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Alain Caveglia: « Lyon, la plus belle période de ma carrière »
« Cavegoal », c’est 104 buts dans les années 90 en Ligue 1. Aujourd’hui directeur sportif à Caen, l’ancienne idole de Bonal, Deschaseaux et Gerland sort la boîte à souvenirs mais parle aussi du présent et de la saison de Ligue 2 du Stade Malherbe.
Si vous étiez né dans le VIe arrondissement de Lyon ou dans les coins sympa des Monts d’Or et non au milieu des tours des Minguettes, auriez-vous eu le même parcours ?Non, c’est une vraie école. J’ai pris des claques quand j’étais plus jeune là-bas. Quand on en prend une, croyez-moi qu’on apprend à ne pas tendre l’autre joue. Le fait d’avoir vécu aux Minguettes a fait que j’ai pu rebondir à chaque fois, en me remettant toujours en question.
Vous avez fait le bonheur de nombreux supporters à Sochaux, Lyon ou au Havre. Pourtant, quand vous choisissez en 1987 de redescendre d’un cran pour rejoindre Gueugnon, un club amateur de D2, vous en êtes encore loin. Il n’y a jamais eu de doutes ?Non, on se dit juste qu’il faut travailler pour arriver à son ambition. Comme vous l’avez dit, Gueugnon était alors un club amateur, donc avait droit à des mutations. J’étais le plus jeune, donc ça a quelque peu ralenti ma progression. Mais à partir de là, une fois au club, je savais que j’allais y arriver. Ça a mis du temps, mais…
Vous commencez ensuite à vous faire un nom à Sochaux, puis au Havre, club que vous rejoignez alors que vous aviez eu des opportunités plus alléchantes. Tout ça pour « ne pas être sur le banc et jouer » . C’est la réalité ? Oui, j’avais des bons clubs français et étrangers qui me sollicitaient. Mais d’une, je voulais travailler avec Guy David. Et de deux, je voulais jouer. Lui me proposait une place de titulaire au poste que j’affectionnais pour que je progresse. Je ne me suis pas trompé dans mon choix car je marque 21 buts cette saison-là, je deviens international A’ et je côtoie de grands joueurs et une superbe génération, celle des Revault, Bertin, Dhorasoo, Ba ou Brando. Cette année-là, on est demi-finalistes de la Coupe de la Ligue et quart-de-finaliste de la Coupe de France, où nous sommes éliminés à chaque fois par le PSG. Donc c’est vrai que j’ai adhéré à son discours dans le but de devenir un bon joueur de L1. En partant dans un club huppé, je n’aurais peut-être pas eu cette trajectoire.
Quand M’Baye Niang part de Caen pour l’AC Milan avec à peine une saison dans les pattes, j’imagine que ça vous met hors de vous, non ?Ça ne met pas hors de moi, non. C’est un choix, son choix. Mais je ne l’aurais pas fait, c’est trop précoce.
Vient ensuite la période OL. Est-ce le moment le plus faste de votre carrière ?Bien sûr, c’est la plus heureuse, la plus épanouie. C’est aussi là où j’étais au top dans ma carrière. En plus, je me rapprochais de ma famille ou de mes proches. C’est toujours difficile de revenir dans sa ville d’origine. Mais personnellement, ça m’a boosté. Je ne voulais pas louper ce retour. Tout petit, j’allais déjà à Gerland. C’est la plus belle période de ma vie de footballeur, avec des matchs de Coupe d’Europe, des chocs de haut de tableau, le brassard de capitaine…
« Le regret, c’est de n’avoir jamais été sélectionné en équipe de France »
Vous êtes poussé dehors en décembre 1999 par la concurrence de Vairelles et Anderson. Ce départ reste-t-il comme votre plus mauvais souvenir ?C’est la plus grosse claque. Je n’ai qu’un seul gros regret dans ma carrière, c’est de n’avoir jamais été sélectionné en équipe de France A. Je n’en veux à personne, devenir pro était déjà quelque chose de fort en soi. Comme un rêve qui devenait réalité. Mais derrière, oui, il y a ce départ. Ensuite, je fais six mois à Nantes, où je gagne mon seul trophée et la Coupe de France. Mais je n’étais pas bon là-bas. Pas à cause de Nantes, mais parce que je n’étais pas là. J’ai eu du mal à me relever.
Vous finissez ensuite au début des années 2000 au Havre. En quoi le football a le plus changé entre le début et la fin de votre carrière ?Déjà, le foot va plus vite, les athlètes sont beaucoup mieux préparés. À Gueugnon, la structure amateur ne permettait que des entraînements le soir. Le football a évolué depuis, aussi bien au niveau des acteurs que des personnes. On a pu le voir depuis la Coupe du monde 98.
Y-a-t-il un souvenir qui se détache durant toutes ces années ?Non, il y en a plusieurs. Quand vous avez la chance que votre rêve de gosse devienne réalité, il y a forcément beaucoup de bons souvenirs. J’en ai partout où je suis passé. J’en ai beaucoup avec Lyon, mon club de cœur. Mais dans les autres aussi. Les matchs de Coupe d’Europe à Gerland, le match de la montée avec le Havre, qui est aussi mon avant-dernier dans ma carrière, la finale de coupe avec Nantes contre Calais, le premier match en pro avec Gueugnon, le premier match en D1 avec Sochaux, la naissance de mes enfants aussi, il y a plein de choses.
Est-ce qu’il y a un but en particulier que vous avez adoré marquer ?Ah oui, le but marqué au Havre contre Sainté et Greg Coupet dans la cage (NDLR : victoire du Havre 2-0 avec un doublé de Caveglia, le 1er février 1995). Je reçois une longue passe de Vikash Dhorasoo. J’enchaîne ensuite avec un amorti poitrine et une frappe des 25 mètres. C’est le plus beau.
« Caen ? Je me reconnais dans ce club, dans ses valeurs »
Comme précisé plus haut, vous êtes depuis 2011 le directeur sportif du Stade Malherbe de Caen, alors que vous n’y avez jamais joué. Comment cela s’est fait ?Par le biais du président Fortin que je connais depuis longtemps. Quand j’étais joueur, il avait essayé à trois reprises de me faire venir. Mais ça s’est fait aussi par des valeurs humaines et des personnes que sont le président évidemment, mais aussi Franck Dumas et Patrice Garande. Avec Patrice, nous étions tous les deux ensemble à Sochaux. Franck fait partie de ma génération. Quand je suis devenu agent de joueurs, pendant neuf ans, j’ai placé des joueurs à Caen et ça s’est toujours bien passé. Donc même si je n’ai pas joué la bas, je me reconnais dans ce club, dans ses valeurs.
On ne vous a rien proposé dans les clubs ou vous aviez réussi, comme Sochaux, Lyon ou Le Havre ?Non, non, j’avais essayé une reconversion à Lyon, mais qui n’a rien donné. Après, j’ai été neuf ans agent de joueurs et eu quelques appels du pied. Mais je n’avais pas passé le cap.
Du coup, quelles sont vos fonctions au quotidien ?
Je m’occupe de la cellule de recrutement pour le centre de formation et pour les pros, en concertation bien évidemment. Je m’occupe aussi de la politique du club et je suis toujours en lien avec le président Fortin et le coach.
Au vu des résultats actuels, peut-on parler de transition réussie entre Franck Dumas et Patrice Garande ?Oui, c’est vrai que le départ de Franck a pesé et constitué un manque. Il y a eu des décisions de prises. Je crois que le relais s’est bien passé. On partait pourtant dans l’inconnu par rapport aux départs, qui ont été nombreux, et aux arrivées. Je pense qu’on peut dire aujourd’hui que la mayonnaise a pris.
« Pour un prétendant à la montée, perdre autant à domicile, ça fait un peu désordre »
Prendre 24 points récoltés en quatorze journées, est-ce conforme à vos attentes ?On ne s’était pas mis un plan de jeu ou de points. Au départ, nous étions dans l’inconnu avec les douze ou treize départs et les huit arrivées enregistrées. On a connu des matchs amicaux très moyens en plus. Mais dès le début de saison à Ajaccio, on a pu voir le groupe bien parti. Il s’est passé quelque chose. Au niveau des points, même si on garde l’ambition de remonter, on ne voulait pas trop se fixer de barre car on partait un peu à l’aveugle, même si on savait qu’on avait fait un bon recrutement. Aujourd’hui, c’est vrai qu’on est satisfaits de ce début de championnat malgré les trois défaites à domicile.
Reste une interrogation toutefois sur le début de saison : Caen est meilleur lorsqu’il joue à l’extérieur. Pourquoi ?On ne sait du tout, si on avait une explication… On reste sur trois défaites à domicile. Bon, le derby gagné contre le Havre (2-0), après un bon match, nous a montré qu’il y avait du mieux. Nous sommes dans de meilleures dispositions. Mais le premier match contre Le Mans, on doit gagner, on tombe sur un très bon gardien. Il n’y a guère que contre Guingamp où nous avons été en dessous. On aurait pu tout autant gagner ou faire le nul face au Mans et à Tours. Mais on s’est fait contrer. Un recadrage ? Oui, pour un prétendant à la montée, perdre autant à domicile, ça fait un peu désordre.
Propos recueillis par Arnaud Clement