- France
- Paris Saint-Germain
Al-Hilal-Mbappé, l’offre de l’indécence
Kylian Mbappé pourrait bien s'envoler pour l'Arabie saoudite avec un salaire de 700 millions par an à la clé... Une preuve, s'il en fallait encore une, que le football marche sur la tête. Jean-Michel Moralisateur a un coup de gueule à pousser.
Cet été est bien celui des Saoudiens. Ils rachètent tout ce qui tape dans un ballon ! Mais là, ils pourraient bien aller trop loin. Comment ne pas ressentir une profonde injustice lorsqu’un matin, après quelques minutes sur ce fléau qu’on appelle « réseaux sociaux » – qui n’ont rien de sociaux –, on peut lire qu’un club de foot propose un milliard d’euros pour faire venir un être humain ! Le monde ne tourne vraiment pas rond, et le football circus marche sur la tête. Il paraît que le club d’Al-Hilal voudrait profiter de la discorde entre Kylian Mbappé et le Paris Saint-Germain pour faire venir le petit prodige français. Le fleuron de la nation. La fierté des nôtres. 300 millions pour l’arracher au PSG, et un contrat valant 700 millions sur un an.
Le pognon et la honte
À l’heure où la France se déchire en deux, cette offre mirobolante est écœurante. Dégueulasse. Excusez le langage, mais il faut bien s’adapter au grossier de la situation. À l’époque, jouer au foot n’était pas une question d’argent. Michel Platini jouait pour des clopinettes, et Marius Trésor s’excusait presque au moment de toucher son chèque. 700 millions pour courir en short derrière un ballon… Demandez à « Justo » s’il se préoccupait de la somme qui était versée sur son compte en banque à la fin du mois ! Il ne vous répondra pas parce qu’il est décédé, mais soyez sûrs que la passion l’emportait sur le reste. N’y aurait-il pas une meilleure manière d’utiliser ce colossal pécule ? La faim dans le monde, la pauvreté, les enfants soldats, la cagnotte pour les parents du petit Émile, l’accès aux soins… Ce sont quelques exemples de causes où il semble plus judicieux d’investir plutôt que pour attirer un bonhomme, aussi talentueux soit-il, qui tape dans une balle.
De toute façon, il paraît inimaginable que notre Kyky national – Kyks comme disent les jeunes – puisse accepter une telle offre. C’est le digne représentant de notre majestueux pays, lui, le capitaine des Bleus. Il a trop conscience de l’image qu’il renvoie ! Après les mois de polémiques qui viennent de chambouler notre existence, accepter cette offre remettrait de l’huile sur le feu et pourrait définitivement acter le divorce entre ces deux France qui ne se parlent plus. 700 millions par an, ça fait un SMIC par minute. En tout cas, un SMIC français, parce que le montant du SMIC saoudien doit sans doute être très élevé. Des millions de personnes viennent de défiler dans la rue parce qu’on leur demande de travailler plus, et il faudrait trouver normal qu’un de nos compatriotes encaisse l’équivalent du PIB d’un État océanien. Comme le Samoa ou les Tongas, qui vont bientôt nous régaler avec leur haka si caractéristique lors du prochain Mondial du rugby…
La Maison-Blanche l’attend…
Et puis, Kylian pense forcément aux millions d’enfants français qui s’endorment tous les soirs en rêvant de devenir comme lui. La blessure que ces bambins pourraient ressentir au moment de voir leur idole rejoindre ce football corrompu par l’argent et intoxiqué par les stars sans foi ni loi est inimaginable. Quelle chance nous avons de voir ce génie fouler nos belles pelouses chaque week-end, devant un public souvent très enthousiaste. Acclamé partout où il passe, il ne doit pas s’enfuir dans ce championnat artificiel, monté à grands coups de pétrodollars. Enfin, comment ne pas attendre une offre du Real ? La Maison-Blanche, cette véritable institution du football mondial. Tous les meilleurs Français y sont passés… Lucien Muller, Raymond Kopa, Zinédine Zidane, Raphaël Varane, Julien Faubert, Karim Benzema, même si son côté « bling-bling » est plus que dérangeant. Kylian est fait pour ce club, le plus grand de la planète, assurément. À Madrid aussi, il empochera un salaire pharaonique. Mais au moins, il y montrera que ce qu’il privilégie, c’est le sportif. Comme lorsqu’il avait décidé de prolonger à Paris pour être le premier à ramener la Coupe aux grandes oreilles dans la capitale ! Il n’est pas trop tard pour prendre la bonne décision.
Par Jean-Michel Moralisateur