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Ajaccio n’est pas mort
L’ACA est passé du statut d’équipe sympathique et combative qui s’incline systématiquement à celle d'épouvantail sur les trois dernières journées. De quoi être optimiste pour la seconde partie de saison. Où les Corses ne lâcheront rien, évidemment.
Cela paraissait cuit, à croire qu’il ne faut jamais trop s’appeler ACA lorsqu’on joue en Ligue 1 désormais. Douze mois après la déconfiture Arles-Avignon, qui a poussé les autres clubs de l’élite à prendre 46 points pour se sauver tellement ils étaient largués, l’Athlétic Club Ajaccio semblait prendre le même chemin. Le 2 décembre, les Corses reçoivent Lille. Un match qui symbolise toute la première partie de saison ajaccienne. Parce que dans le jeu, les rouges et blancs ne sont pas ridicules, loin de là. En Ligue 1, ils font même partie des très rares équipes à savoir faire tourner le ballon d’un côté à l’autre sans trop de difficultés. Les séquences de jeu en passes courtes ont de la gueule et devant, il y a un vrai joueur de football, un esthète comme pouvait l’être Pagis, en la personne d’Ilan. Contre les Dogues, le Brésilien marque un but, l’autre étant l’œuvre de l’abnégation. Le problème, c’est que dans le même temps, Ochoa va chercher trois fois le ballon au fond de ses filets. L’équipe de Pantaloni prend un nombre de buts incalculable sur des centres et autres coups de pieds arrêtés.
La grinta des latéraux à l’image de Lippini ne fait pas tout, Ajaccio a sûrement la plus faible charnière centrale de Ligue 1, et de loin. Cette équipe, c’est un formidable argumentaire pour les entraîneurs type Didier Deschamps qui ne cessent de répéter que pour gagner, « il faut avant tout avoir une bonne défense » . Ajaccio n’en a pas, et semble alors décroché dans un championnat où les oppositions face aux clubs physiques (Montpellier, Toulouse) font vraiment mal. Au club, on parle à l’époque « de sauver l’honneur de l’équipe en se battant jusqu’à la fin » . Mais c’était trop vite enterrer l’équipe de Pantaloni, qui est bien plus que le technicien sympa du coin, garant des valeurs, des traditions et des coutumes locales. Le match suivant, Ajaccio repart à la chasse à Nancy avec les mêmes principes. Et les insulaires manquent de peu de repartir avec les trois points, les locaux égalisant dans le temps additionnel. Pas grave. Le match suivant, c’est Rennes qui tombe à François-Coty. Et dans la foulée, c’est Sochaux qui voit la lanterne rouge s’imposer à l’extérieur pour la première fois de la saison. L’équipe décrochée est désormais à six points de la douzième place, ce qui change quand même pas mal la donne.
« Autant je ne m’attendais à ne rien faire pendant le mercato, autant là, je me dis qu’il y a un coup à réaliser » . Alain Orsoni, le président, a vu la flamme se raviver comme tout le monde. Alors, il y croit à nouveau. Pour le mercato, alors qu’il aurait pu déjà basculer dans un budget prévisionnel de Ligue 2 en limitant la casse, il recrute et fait venir en priorité … un attaquant : Eduardo, de Lens. On ne se refait pas. Les Corses sont têtus mais ça va peut-être finir par payer. Au vu des performances du Gazélec Football Club Olympique Ajaccio en National, il y a des chances de se retrouver une Ligue 2 l’an prochain avec trois clubs à la tête de Maure; ce que l’on souhaiterait éviter du côté des Ours de l’ACA parce que les retrouvailles familiales ne se digèrent pas facilement. Donc autant se maintenir. Et si possible en donnant cette image d’équipe qui essaie de s’en sortir par le jeu. Paradoxalement, ce serait une première pour l’Île de Beauté.
Par Mario Durante