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Alban Pellegrin (Koh-Lanta) : « Ahmad, c’est l’Atlético Madrid »

Propos recueillis par Maxime Brigand
9 minutes
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Candidat du Koh-Lanta Johor en 2015 et du Koh-Lanta : Le Combat des héros trois ans plus tard, Alban Pellegrin est aussi un supporter cinglé de l'OL. Alors que la sixième journée de Koh-Lanta se joue vendredi soir, il raconte sa passion pour les deuxièmes et ses faiblesses avec le tableau noir.

Comment se passe ton confinement ? Je vis un confinement en appartement, les deux choses qui me manquent sont un jardin et une baignoire. Après, je fais partie de ces gens qui sont tellement admiratifs des personnes qui continuent de travailler que je ne me permets même pas de courir. Je fais mon sport chez moi, quasiment tous les matins, et je sors seulement pour faire mes courses et celles de ma mère. J’étais en télétravail jusqu’à il y a quelques jours et je suis passé en chômage partiel. Je suis agent immobilier chez Foncia. On avait l’avantage de pouvoir encore signer des compromis et des mandats de manière électronique, mais voilà… On sait que c’est une période compliquée, mais comme sur Koh-Lanta, je reste un éternel optimiste.

Pourquoi as-tu décidé de faire Koh-Lanta ? J’étais un téléspectateur assidu et, un jour, je m’étais dit que j’essayerais de le faire. Puis, en revenant un dimanche d’un cinéma avec ma petite maman, je lui ai demandé de me prendre en photo et j’ai envoyé ma candidature. J’ai eu la chance d’y arriver du premier coup. Marc, le vainqueur de ma saison, avait tenté dix fois. Quand on me demande pourquoi moi et pas un autre, je réponds toujours la même chose : je ne sais pas, il n’y a pas de logique. Il faut savoir mettre en avant sa détermination et reconnaître ses défauts, ce qui n’est pas simple. Pour le reste, on a tous la prétention d’être valeureux et gentil…

T’étais un grand tacticien avant d’aller sur l’île ? Tu avais préparé tes schémas ? S’il fallait écrire Le Stratège pour les nuls, je pense que je serais un auteur légitime. J’étais une pipe en matière de tactique. Quand on m’a demandé mon point fort pour Koh-Lanta, j’ai parlé de ma sociabilité. On s’est un peu moqué de moi pour ça et on a vu avec mon élimination aux Ambassadeurs que ma sociabilité n’a pas suffi… (Rires.) Je suis venu la fleur au fusil, avec mes valeurs. Et quand je suis revenu une deuxième fois, j’avais les mêmes intentions. Quelle erreur…

Je suis un grand lecteur et un amoureux de notre belle langue française, et ce qui m’a fait plaisir, c’est les punchlines. Moussa et Claude ont su mettre Molière en avant.

À force, j’ai compris que Koh-Lanta, ce n’est pas du sportif, de la stratégie ou de la survie, c’est les trois, même si c’est les stratèges qui font le show.

C’est ce qu’on a vu la semaine dernière : quelle leçon tactique ! Je suis un grand lecteur et un amoureux de notre belle langue française, et ce qui m’a fait plaisir, c’est les punchlines. Moussa et Claude ont su mettre Molière en avant. Ils ont acculé Ahmad. Après, c’est comme au foot, pour un bel échange, il faut deux belles équipes et j’ai trouvé qu’Ahmad a eu une belle répartie. Il a eu ce vice dans le regard… C’est comme l’Atlético de Madrid : tu ne prends pas beaucoup de plaisir à regarder, et pourtant, à la fin, cette équipe te surprend. Ahmad, c’est ça. On dit qu’il s’est fait écraser, mais il est encore là. Et je pense qu’il a toutes ses chances d’aller loin puisqu’il ne fait plus peur à personne. On lui a tiré dessus de partout, mais il a réussi à se faufiler. C’est comme dans Pulp Fiction.

Tu parles de foot, qui est ta grande passion. Comment est-elle née ? J’ai la chance d’être né dans la plus belle ville du monde, Lyon, et à la plus belle période. Je suis né en 1986, donc j’avais 14-15 ans quand l’OL nous a offert dix années de football champagne. J’ai vu ce club grandir. Mon grand-père m’emmenait à Gerland.

Je suis un enfant gâté de l’OL. Je me suis fracturé le petit doigt sur le but d’Inzaghi en 2006 en tapant contre une table. Tu vois le rapport au truc.

J’ai eu la chance de voir les grandes années, Jean-Michel Aulas, que j’admire profondément, bâtir ce monstre… C’est l’OL qui m’a fait vivre mes plus belles émotions, des émotions que je ne pensais jamais pouvoir ressentir. Je me rappelle avoir vu mon frère pleurer après la défaite en finale de la Coupe de la Ligue 1996 et je ne comprenais pas. Pour moi, ce n’était que du foot. Et en 2002, j’ai acheté des places pour Lyon-Lens à mon pion. Là, j’ai compris. Pour moi, c’était plus fort que la Coupe du monde 1998. Je n’oublierai jamais l’entrée de Grégory Coupet, j’étais dans le virage sud supérieur… Je suis un enfant gâté de l’OL. Je me suis fracturé le petit doigt sur le but d’Inzaghi en 2006 en tapant contre une table. Tu vois le rapport au truc.


L’équipe de France, c’est moins fort pour toi ? Oui, même si j’ai évidemment vibré en 1998, 2000, 2006, 2018. J’ai aussi un côté très français. Je vais pousser le PSG en Ligue des champions. En revanche, je ne supporterai jamais Sainté en Ligue Europa, j’ai des limites. L’OM, c’est pareil. Je ne vais pas crier pour Marseille, mais s’ils gagnent, tant mieux. Notre football français est trop souvent critiqué, et on voit en période de confinement à quel point certains matchs de Ligue 1 nous manquent. Mon rapport au foot est très franco-français, en fait. Après, si tu me demandes si je suis plus Guardiola ou Mourinho, je te réponds Mourinho, parce que comme à Koh-Lanta, je préfère le principe de la méritocratie. Pour moi, tu as beaucoup plus de mérite quand tu es Mourinho que quand tu es Guardiola. Attention, c’est deux monstres, je ne suis pas là pour comparer F1 et karting. Mais Mourinho, c’était juste un traducteur, il a fait gagner une Ligue des champions à Porto… Guardiola, il a récupéré un Barça au sommet, qu’il a sublimé d’accord, mais il a toujours dirigé des gros clubs. C’est différent. J’aime le parcours.

C’est pour ça que tu respectes à ce point Aulas ? J’ai été stagiaire à l’Olympique lyonnais, à la direction commerciale et événementiel. Non seulement j’admirais Aulas, mais je l’ai vu faire.

J’ai été stagiaire à l’Olympique lyonnais, à la direction commerciale et événementiel. Non seulement j’admirais Aulas, mais je l’ai vu faire.

C’était en 2009. Benzema venait de partir, l’OL allait faire une demi-finale de Ligue des champions, Lisandro, Bastos, Gomis, Cissokho arrivaient… Le club venait de perdre son contrat de sponsoring avec Novotel et derrière, aucun sponsor ne pouvait s’aligner à part Betclic. Sauf qu’en 2009, Betclic était autorisé dans l’UE, mais pas en France. Lyon venait de signer l’un de ses plus gros contrats de sponsoring, mais n’avait pas le droit de l’afficher sur son maillot. Aulas essayait de faire jurisprudence et moi, en tant que stagiaire, j’étais allé chercher toutes les unes de L’Équipe et France Football pour montrer à quel point il y avait une hypocrisie française. Il y avait des pubs avec Benzema et Bwin, personne ne disait rien. J’ai vu Aulas appuyer le dossier et se préparer à partir au CFC avec le maillot de l’OL « Betclic » qu’il voulait sortir, ce qui était bien sûr interdit. Ça montre à quel point le mec défend les intérêts de son club jusqu’au bout et gère ça parfaitement à tous les étages.

Tu es pareil devant un Koh-Lanta ? Bien sûr ! Yassin, Claude, Teheiura, Freddy… Ils m’ont tous fait vibrer parce qu’ils ont tout construit de leur main. Il n’y a aucun opportunisme.

Mais ils n’ont jamais gagné. C’est comme Aulas, tu vois. Il n’a jamais gagné la Ligue des champions. On dit toujours que Claude est un Poulidor et c’est vrai. Je préfère les deuxièmes.

Surtout que l’OL est devenu à son tour un second, désormais. Je m’ennuie plus, évidemment, mais je suis né avec un ballon en argent dans la bouche. À la fin du septième titre, on était las, c’est comme les supporters parisiens aujourd’hui. Ça ne les intéresse plus, tristement. Nous, ce qu’on voulait, c’était la Ligue des champions. Je regrette d’avoir été aussi gourmand avec du recul et de ne pas avoir assez profité. Ce que je recherche, moi, c’est de vibrer. Et même sous Genesio, on a eu la chance de vibrer. On a quand même eu des matchs références, des matchs décidés à la dernière minute…

Je parle de temps en temps avec Grégory Coupet. Pareil avec certaines joueuses de l’équipe féminine. Twitter te permet ça, mais non, je ne fais pas d’apéros avec Maxence Caqueret.

On a quand même des joueurs qui nous permettent d’espérer plus aujourd’hui. J’ai eu la chance d’être au stade pour Lyon-Juventus. Là, j’ai perdu ma voix. C’est pour ça qu’on aime l’OL. On dit souvent que la frontière entre l’amour et la haine est infime. C’est pareil avec le foot, mais les supporters doivent rester au centre du projet.

Tu as parlé de Koh-Lanta avec quelques joueurs ? J’étais fan et je parle de temps en temps avec Grégory Coupet. Pareil avec certaines joueuses de l’équipe féminine. Twitter te permet ça, mais non, je ne fais pas d’apéros avec Maxence Caqueret.

Il y a des joueurs de l’OL que tu aurais bien vus sur l’île ? Grég Coupet, bien sûr.

Le numéro 1, celui qui serait le Teheiura, c’est Lisandro López.

Il a le physique pour, le mental et une détermination folle. Si tu te rappelles ce qu’il avait fait lorsqu’il avait appris qu’il ne serait pas titulaire au Mondial 2006, son vrai-faux départ du stage à Tignes… J’aimerais aussi bien voir Sidney Govou ou Nicolas Puydebois. Mais pour moi, le numéro 1, celui qui serait le Teheiura, c’est Lisandro López. Lisandro, il a tout, il ne lâcherait jamais. Quand tu vois un type comme ça, tu vas à la guerre avec… C’est comme Christophe Delmotte.

Tu l’aurais vu construire un radeau ?Pas forcément le radeau, mais pagayer comme un fou, évidemment. Rien que voir ses yeux, tu comprendrais. C’est aussi pour ça que j’adorais Mariano Diaz. Il avait peut-être moins de classe, mais il ne lâchait rien.

Le foot t’a manqué quand tu étais sur Koh-Lanta ? Je suppliais l’équipe technique pour avoir les résultats, mais ils ne disaient rien.

Je suppliais l’équipe technique pour avoir les résultats, mais ils ne disaient rien. J’ai raté le derby où Nabil Fekir enlève son maillot, en 2017…

J’ai raté le derby où Nabil Fekir enlève son maillot, en 2017, quand j’étais dans l’aventure. J’ai aussi raté un match où Fekir claque un coup franc à la dernière minute contre Monaco. Je suis parti fin 2014 et fin 2017, à chaque fois, l’OL était au plus bas et quand je suis revenu, ils avaient fait une belle série. Si ça se trouve, tout est de ma faute.

Tu avais emmené un maillot ? On n’a pas le droit ! En revanche, on avait eu l’opportunité, grâce à un confort, de partir dans un village aux Fidji. On vit un moment incroyable, on se baigne et en sortant de l’eau, des locaux me donnent une chemise verte. Je leur ai dit que je ne pouvais pas la mettre. Ils ne comprenaient pas et je leur ai expliqué que ma tribu était en opposition avec une autre tribu, qui s’habille en vert.

Et cette année, tu vois qui s’en sortir ? Bon… Il faut savoir que je me plante toujours en prono. Mais je mets une petite pièce sur Claude, qui est mon ami. Et mon outsider, c’est Sam, parce que je le trouve assez incroyable. Il est encore un peu jeune, mais, comme dirait Mbappé : « Moi, tu ne me parles pas d’âge… »

L’Atlético enchaîne à Majorque, dans son style caractéristique

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