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Alain Roche : « J’adore les challenges, tenter de faire changer les choses »

Propos recueillis par Mathias Edwards
Alain Roche : « J’adore les challenges, tenter de faire changer les choses »

Trente-cinq ans après avoir commencé sa carrière de joueur professionnel aux Girondins, et dix-huit ans après l'avoir bouclée, toujours avec les Marine et Blanc, Alain Roche est de retour à Bordeaux, cette fois-ci dans le costume de directeur sportif. Depuis sa nomination, le 10 août dernier, entre réunions, consultations et sollicitations, c'est peu dire que l'ancien défenseur est occupé. Mais heureusement, le Briviste cause comme une mitraillette. Entretien serré entre deux rendez-vous, avec un homme de défis. Ce qui tombe bien, vu la situation au Haillan.

Vous avez été nommé directeur sportif des Girondins de Bordeaux le 10 août dernier, 17 jours après le licenciement de votre prédécesseur, Eduardo Macia. Pourquoi cela a mis autant de temps à se faire ?Il y a eu beaucoup d’entretiens entre le club et les actionnaires, pour déterminer si j’étais la personne qui convenait aux investisseurs, tout simplement.

Ce qui m’a décidé, ce sont les discussions que j’ai eues avec le président du club et l’actionnaire, par rapport au projet et surtout la situation interne. J’ai jugé que le challenge ne serait pas facile à relever, mais que ça allait être très intéressant.

Frédéric Longuépée avait fait de vous sa priorité…(Il coupe.) Je n’en sais rien ! Il y avait d’autres candidats.

Cela a été difficile de vous convaincre de venir à Bordeaux ?J’ai beaucoup réfléchi à la situation du club, et à si j’avais envie de retravailler dans le football dans un tel contexte, c’est vrai. Mais j’avais très envie de replonger.

Vous êtes proche de Thomas Jacquemier, le directeur administratif et financier des Girondins, que vous avez connu au PSG. C’est un paramètre qui vous a convaincu de travailler à Bordeaux ?Non, ce qui m’a décidé, ce sont les discussions que j’ai eues avec le président du club et l’actionnaire, par rapport au projet et surtout la situation interne. J’ai jugé que le challenge ne serait pas facile à relever, mais que ça allait être très intéressant. Et puis, c’est quand même Bordeaux, pas n’importe quel club. C’est ici que j’ai commencé et terminé ma carrière de joueur, ma famille est ici… L’envie de replonger dans le football trottait dans ma tête depuis bien longtemps, et quand une opportunité comme celle-ci se présente, il faut savoir la saisir. Mais il m’a fallu réfléchir un peu quand même parce que je connais un peu le boulot et toutes les conséquences qu’il peut engendrer, pour l’avoir vécu à Paris.

Vous étiez conscient de rejoindre un club en crise. Cela ne vous a pas fait peur ?Non. Parce que je me suis dit que si le club n’avait pas été dans cet état, il ne serait probablement pas venu me chercher. J’adore les challenges, être là où on ne m’attend pas, et tenter de faire changer les choses. Et c’était important qu’on me confie l’ensemble de la direction sportive, pas seulement les pros. Je voulais aussi m’occuper des jeunes, parce que j’avais pris beaucoup de plaisir à le faire à Paris.

On a tous envie de recruter de bons joueurs, mais nos moyens font qu’on ne pourra pas les avoir tout de suite, mais peut-être dans les dernières semaines du mercato.

Une période d’austérité se met en place à Bordeaux. Dans ces conditions, quelles sont les capacités requises pour un directeur sportif ? Savoir bien vendre certains joueurs ? Être malin pour recruter sans budget ?Un peu des deux. Il faut être réactif, avoir de bonnes relations avec son entraîneur pour avoir les mêmes idées sur les joueurs. Il faut également que je découvre la cellule de recrutement. Surtout, il va falloir être attentif à ce qu’il se passera sur le marché, quand les grands clubs vont commencer à dégainer le carnet de chèques et libérer de l’argent pour les autres. On travaille pour être prêts à réagir dès qu’il le faudra.

D’accord, mais comment faites-vous pour travailler sans budget pour recruter ?On reste attentifs aux joueurs qui peuvent être en difficulté dans certains clubs, mais qui ne seront pas vendus. On attend également la possibilité de réaliser de bonnes ventes, qui nous permettront de faire des achats. On a tous envie de recruter de bons joueurs, mais nos moyens font qu’on ne pourra pas les avoir tout de suite, mais peut-être dans les dernières semaines du mercato. D’ailleurs, le mercato ne devrait durer que 15 jours, vu que de toutes manières, tout se passe lors des deux dernières semaines. (Il rit.)

Vous ne cherchez donc pas à vous renforcer qu’avec des joueurs prêtés ou libres ?Non. Les joueurs libres, ils ont déjà signé ailleurs, donc ils ne le sont plus. Nous verrons selon les opportunités pour acheter. On verra ! C’est difficile de parler actuellement, le marché est atone, chacun gère son budget comme il le peut et comme il l’entend. Je vous dis cela maintenant, mais si cela se trouve, la semaine prochaine, j’aurai un peu plus d’argent que prévu.

Est-il exact que vous avez passé une partie de la semaine à discuter avec les agents de tous les joueurs de l’effectif ?Oui, c’est normal de connaître les personnes avec qui travaillent nos joueurs. Il fallait que je me présente, même si j’ai déjà travaillé avec une partie d’entre elles. Certains agents débutaient lorsque je travaillais pour le PSG, c’est amusant de les revoir maintenant qu’ils sont aguerris.

Avec 48 joueurs professionnels sous contrat, cela a dû vous prendre du temps…Oui, surtout que parmi eux, il y a beaucoup de jeunes joueurs. Il fallait que je connaisse leur historique, comment ils sont arrivés aux Girondins… C’est toujours important de connaître le contexte.

Vous savez pourquoi le club a fait signer pro autant de joueurs du centre de formation, en fin de saison dernière ?Non. J’imagine que c’était pour les bloquer, de peur de se les faire piquer…

Concernant l’équipe première, quels sont les postes que vous souhaitez renforcer ?Cela dépendra des départs. Nous avons des joueurs qui arrivent en fin de contrat et qui peuvent nous échapper au dernier moment.

On ne fera pas n’importe quoi, on ne vendra pas pour vendre et se mettre en danger sportivement.

Sur quels réseaux vous appuyez-vous ?Ne vous inquiétez pas pour moi ! J’ai gardé des relations avec pas mal d’agents. L’entraîneur a également beaucoup de connaissances, il y a une cellule de recrutement qui travaille. En plus, si vous saviez le nombre de coups de téléphone d’agents que j’ai reçus… Ils m’envoient des listes de joueurs, parmi lesquelles je dois faire le tri. Le réseau, ce n’est vraiment pas ce qui doit vous inquiéter le plus.

Vous avez la réputation de posséder un réseau très « Ligue 1 » . Vous comptez dessus ?Bien sûr, parce que ce sont des joueurs qu’on connaît. Mais je compte aussi sur la cellule de recrutement pour me proposer des joueurs en devenir qui évoluent dans d’autres pays. Si on perd des joueurs, il faut avoir la garantie que ceux qui arriveront seront compétitifs tout de suite.

Vous avez identifié les joueurs dont Bordeaux doit se séparer ?Non.

Tous les joueurs de l’effectif pro des Girondins sont à vendre ?On ne fera pas n’importe quoi, on ne vendra pas pour vendre et se mettre en danger sportivement.

Mais il n’y a aucun joueur invendable ?Si, mais je ne vous dirai pas lesquels.

Qu’avez-vous dit aux supporters, lorsque vous avez discuté avec eux après votre conférence de presse ?Je les ai surtout écoutés et cela s’est très bien passé, je n’ai aucun souci avec eux. Ils nous ont parlé de l’historique entre les dirigeants et eux. L’important, c’est que les joueurs puissent évoluer dans un climat apaisé.

Vous comprenez le conflit qui oppose les Ultramarines à Frédéric Longuépée ?J’écoute les revendications des uns et des autres, mais je n’ai pas à comprendre qui que ce soit. De toute façon, chacun campe sur ses positions.

Concernant mon bilan au PSG, j’en ai beaucoup voulu aux journalistes, car ils n’ont pas mené les investigations qu’il fallait. Et ça fait mal, parce que les gens ont fini par croire que j’étais nul.

Depuis que votre nom est sorti pour occuper le poste de directeur sportif des Girondins, beaucoup de gens citent votre bilan de directeur du recrutement du PSG, en ne parlant que de vos échecs. Cela vous énerve ?Je commence à être habitué, on ne me parle que de ça. Je n’ai pas à me justifier sur tous les joueurs qui sont passés au PSG pendant que j’étais en fonction. Mais il suffit de se renseigner un peu pour se rendre compte que je ne suis pas responsable de tout ce qu’il s’est passé à cette époque. Ou alors, si je suis responsable de tout, je le suis également en ce qui concerne les réussites. Vous savez, lorsqu’il y a 8 présidents et 7 entraîneurs qui se succèdent en 9 ans, il y a les joueurs du président, les joueurs du conseiller du président, ceux de l’entraîneur… Et au milieu de ça, il y a quand même des joueurs de la cellule de recrutement. Voilà. Mais quand ça ne va pas, c’est toujours la faute du directeur du recrutement. Mais j’ai toujours assumé, contrairement à certains dirigeants et entraîneurs. Et c’est agaçant. J’en ai beaucoup voulu aux journalistes, car ils n’ont pas mené les investigations qu’il fallait. Et ça fait mal, parce que les gens ont fini par croire que j’étais nul. Ça fait mal, quand vos gosses se font chambrer à l’école. Si on m’attribue des erreurs, qu’on me parle aussi des réussites, parce qu’il y en a un paquet.

Parlez-nous de vos réussites, alors…Cela se mesure surtout en fonction de l’argent investi. Marcos Ceará a coûté 2 millions d’euros, ce qui n’est rien, Christophe Jallet est une totale réussite en matière de progression, on a récupéré Guillaume Hoarau libre… Il y a aussi eu Mario Yepes, Sylvain Armand, on peut ajouter Ludovic Giuly, Claude Makélélé et Nenê, mais je ne me sens pas responsable de toutes ces arrivées, parce qu’il y a aussi le discours de l’entraîneur qui peut attirer le joueur, le club qui va mettre l’argent sur la table… C’est un tout. Ce qui était embêtant, c’est qu’on me colle sur le dos les arrivées d’Everton, Souza et Ateba. Ateba, je ne suis même pas sûr que j’étais déjà au PSG lorsqu’il est arrivé. Si on part de ce principe, on peut aussi dire que j’ai fait venir Pauleta parce qu’on a joué ensemble à Bordeaux. Valdo a dit ouvertement, sur un plateau de télévision, que c’était lui qui avait fait venir Everton et Souza, mais on continue à dire que c’était moi. Après, peut-être qu’on préfère charger Alain Roche plutôt que Valdo…

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