- C1
- 2e tour
- Ferencváros-Partizani Tirana (1-1)
Alban Hoxha, héros albanais
Ce mercredi soir, Alban Hoxha, gardien du Partizani Tirana, a envoyé son club au tour suivant. Comment ? En arrêtant trois pénos et en claquant une Panenka.
Il est 19h44 à la Groupama Arena de Budapest lorsque Zoltán Gera pose son ballon sur le point de penalty. Sûr de lui, le huitième-de-finaliste de l’Euro s’élance et transforme. 1-0 pour Ferencváros, qui semble alors faire un grand pas vers la qualification, après le nul 1-1 obtenu à l’extérieur. Pourtant, Gera ne le sait pas encore, mais un peu plus d’une heure et demie plus tard, ce même point de penalty va devenir un cauchemar pour ses coéquipiers et lui. Et va, en revanche, permettre à Alban Hoxha, gardien des visiteurs, de briller et de devenir le nouveau héros du peuple.
Une Panenka et trois arrêts
Un peu avant 22h, l’Estonien Kristo Tohver siffle donc la fin de la rencontre. 1-1, comme à l’aller, et donc, tirs au but. Ce sont les Albanais, deuxièmes de la Superliga 2015-16 derrière Skënderbeu Korçë, qui tirent les premiers. Là, stupeur. Ce n’est pas un attaquant, mais bien Alban Hoxha, le gardien de but, qui s’avance. Confiant comme jamais, il pose son ballon, regarde son homologue hongrois, s’élance et… claque une Panenka. Le portier de Ferencváros, Dibusz, tente tant bien que mal de se relever et de plonger dans l’autre sens, c’est trop tard, le ballon franchit la ligne. Un coup de maître et, à la fois, un formidable avantage psychologique pris par les Albanais. Andrea Pirlo likes this.
À peine le temps de célébrer son geste qu’Alban Hoxha renfile ses gants et se repositionne dans les buts. C’est Zoltán Gera, encore, qui se présente face à lui. Mais les données ne sont résolument plus les mêmes qu’à 19h44. À l’instar d’un Leonardo Bonucci face à Manuel Neuer, Gera craque et foire son tir au but après avoir marqué son penalty dans le temps réglementaire. Pire, c’est Hoxha qui repousse sa tentative. Et ce n’est que le début de son show. Son coéquipier Vila rate à son tour son tir ? Pas grave, Hoxha est là et arrête aussi le deuxième tir au but des Hongrois. Ferencváros ne s’en remettra pas. Le gardien albanais termine son solo en stoppant à nouveau le tir du quatrième tireur, Ramírez, envoyant ainsi le Partizani Tirana au troisième tour préliminaire de Ligue des champions.
De Moti à Hoxha, l’histoire de héros
La fable de Hoxha n’est pas sans rappeler celle de Cosmin Moți, ce défenseur de Ludogorets qui, un soir d’août 2014, avait remplacé dans les buts son gardien expulsé, et avait qualifié son équipe pour la phase de poules de la C1 en stoppant deux tirs au but adverses.
Hoxha devra encore affronter deux adversaires (Salzbourg au prochain tour, puis les barrages en cas de nouvelle qualif) avant d’espérer envoyer les siens en phase de poules, mais le bonhomme a déjà marqué ces premiers tours de son empreinte. Mais d’où sort donc ce héros d’un soir ? Issu du centre de formation du Dinamo Tirana, il a la particularité de n’avoir jamais évolué dans les divisions inférieures. Sans être titulaire, il remporte le championnat d’Albanie en 2008 et 2010, mais aspire à plus de temps de jeu. Ainsi, en 2011, il passe de Tirana au Kastrioti Krujë, puis au Besa Kavajë. Enfin, à l’été 2013, il rejoint le Partizani Tirana, dont il ne bougera plus.
Il s’y impose alors comme l’un des meilleurs gardiens du pays, et découvre aussi pour la première fois l’Europe, avec un tour préliminaire de C3 perdu contre Strømsgodset en juillet 2015. 2015 est d’ailleurs l’année où il est appelé pour la première fois en équipe d’Albanie par De Biasi. Quand l’Albanie valide son billet pour l’Euro, il espère alors faire partie du groupe des 23. De Biasi réalise ce rêve, en l’emmenant en tant que troisième gardien, derrière Berisha et Shehi. S’il ne dispute évidemment pas la moindre minute en France, il vit de l’intérieur la victoire face à la Roumanie, moment historique pour l’Albanie.
Surclassé en première classe
S’il semble difficile de déloger le portier de la Lazio des cages de la sélection albanaise, Hoxha compte bien se rattraper en club, comme il a pu le faire ce mercredi soir. Cette campagne de Ligue des champions est d’ailleurs un petit miracle pour les Albanais qui, à la base, s’étaient qualifiés pour le tour préliminaire de la Ligue Europa. Ils avaient même déjà disputé le match aller du premier tour de C3 face au Slovan Bratislava (0-0). Mais le 6 juillet, juste avant le match retour, ils apprennent que le champion d’Albanie, Skënderbeu Korçë, est disqualifié de la Ligue des champions pour des histoires de matchs arrangés. Partizani est ainsi surclassé, avec la première participation de son histoire au tour préliminaire de C1. La suite de l’histoire, on la connaît. Deux matchs nuls, des tirs au but. Et un Alban Hoxha qui brille dans la nuit hongroise.
Par Éric Maggiori