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Aitana Bonmatí, un travail à finir

Par Léna Bernard
5 minutes

Figure de la sélection espagnole, Aitana Bonmatí a fini par éblouir de son talent les derniers mohicans qui n’avaient pas encore assimilé son patronyme durant ce Mondial. Suffisant pour permettre à la Roja de décrocher une première étoile ce dimanche face à l'Angleterre ?

Aitana Bonmatí, un travail à finir

« Je suis complètement fou d’Aitana Bonmatí, de la manière dont elle est joue. Elle est le double féminin d’Iniesta. » Ces louanges ont été chantées par Pep Guardiola en conférence de presse, lorsqu’un journaliste lui a demandé son avis sur la finale de la Coupe du monde qui oppose ce dimanche l’Espagne à l’Angleterre (12h). Une comparaison avec l’ancien numéro 8 du Barça qui perdure dans le temps, et pour cause : ils possèdent tous les deux une apparence frêle et une technique hors pair. Si ces éléments de comparaison ne sont que des détails, leur QI football, lui, est similaire, aussi bien dans la vision du jeu dont ils sont dotés que par leur qualité de passe et la créativité dont ils font preuve au milieu du terrain. Dans une interview pour Relevo, Aitana a même confié avoir passé du temps à analyser, avant la demi-finale face à la Suède, les mouvements d’Iniesta pendant le Mondial 2010. À raison, car c’est ce qui a permis à la native de Sant Pere de Ribes, une ville de plus de 30 000 habitants à 40 kilomètres au sud de Barcelone, de prendre une nouvelle dimension lors de ce Mondial au cœur d’une Roja fracturée et orpheline de sa star Alexia Putellas, qui a laissé le leadership technique à sa coéquipière.

Une travailleuse acharnée

Après avoir remporté le championnat espagnol et la Ligue des champions avec Barcelone en étant nommée MVP de la compétition, Aitana vise donc un nouveau titre cette saison : la Coupe du monde, pour permettre à la Roja féminine d’accrocher sa première étoile sur le maillot. Déjà autrice de trois buts et de deux passes décisives dans ce Mondial, la numéro 6 espagnole est plus en vue à la finition, un changement important par rapport à l’Euro 2022, où la Catalane n’avait inscrit qu’un seul but. A ce sujet, la joueuse de 25 ans a livré son analyse sur cette situation dans une interview accordée au média espagnol Panenka : « La saison dernière, j’avais une position plus reculée : je commençais en tant que double pivot et je devais ensuite passer au rôle d’intérieur. Cette année, j’ai commencé à l’intérieur, j’étais plus proche des attaquantes et il était plus facile de les rejoindre ou d’être plus proche du but .» Avant de saluer cette adaptation tactique : « Évidemment, j’aime jouer dans une position plus avancée : je pense que j’ai les ressources pour le faire et pour créer, c’est ce que j’aime. » Un nouveau rôle en club qui transparaît en sélection, comme l’a affirmé la principale intéressée à Marca : « Cette année, j’ai eu une position plus avancée. Cela m’a permis d’être plus proche de la surface, car j’ai eu plus d’options pour faire la dernière passe ou pour marquer un but. Dans le cas de l’équipe nationale, c’est un peu la même chose. » Un rôle plus offensif, surtout depuis la perte d’influence d’Alexia Putellas après sa grave blessure l’année dernière.

Mon précieux
Mon précieux

Une évolution tactique et technique qui peut également s’appréhender par le prisme du travail de fond réalisé par celle qui a rejoint le Barça dès l’âge de sept ans. Dans une interview accordée à Relevo, elle revient longuement sur l’amélioration de son pied gauche : « Lorsque j’étais dans les équipes de jeunes du Barça, j’essayais toujours de l’entraîner. Avec des contrôles, des passes et un jeu plus long. Quand je suis arrivée en équipe première, en tant que milieu de terrain droit, j’étais souvent plus douée pour tirer du pied gauche parce que j’avais plus d’angle de tir. J’ai compris que c’était quelque chose d’important que je pouvais et devais développer. Et j’ai réussi. » La Catalane explique même que selon les phases de jeu, son pied préféré change : « C’est comme si je me sentais plus à l’aise pour faire des passes et jouer avec mon pied droit, mais quand il s’agit de finir, c’est avec mon pied gauche. C’est quelque chose que j’ai acquis et qui ressort tout seul. » 

A la pointe des contestations

Au-delà de l’aspect technique, celle qui est membre de « Las 15 » ce groupe de joueuses qui affirmaient ne plus vouloir jouer en sélection tant que Jorge Vilda serait toujours en poste – ne devait initialement pas être du voyage en Océanie. Elle a finalement fait volte-face, sans nul doute motivée par l’idée de pouvoir remporter la Coupe du monde et d’aller chercher le Ballon d’or qui, plus que jamais, lui tend les bras.

Dotée d’un solide caractère, la numéro 6 espagnole n’a jamais eu peur de se servir de sa posture pour faire passer des messages et tenter de faire bouger les lignes. Elle n’hésitait d’ailleurs pas à déclarer dans Panenka : « Nous avons un haut-parleur et nous pouvons l’utiliser pour aider les gens. » Ce haut-parleur, elle l’a utilisé lors de la dernière finale de Ligue des champions dans un Philips Stadion plein à craquer pour porter un t-shirt où on pouvait lire « Welcome refugees », un geste qu’elle a expliqué dans les médias : « J’ai toujours été une personne qui s’est impliquée dans ces questions pour essayer d’aider. » Une mission que la joueuse du Barça mène au quotidien puisqu’en plus d’être footballeuse, elle est également ambassadrice du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Un paquet d’ingrédients réunis qui, ce dimanche, en cas de victoire face à l’Angleterre en finale de la Coupe du monde, pourraient donc faire d’Aitana Bonmatí une icône.

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