- C1
- 8es
- Ajax-Real Madrid (1-2)
Ajax-Real : une leçon de cynisme
La Johan Cruyff ArenA a été mercredi soir le théâtre d'un scénario bien connu des amateurs de ballon rond. Une Ajax Amsterdam séduisante et emballante n'a finalement pas été assez méchante pour faire tomber le Real Madrid. Et, une fois de plus, le triple champion d'Europe en titre a sorti la carte du cynisme pour boucler positivement ce huitième de finale aller.
Les premières fois peuvent parfois être désagréables. Hakim Ziyech aurait pu avoir une grosse banane après avoir planté le premier but de sa carrière en Ligue des champions. Mais l’Ajax a perdu. Plus tôt dans la rencontre, la VAR aurait pu valider le pion de Tagliafico et laisser la Johan Cruyff ArenA dans son ivresse. Mais Damir Skomina, l’arbitre de la partie, a dit non. Comme si le résultat final était déjà écrit, comme si c’était une évidence pour tout le monde. Pourquoi ? Tout simplement parce que le deuxième d’Eredivisie avait en face le Real Madrid, triple tenant du titre et toujours prêt à dégainer son traditionnel cynisme pour faire pleurer les plus faibles. Le message envoyé : tant pis pour vous, les plus forts finissent toujours (ou presque) par triompher. Le football est un sport cruel, rien de nouveau sous la nuit étoilée d’Amsterdam.
Trop bons, trop cons
Les regrets seront énormes dans les heures à venir pour les ouailles d’Erik ten Hag. Dans les jours à venir, même. Devant la télévision, tout spectateur neutre a pu tomber sous le charme d’une bande de jeunes mecs pleins d’enthousiasme dans leur costume rouge et blanc. Dans le jeu, l’équipe néerlandaise a été à la hauteur de l’événement, au point de sérieusement bousculer le roi Madrid. Beaucoup d’intensité, un pressing dingo, des beaux mouvements et une ribambelle de pépites détonantes, qui ne devraient pas faire de vieux os chez les Lanciers, à l’image de Frenkie de Jong, le futur joyau du Barça. Le bilan chiffré ? Une égalité parfaite à la possession, dix-neuf frappes, sept cadrées, un poteau touché et une vingtaine de dribbles tentés. Mais alors, comment l’Ajax a-t-il bien pu laisser le Real le dompter au tableau d’affichage ? Demandez aux adversaires du triple champion d’Europe ces trois dernières années.
Au Real Madrid, le cynisme est contagieux, et la naïveté n’est pas acceptée. Le scénario s’est répété, encore et encore, ces trois dernières années. Plusieurs fois, les Merengues se sont retrouvés dans des situations délicates, ils ont été malmenés, voire même baladés. Et alors ? Même sans les exploits individuels de Cristiano Ronaldo, cette équipe trouvera toujours le moyen de faire comprendre à son adversaire qu’elle est à part. Il fallait bien un peu d’ironie du sort dans cette soirée. Alors, la bête néerlandaise s’est d’abord fait crucifier par sa marque de fabrique : la jeunesse florissante. Au milieu des expérimentés madrilènes, Vinícius Júnior s’est chargé de réveiller ses copains en mettant la pagaille dans la défense des Ajacides pour offrir le premier but de Benzema. Puis, c’est Asensio (23 ans) qui est venu planter la deuxième banderille. Dommage, vraiment dommage. Car il est difficile après une telle rencontre de ne pas retenir la performance de l’Ajax, comme l’a confirmé Ten Hag après la défaite : « Je suis bien sûr super déçu, mais aussi très fier de cette équipe. On a fait une prestation fantastique, qui malheureusement n’a pas été récompensée. » C’est vrai, qui n’a pas envie de revoir ces joyeux drilles venir réciter leur partition à Santiago-Bernabéu ? Mais dans trois semaines, il ne sera plus seulement question d’enthousiasme et de mouvements séduisants, mais de qualification. Et à ce petit jeu, le Real Madrid est le plus fort.
Par Clément Gavard