rien de plus.
On parlait de Bob Marley plus tôt. Tous ses fils aiment le foot. Tu as déjà joué avec eux ?Oui, je joue de temps en temps avec Ky-Mani Marley. Oui, il adore le football. Il n’est pas terrible… Je connais Juan aussi. Par contre, lui, il est bon. Il a été professionnel. Je ne suis plus sûr qu’il joue aujourd’hui, mais il a fait une carrière aux États-Unis.
Tu penses quoi des protestations sociales au Brésil ? Tout cet argent mis dans les stades. C’est fort que le pays du football s’insurge contre ce qu’il aime le plus.C’est très difficile d’en parler, de comprendre la situation, car nous ne sommes pas là-bas. On ne peut pas comprendre la réalité des choses. Mais si je dois répondre quelque chose, c’est que le football ramène beaucoup de gens. Et l’argent arrive avec. C’est donc une opportunité. Je ne rejetterais pas l’idée du coup… Mais encore une fois, nous n’y sommes pas.
C’est donc juste une mauvaise passe ?C’est triste qu’il y ait des problèmes internes. La Coupe du monde de football, c’est une grande fête. Ce genre de situation ne vient pas que du foot. Il y a des conflits sociaux, des conflits ethniques. J’espère que ça s’arrangera. Je comprends le problème, mais en même temps, beaucoup de gens vont aller au Brésil, et ce sera beau.
Qui va gagner la Coupe du monde ?J’aimerais dire la Jamaïque, mais on va être un peu réalistes. Je ne veux pas dire le Brésil maintenant, j’aimerais quelqu’un d’autre. Pareil pour l’Espagne. Le Brésil est toujours là, cela dit… Mais l’an prochain, ce sera… le Mexique. Le Mexique le mérite, maintenant. Et la Jamaïque ne peut pas y être. Donc le Mexique.
Tu ferais quoi en cas de match Italie-Jamaïque ?Je supporterais la Jamaïque. Mais tout en sachant que l’Italie les fracasserait…
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Propos recueillis par Thomas Andrei, à Marmande