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- 31e journée
Ajax champion !
Un point suffisait à l’Amsterdam pour décrocher la 33e couronne de son histoire. Le nul rapporté de Heracles Almelo (1-1) a suffi. Retour sur une saison ajacide globalement réussie, mais pleine d’interrogations…
Un quatrième titre : oui, mais…
Ça faisait des semaines que le titre national s’écrivait comme la chronique d’un succès annoncé. Comme lors des trois saisons précédentes, l’Ajax n’a pas forcé son talent en finissant fort (invaincu depuis 20 matchs), passant même aux commandes de l’Eredivisie au sortir de la trêve, soit plus tôt que les trois autres éditions victorieuses. Preuve d’une perte de compétitivité du championnat néerlandais. D’autant plus que, comme d’habitude là aussi, les concurrents directs d’Amsterdam ont fléchi. Feyenoord a traîné comme un boulet ses trois défaites initiales (Rotterdam a fini toutefois 2e cette saison), le PSV a fait illusion tout l’été avant de payer un logique rajeunissement trop poussé, le sublime Vitesse a craqué à la trêve et le FC Twente a rendu les armes lors du mini Boxing Day de fin février-début mars… Le pire, c’est que l’Ajax a dû laisser partir très tôt Alderweireld (Atlético Madrid), Eriksen (Tottenham), Derk Boerrigter (Celtic Glasgow) et Ryan Babel (Kasımpaşa). Que Siem de Jong s’est souvent blessé, ainsi que Bojan (mais un peu moins). Ou que l’Ajax a été engagé en C1 (Milan AC, Barça, Celtic !), puis en C3 (Red Bull Salzbourg) et en Coupe des Pays-Bas (finaliste, étrillé par Zwolle 5-1). Bref ! Beaucoup de ces paramètres auraient dû amoindrir les chances de briller en Eredivisie et de finir champion. Que dalle ! Sans forcer, sans jamais vraiment briller, Ajax a déroulé à son rythme, à sa main. Sa vraie force, une fois de plus, aura été son expérience à bien savoir gérer les passages difficiles en ne perdant presque jamais. À la grande différence de ses concurrents… Car le bilan est correct, sans plus : 20 victoires, 10 nuls et surtout 3 défaites (Feyenoord en a 7). C’est donc plus sur le plan défensif que les Ajacides ont été intraitables avec seulement 26 pions encaissés en 33 matchs (meilleure défense, de loin). Devant, le bilan est plus contrasté puisqu’ils finissent avec la 4e meilleure attaque seulement. Au classement interne des buteurs, le rendu est aussi mitigé : Sigthorsson (10 buts), Klaassen (10 buts, il est milieu), Schöne (9 buts) et Siem de Jong (que 7 buts : décevant, mais il a été souvent blessé).
Le vendredi 2 août 2013, on l’annonçait en titre pour la saison 2013-2013 commençante : « Eredivisie 2014 : Ajax favori par défaut ? » C’était un simple pronostic établi sur les critères énoncés plus tôt : culture de la gagne, finish de champion et écroulement programmé de tous les concurrents… Pour mieux évaluer un championnat a priori déjà « dans la poche » pour l’Ajax, il suffisait également de suivre les résultats des Lanciers en coupes d’Europe. En C1, même vaillants, voire brillants (2-1 face au Barça), les Ajacides n’ont pas atteint une fois de plus les 8es de finale malgré une belle troisième place. Mais le coup de massue est venu lors des deux confrontations contre Salzbourg en 16e de C3 : le 0-3 sec à l’ArenA puis le 1-3 en Autriche a relégué le club n°1 des Pays-Bas à un niveau plus bas qu’on ne le croyait. Idem en finale de Coupe des Pays-Bas : le 5-1 asséné par le PEC Zwolle a laissé percevoir que cet Ajax était prenable (nonobstant les incidents du Kuip). Car même en championnat, l’Ajax n’a pas battu Vitesse Arnhem (0-1 à l’ArenA et 1-1 à Arnhem). Il faut donc relativiser ce titre de champion. Cela dit, il faut aussi souligner tous les points positifs d’une saison pleine également de belles satisfactions.
Les hommes du titre
On ne reviendra pas sur le charisme fédérateur de Frank de Boer, premier coach de l’histoire du club à enquiller quatre titres de champion d’affilée (une première pour l’Ajax aussi). Son exigence de l’excellence a fait progresser un groupe jeune, dispensant un beau football mais privé peut-être d’un authentique finisseur devant. Les autres grands hommes de la saison furent respectivement Davy Klaassen, Lasse Schöne, Daley Blind, voire Bojan (dans la fin de saison). Klaassen a été la belle surprise cette année après une longue absence (blessure, puis rechute hospitalière). À 21 ans, le milieu offensif a apporté sa hargne et sa faim de pouvoir rejouer enfin. Plus inattendu, il a marqué 10 buts, devenant co-meilleur réalisateur du club avec Sigthorsson. Le Danois Lasse Schöne (27 ans) a subjugué par sa régularité et son impressionnante polyvalence : il a joué dans toutes les lignes et des deux côtés ! Sauf dans les buts, bien sûr… Lui aussi a pas mal marqué (9 pions), et ce furent souvent des buts importants, comme ce coup franc fracassant à Heracles Almelo (1-1) qui a « apporté » le titre, ce dimanche. Pas un hasard si c’est lui qui a aussi inscrit le but d’anthologie en Ligue des champions face au Celtic (1-0). Daley Blind (24 ans) a pris une dimension fantastique cette saison : quittant son poste de latéral gauche pour être replacé à son poste de formation, au milieu (n°6), il s’est distingué grâce à la qualité de sa première passe (ou première relance) et par le nombre incalculable de ballons grattés. Bojan (23 ans) a été très performant dans le dernier tiers de saison en jouant sur deux registres : joueur de couloir (à gauche, milieu ou attaquant) et « meneur » plus axial (à la Eriksen). En tout cas, il s’est parfaitement fondu dans le collectif ajacide au point de recevoir les éloges sincères de FDB.
Pour le reste, on peut décerner des satisfecit au gardien Cillessen (25 ans), qui a remplacé Vermeer au premier quart de championnat. Même récompense pour Veltman (22 ans), qui a fait la paire axiale avec le taulier Moisander (égal à lui-même) et pour Serero (24 ans), infatigable relayeur au milieu et au jeu juste et quasiment sans déchet. Van Rhijn a bien progressé au point d’avoir été un temps pressenti… au PSG ! Fischer (19 ans) a un peu déçu en termes d’efficacité mais il a bien dynamisé l’attaque. Des bons débuts assez prometteurs de Kishna (19 ans) sur l’aile gauche, qui a un peu éclipsé Andersen, peu utilisé cette saison. À suivre pour confirmation le petit Riedewald (l8 ans, latéral gauche) ainsi que le défenseur axial Denswill (20 ans), très correct. Voilà. On a beau être exigeant avec ce club mythique, il ne faut jamais non plus perdre de vue que l’équipe est jeune, très jeune. Que les moyens financiers corrects n’empêchent pas les départs réguliers tous les ans. Quel autre club au monde obtient pareils résultats en pratiquant un jeu très souvent de qualité ? Samedi prochain, l’Ajax recevra le NEC Nimègue à l’ArenA. La fête sera belle !
Par Chérif Ghemmour