- Ligue 1
- 5e journée
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Alain Casanova, profil discret
Il est sans doute le coach de Ligue 1 le moins connu, le moins envié. Pourtant, il est l'un des plus anciens en poste. Mieux, ses résultats sont bons. Et lui se défend d'avoir des idées sur le jeu.
Lorsque les coachs starisés de ce nouveau millénaire renouvellent le genre en étant polyglottes, bien habillés et soignés, prennent des poses cinématographiques en conférence de presse et un air gravissime pour parler de leur choix au poste d’arrière gauche, avec des allures très politiciennes, la Ligue 1 conserve son quota de coachs old school fringués en casquette-survet. Guy Roux incarnait ce modèle dépassé, cette figure obsolète, mais il a aujourd’hui encore la peau dure. Loin des costards Armani et des doudounes Moncler, Elie Baup n’est pas le seul à laisser la Ligue 1 dans une identité visuelle très nineties. Juste derrière lui, au classement, se situe Alain Casanova, pas forcément à l’aise avec les médias, plus le genre à enterrer la polémique mort-née qu’à la relancer, ni le genre à tirer la couverture. Les plans de carrière, très peu pour lui. Le haut de l’affiche, les projecteurs, très bien pour les autres. La discrétion toulousaine lui va bien.
Un projet de jeu
Quand Rudi Garcia raconte avoir des idées sur le jeu, on veut bien le croire. Quand Alain Casanova s’y risque, il est moqué. ¨Pourtant il se refuse catégoriquement à dire que Toulouse ne fait que défendre. « Les Espagnols ont une autre approche, encore plus basée sur la technique, la passe, alors que nous sommes sur la récupération du ballon, l’engagement, le duel. La première idée, ici, c’est de bien défendre. En Espagne, c’est de bien jouer pour gagner. Au TFC, on a revu pas mal de choses à ce niveau. Notre formation est désormais totalement différente de ce qui se fait en France. Pour être performants, avoir des résultats, aller au bout de notre formation, nous débutons dès l’école de football, avec la même idée, une méthodologie basée sur le technico-tactique. Nous sommes un des rares clubs à ne pas effectuer de travail athlétique, mais plutôt du jeu, des exercices techniques ou tactiques. Les principes et la méthode sont les mêmes pour toutes les équipes, des débutants aux pros » envoyait-il dans La Dépêche début septembre. Si au premier abord, cette posture n’est pas prise au sérieux, à y regarder de près, elle n’est pas si infondée que ça. Contrairement aux apparences, Toulouse n’est pas une équipe qui balance vulgairement. Ni une équipe qui attend pour jouer le contre.
La réalité du TFC se situe ailleurs, entre une ambition pas encore réalisable et le principe de réalité. Pour se maintenir, le 9ème budget de Ligue 1 doit avant tout tenir la route défensivement. La Ligue 1 n’est pas encore un championnat ouvert où les attaques prennent le pas sur les défenses et permettent de jouer durablement le haut du tableau. Alors, le TFC essaie de construire mais se limite, pour assurer l’essentiel. Le paradoxe toulousain est là. A l’époque de Gignac, le projet était limpide : un bloc – un buteur. Après son départ, sans pointe fiable, il a fallu recalibrer l’idée tactique pour une construction plus étayée : remontée de balle, jeu dans les pieds, jeu dans les petits espaces autour de Didot et Capoue. Le TFC faisait ces efforts, mais la possession était souvent très stérile. L’an dernier, quelques légers progrès ont été entrevus. Et cette année se présente sous les mêmes auspices. Alain Casanova se refuse encore à trop prendre de risques, car il juge son équipe pas encore prête. Mais quand d’autres clubs formateurs comme Nantes ou Auxerre sont en Ligue 2, Toulouse, – et son centre de formation, l’un des tout meilleurs de l’Hexagone -, est l’un des clubs pérennes du premier tiers du classement. Contre le PSG, le discours tenu en conférence de presse est connu : « La première idée sera de très bien défendre. » Oui, mais pas que : « Bordeaux ou Lorient l’ont montré, mais y aller uniquement pour défendre, c’est subir et à un moment ou un autre, leur talent fera la différence. » Il faudra oser, aussi.
Antoine Mestres