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Alaixys Romao : « Dans le jeu, je me sens plus brésilien »
Titulaire à l’Olympiakos, il a goûté à la C1 la saison dernière, et s’apprêtait à disputer la C3 avec les Grecs. Mais ça, c’était avant que le Stade de Reims ne lui offre un retour en France à 34 ans pour y jouer le maintien. Entretien Romaotique avec un amoureux de la Ligue 1.
Salut Alaixys, on t’avait un peu perdu de vue depuis l’été 2016 lors de ton départ de l’OM pour l’Olympiakos où tu as passé deux ans. C’était comment ?Ca s’est très bien passé, même si ça a été un peu dur au début parce que l’entraîneur ne me faisait pas jouer. Mais je ne me suis pas découragé, il a vu mes qualités et je suis monté crescendo dans l’équipe. Ce que je retiens c’est d’abord le titre de Champion de Grèce en 2017, mais aussi les derbys contre le Panathinaïkos, et la campagne de Ligue des Champions l’année dernière. C’est quelque chose de jouer contre le Barça de Messi au Camp Nou, et la Juventus de Buffon. Je suis très content de mes deux années en Grèce, j’avais même prolongé de deux ans, tellement je me plaisais à l’Olympiakos.
Donc ton départ cet été n’était pas du tout prévu ? Pas du tout. J’étais sûr de rester à l’Olympiakos, c’était clair dans ma tête. Tout a basculé assez rapidement. Reims est venu sonner à ma porte. Dans la vie on peut toujours discuter donc je les ai écoutés et je me suis dit pourquoi pas. Finalement on s’est mis d’accord assez vite.
Ils ont dû être persuasifs pour que tu préfères jouer le maintien en Ligue 1 plutôt que la Ligue Europa avec l’Olympiakos…Vu comme ça… Mais il n’y a pas que ça, c’est un tout. Déjà, revenir en France ça a beaucoup pesé dans la balance. Le titre de Champion du monde m’a donné envie de revenir. Puis quand Reims m’a appelé j’ai vu qu’il y avait un beau projet et que le challenge valait le coup, je devais en faire partie. Le club est plein d’ambitions, et c’est un club historique, prestigieux, qui a de superbes infrastructures et qui joue en Ligue 1. Ce n’est pas rien de porter le maillot du Stade de Reims, même si cette année, on est un promu qui va jouer le maintien.
Tu as expliqué avoir suivi la saison de Reims l’an passé en Ligue 2.J’ai vu quelques matchs oui, et c’est qui m’a plu c’est la solidarité de l’équipe. C’est un groupe costaud, solidaire et solide : je m’y retrouve bien. L’année dernière ils ont maitrisé le championnat, chapeau à eux, parce que la Ligue 2 c’est très dur.
Kossi Agassa, lui aussi togolais, a longtemps été un monument du Stade de Reims. Je l’ai appelé pour lui dire mais il était déjà au courant des négociations. Il m’a dit que du bien du club évidemment, mais je lui ai posé quelques questions par rapport au fonctionnement du club, aux rapports avec le président, aux infrastructures… Il m’a donné de précieux renseignements. Il a bien joué son rôle.
Après trois saisons à Marseille, et deux au Pirée, deux des clubs les plus bouillants d’Europe, tu reviens dans un cadre plus calme et apaisé. C’est ce que tu voulais ?Non non pas spécialement. Au contraire, on veut jouer dans ce genre d’ambiance. L’Olympiakos c’était aussi fou que l’OM dans les tribunes, mais justement c’est aussi ce qui m’a donné envie de revenir en France : retrouver les stades français à Marseille, Paris, Saint-Etienne…
A Marseille et l’Olympiakos, tu jouais le haut du tableau, la C1. Là tu reviens à un objectif plus modeste, le maintien. C’est moins de pression ?C’est plus de pression, sans hésitation. J’ai connu ça il y a dix ans avec Grenoble, et je sais ce que c’est que de jouer le maintien : la pression est là, tous les jours, tout le temps. C’est plus dur à gérer que de jouer le haut du tableau, parce qu’on a une responsabilité vis à vis des employés du club. Ca peut paraître moins excitant que de joueur le podium, mais c’est tout aussi dur, si ce n’est plus.
Justement quand on passe par Marseille, on est gravé à vie. Tu as quitté un OM en piteux état il y a deux ans, le club a pas mal changé depuis. On suit toujours l’OM, Marseille ne te quitte pas. Dès que je peux, je les regarde. La nouvelle direction fait du très bon travail, c’est très bon pour le club et la ville. En un an et demi, ils ont ravivé la ferveur. A court terme, ils ont déjà réussi leur pari. Et tous les ingrédients sont réunis pour que ça fonctionne aussi à long terme. Ils font les choses intelligemment, et c’est de bon augure pour tout le championnat français.
Qu’est-ce qui t’impressionne le plus dans le nouvel OM ? L’engouement des gens, c’est incroyable. C’est similaire à l’année qu’on a connue avec Bielsa. Même plus, parce qu’il y a eu une finale de coupe d’Europe. Ça fait plaisir de voir toute la ville de nouveau unie derrière son club.
Tu l’avais quitté en situation d’échec à l’OM, deux ans après, Thauvin est le patron. Surpris ? Absolument pas. A l’époque, les gens parlaient sans le connaître, et lui était encore un peu jeune et tendre. Les qualités, il les a toujours eues. Ce qui a changé, c’est qu’il est en confiance. Un autre qui ne m’étonne pas, c’est Maxime Lopez. Il était déjà impressionnant à l’époque, et il confirme aujourd’hui.
Le retour au Vélodrome, ce sera début décembre. C’est une date cochée dans le calendrier.
Vu de l’Olympiakos, on en pense quoi de Mitroglou à l’OM ?Je ne pouvais pas lire les journaux (rires) donc je ne sais pas trop, mais dans le vestiaire de l’Olympiakos, les joueurs n’étaient pas trop inquiets pour lui. On me demandait comment ça se passait pour lui, j’essayais de leur expliquer le contexte marseillais etc.
Avec tes centaines de matchs pro, du haut de tes 34 ans, on te colle d’office l’étiquette de patron du Stade de Reims. Ca te va ? Je sais pourquoi le club m’a appelé. J’ai une solide expérience, j’arrive dans un groupe assez jeune, donc forcément je dois les aider. Mais après je ne me mets pas plus de pression que ça, je connais mon métier, je sais ce que je dois faire sur le terrain. Si je le fais bien, après je pourrais dépasser mes fonctions. Mais dans la logique oui, je pense pouvoir l’être, même si il faut déjà faire ses preuves sur le terrain. Et brassard ou pas, je me comporterais comme je l’ai toujours fait. C’est mon jeu, ma personnalité.
Reims a tout de même perdu ses deux meilleurs joueurs : Diego Rigonato et Jordan Siebatcheu…C’est normal que les gens s’inquiètent, mais Reims ce n’est pas seulement deux joueurs. Au contraire, tout le monde a loué l’état d’esprit et le collectif du groupe la saison dernière. Pourquoi ça changerait ? On va continuer dans ce sens là, malgré les départs.
A deux reprises, en 2008-09 et 2011-12, tu as été le joueur qui a commis le plus de fautes en Ligue 1, ce qui peut devenir un handicap. Tu es toujours aussi rugueux ?Je me suis un peu assagi, mais j’ai toujours ce tempérament fougueux. Je peux partir en cacahuètes par moment, mais c’est comme ça c’est ma personnalité je ne peux pas la changer, même si j’arrive à mieux me maîtriser. Il faut quelqu’un de rugueux dans une équipe, ça fait du bien à tout le monde. Ce quelqu’un, c’est souvent moi…
A part le maintien et potentiellement la CAN, c’est quoi l’objectif de la saison ?C’est de faire le plus de matchs possible, de prendre du plaisir et de profiter de chaque instant.
Tu parles comme quelqu’un qui voit la retraite arriver… J’ai 34 ans, je suis plus proche de la fin que du début. On ne sait pas ce qui peut se passer. J’ai quelques idées de reconversion mais je préfère ne pas en parler pour le moment, histoire de rester focalisé sur le terrain. Tant que le corps suit…
En vrai, « Romao » , ça n’a vraiment rien à voir avec le Brésil ? Ca sonne brésilien, comme mon jeu en fait, non ? (Rires). C’est plus portugais que brésilien d’après mes origines, mais dans le jeu je me sens plus brésilien. Le problème c’est que je ne le montre pas trop…
Propos recueillis par Adrien Hémard, à Reims