- C3
- 16es
- Ajax-LOSC
Ajax-Lille : et pourquoi pas le grand frisson ?
Facilement boulotté par l’Ajax lors de l’aller (1-2), le LOSC est à Amsterdam, jeudi soir, pour rêver d’un exploit et s’offrir un gros frisson après avoir trop regardé son adversaire jouer à Pierre-Mauroy. Le coup serait immense.
Au milieu de la semaine dernière, les questions fusaient de partout et les espoirs avec. Curieux et excité à l’idée de retrouver l’Ajax, Christophe Galtier avait alors un espoir imprimé au fond de la boîte crânienne : « J’ose espérer que la saison dernière va nous servir sur cette double confrontation. » Puis, le chef du LOSC, actuel première brigade de France, avait ensuite vu ses désirs finir au mixeur hollandais et ses cuistos prendre la marée sous les vagues d’un Ajax venu en démonstration à Pierre-Mauroy. Sur le cul après la tempête, Galtier n’avait pas ménagé sa troupe à l’heure de faire les comptes et avait rapidement évoqué un « non-match ». Voilà pourquoi : « On n’a pas découvert la qualité de l’Ajax sur cette rencontre, mais par rapport à ce qui avait été prévu, on a été en deçà. J’ai trouvé mon équipe prise par l’enjeu et je n’arrive pas à l’expliquer. On ne peut pas mettre ça sur le compte de la fatigue, parce que l’Ajax est sur le même rythme… » Mais alors sur le compte de qui, de quoi ? D’un fait, d’abord : lors de ce seizième de finale aller, le LOSC n’a jamais réussi à développer son jeu et a, en refusant de presser l’Ajax comme le PSV l’avait bien fait sur certaines séquences début janvier, renoncé au combat à mains nues annoncé. On s’attendait à voir les Dogues croquer le moindre centimètre exploitable, on a finalement eu tout autre chose, soit un onze – à commencer par la paire Sanches-Soumaré – gêné par le casse-tête posé par le mouvement permanent des hommes de Ten Hag. Petit miracle pour les Lillois, quand même, l’Ajax, qui s’est notamment baladé aux quatre coins du gazon grâce à sa structure et à un Blind en démonstration, a été assez maladroit dans le dernier tiers nordiste et n’a pas réussi, malgré sa nette domination, à empiler les occasions nettes. Si la pièce était tombée du bon côté, Galtier aurait même pu rentrer chez lui avec les poches pleines, mais le but inscrit par Timothy Weah à la suite d’une erreur dingue de Tagliafico a été suivi de deux autres, signés Tadić et Brobbey, dans les cinq dernières minutes de la rencontre, poussant le LOSC dans une sale situation avant ce match retour à Amsterdam (1-2). Aujourd’hui, Christophe Galtier doit donc choisir : doit-il demander à ses gars d’attaquer sans complexe quitte à puiser dans le réservoir alors qu’ils sont embourbés dans une course au titre étouffante en Ligue 1 ou doit-il, au contraire, déposer les armes ?
Galtier : « Pour faire quelque chose, il faut les faire défendre »
Qu’on se le dise, Galtier n’est pas du genre à balancer une rencontre, lui qui évoquait avant l’aller « la chance » d’avoir un calendrier chargé, alors Lille est à Amsterdam pour jouer sa chance et pour tenter de faire fondre les circuits d’un Ajax qui va récupérer son jeune cerveau Ryan Gravenberch, suspendu à Pierre-Mauroy, là où le LOSC pourra, cette fois, compter sur Benjamin André, lui aussi suspendu il y a une semaine. Bonne nouvelle : dimanche, à Lorient, le coach des Dogues a vu son groupe sortir son « match le mieux maîtrisé de la saison » et s’imposer sans trembler (1-4). Autre bonne nouvelle : au Moustoir, Jonathan Ikoné, devenu discutable au fil des dernières semaines, avait décidé de sortir les pinceaux, et l’international français a peut-être gagné son ticket pour accompagner Jonathan David à l’avant du 4-4-2 qui retrouvera l’Ajax, jeudi soir. L’idée fait sens, puisque Yazıcı a glissé lors de la première manche au moment exact où on l’attendait et a été sorti à l’heure de jeu avant de rentrer au vestiaire quelques minutes pour évacuer sa frustration. « »Jorko » a apporté une belle réponse, a souri Galtier lors de son dimanche en Bretagne. Parfois, il démarre. Parfois, il entre. Parfois, il joue à droite. Je suis content pour lui car je le sais malheureux, parfois déçu. C’est un apprentissage, et sur le plan mental, on travaille beaucoup avec lui. » De mental, il sera évidemment aussi question à la Johan Cruyff Arena. L’heure n’est plus ni aux questions ni aux espoirs. L’heure est au combat à l’ancienne, à la nécessité d’appuyer sur les plaies plutôt qu’à les prévenir. « Pour faire quelque chose contre eux, il faut les faire défendre », insistait Galtier après l’aller. Ainsi l’Atalanta et Liverpool étaient ressortis les mains pleines lors de la phase de poules de la Ligue des champions. Alors, cette fois, place au gros frisson ? Et pourquoi pas ?
Par Maxime Brigand