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Ajax bat Real !
Déplacement difficile pour le co-leader madrilène ce soir à l’ArenA. L’Ajax attend le Real de pied ferme pour mieux le battre. C’est écrit.
Les statistiques sont trompeuses. Le Real a battu quatre fois l’Ajax ces deux dernières saisons au premier tour de la Ligue des Champions (4-0, 2-0 et 3-0, 3-0 l’an passé). Et alors ? Tout indique qu’Amsterdam va battre Madrid ce soir. Déjà l’an passé, les Ajacides avaient bousculé les Blancs à Bernabeù mais craqué sur des contres pas sympa. Idem au retour à l’ArenA où deux buts valables leur avaient été refusés pour le plus grand bonheur de l’OL, qualifié après son « large » succès au Dinamo Zagreb. Cette année, tout change ! Mourinho a peur. Présent à l’ArenA samedi soir, il a vu l’Ajax battre Twente le leader d’Eredivisie (1-0). Le regard du Mou était aussi terrifié que celui d’un général taïwanais assistant de loin aux manœuvres militaire de la marine chinoise. Hier, José a craqué : « Ajax est meilleur que l’an passé » . A juste titre, la presse néerlandaise a enregistré cette déclaration comme un communiqué de victoire : « Ajax beter dan vorig jaar » ! Benzema a aussi très peur : « Nous connaissons l’Ajax, nous avons déjà joué à plusieurs reprises face à eux et ce sera une rencontre compliquée. » Conclusion : Mourinho et Benzema ont peur donc Ajax battra Madrid 2-0. CQFD.
Ajax über Alles
Revenons sur les raisons de cette victoire annoncée. Un : samedi soir, à l’ArenA, l’Ajax a battu Twente le leader d’Eredivisie (1-0). Deux : samedi soir, à l’ArenA, l’Ajax a battu Twente le leader d’Eredivisie (1-0). Trois : samedi soir, à l’ArenA, l’Ajax a battu Twente le leader d’Eredivisie (1-0). Quatre : samedi soir, à l’ArenA, l’Ajax a battu Twente le leader d’Eredivisie (1-0). Cinq : samedi soir, à l’ArenA, l’Ajax a battu Twen… Bon, d’accord… C’est un peu limité comme arguments… En plus, Twente c’est pas extra. Mais, bon… Ajax est toujours invaincu en Eredivisie (7 matchs, 4 victoires et 3 nuls, 19 buts pour contre 6), et n’est plus qu’à trois points du leader Twente. Surtout, après un début de saison pas toujours convaincant sanctionné par une défaite en C1 à Dortmund (0-1, il y a 15 jours), l’Ajax s’est ressaisi. D’abord en battant joliment à dom’ le FC Utrecht en Coupe des Pays-Bas mercredi dernier (3-0) puis en battant Twente (1-0). Symbole de cette remise au taquet, le meneur danois Christian Eriksen (21 ans, qu’on ne présente plus) et qui a marqué deux buts lors de ces deux matchs. Une rumeur estivale très consistante avait envoyé Eriksen chez les Meringués pour 20 M d’Euros…
Et puis, globalement, l’équipe tourne mieux et s’assure une possession de balle neutralisante pour l’adversaire. A Dortmund, cette stratégie a failli se montrer payante sur toute la ligne : possession-confiscation et bonne gestion des temps faibles (l’Ajax a longtemps plié sans rompre). Sauf que Eriksen et De Jong ont raté deux duels face à Weidenfeller en première période. Et en toute fin de match, Lewandowski (qu’il rôtisse en enfer) a puni les Rouge et Blanc… C’est aussi à Dortmund que les nouvelles recrues ont donné satisfaction. Ryan Babel a été bon, signant un retour au club jusque-là réussi. Idem pour Moisander dans l’axe défensif et Christian Poulsen au milieu. Le jeune attaquant suédois Tobias Sana (3 buts en championnat) a mis « l’idole des supporters » Sulejmani sur la touche, entretenant une vraie concurrence au poste. Mention spéciale pour le gardien Vermeer (26 ans), gardien moyen à la base mais qui se bonifie avec le temps : il a stoppé un péno de Hümmels. L’ailier gauche Boerrigter a aussi amorcé un retour qui va crescendo. Enfin, le stoppeur Alderweireld tient plutôt bien la baraque malgré le départ de son jumeau belge, l’excellent Vertonghen, parti chez les Spurs.
Pourquoi 2-0, seulement ?
L’Ajax aurait dû battre le Real 4-0 au vu du départ cata des Meringués en Liga et des tensions vives de son vestiaire (Ramos est en guerre avec son coach) mais devra quand même se contenter d’un petit 2-0. D’abord because l’immense Frank De Boer (FDB) doit encore gérer la transition difficile d’un groupe très remanié au mercato estival. L’Ajax a juste perdu van der Wiel, Théo Janssen, Vertonghen, Anita, Aissati ou Lodeiro : du lourd à toutes les lignes. Il a donc fallu rebâtir un collectif en incorporant les nouvelles recrues Mosisander, Poulsen, Sana et Babel. C’est tout le drame du foot de club hollandais et de l’Ajax en particulier : gérer le pillage généralisé, année après année. Cette année, la génération Ajax championne 2011 et 2012 aurait dû commencer à donner sa pleine mesure. Nibe ! La saignée estivale qui annonce celle quasi certaine de l’été prochain (Eriksen, Alderweireld, De Jong, au minimum ?) empêche un vrai décollage au niveau européen.
L’autre facteur pénalisant plus particulier à l’Ajax, c’est son absence de vrai bon Numéro 9. Sur le papier, c’est Babel qui s’y colle. Mais ses échecs (relatifs) à l’étranger (Liverpool, Hoffenheim) ne dessinent pas (pas encore ?) le profil du killer des surfaces. Siem De Jong non plus n’est pas vraiment spécialiste du poste, il est meilleur en neuf-et-demi, faux-10. Alors, selon le principe hollandais de système offensif tournant où chaque attaquant peut occuper le poste de finisseur en cours de match, les jeunes joueurs de couloirs Serero (forfait ce soir) ou Sana s’y collent, souvent avec succès (3 buts chacun en Eredivisie). Mais les deux poids mouches manquent d’impact physique pour le poste. L’Islandais Sightorsson, pas mauvais du tout, s’est encore amoché à l’épaule et se voit freiner depuis 12 mois par des blessures qui l’ont empêché de prospérer à la pointe de l’attaque. Snif. Les deux latéraux Daley Blind (à gauche) et van Rhijn (a droite) posent aussi problème. Le premier est en nets progrès mais pas toujours à son aise dans les duels et le placement. L’autre est très talentueux et très prometteur (international actuel à 21 ans, sosie de van der Wiel) mais néglige le repli défensif quand il monte. Mais pas grave : l’Ajax battra bien le Real 2-0 ce soir à l’ArenA. Misez tout votre larfeuille sur ce pronostic. Empruntez au besoin. Faîtes jouer vos compagnes. Comme les frères Karabatic.
Par Chérif Ghemmour