- Coupes d'Europe
- J2
- Bilan des clubs français
Aïe ! La France a mal à son indice…
Sébastien Ogier champion du monde de rallye, ça fera oublier un peu la médiocrité des clubs français en Coupes d’Europe cette semaine. Sauf Paris, l’OM, l’OL et Bordeaux ont encore été décevants, au point que l’indice UEFA du foot français est sacrément menacé à l’horizon 2016.
C1 : les choses se précisent
Avec Paris, il n’y avait aucun motif d’inquiétude. Pas même dans un Parc avec sa surdose de supporters du Benfica. Le PSG est une équipe de mercenaires (la plupart des joueurs ne parlent toujours pas le français et ne l’apprendront même jamais), mais qui sait parfaitement se mettre à niveau en C1 face à n’importe quelle formation. Et c’est le Benfica qui a morflé en 30 minutes chrono (3-0). Avec un doublé, Super Ibra a montré qu’il était bien le boss incontesté. Au moment de fêter ses 32 ans cette semaine, il a déclaré vouloir sûrement finir sa carrière au PSG : une profession de foi décisive pour le crack qui regardait encore vers l’Italie cet été ? Alors, voilà : Zlatan est (vraiment) devenu parisien ! Du coup, il booste tout sur son passage : le public, ses coéquipiers et le jeu, tour à tour n°9, n°10, n°8 et 9 et demi. Entre finisseur, meneur et relayeur ! Grandiose. Signe révélateur : son but de la tête sur corner, lui qui n’est pas un as du jeu aérien. Son leadership est à double tranchant, cependant, car il éclipse Cavani avec lequel l’entente ne donne toujours pas sa pleine mesure. Sur le papier, un Zlatan décrocheur devait permettre à Cavani de prendre la profondeur et planter. Ce n’est pas exactement ce qui se réalise. Il faudrait alors modifier le 4-3-3 de Blanc pour ne plus exiler l’Uruguayen à droite ? Faut voir… Parce que Paris tient son milieu : du très bon Matuidi, du classieux Motta et de l’époustouflant Verratti, on ne peut plus trop y toucher. Blanc a des problèmes de riches devant : tant mieux pour lui. Encore un mot sur les deux oubliés au tableau d’honneur, mercredi : les latéraux Maxwell et Van der Wiel (qui mute enfin de la trop cool Eredivisie à la dure L1). Ce n’est pas encore parfait, mais Paris tient peut-être là aussi ses deux pistons cavaliers. Hommage au petit Marquinhos, trop rapidement crucifié pour un simple petit pont à l’Olympiakos : le gamin vient de planter son troisième but en pros, son deuxième en C1… Enfin, la circulation-possession effarante d’une équipe capable quand elle le veut d’accélérer le rythme à la manière du Barça (toutes proportions gardées) couronne la vision tactique instaurée par Laurent Blanc. Paris est déjà en 8es et devrait décrocher la pole du groupe.
Et c’est ce PSG gonflé à bloc que l’OM recevra dimanche soir… Un OM vaillant mardi soir à l’Iduna Park, mais surclassé par Dortmund, comme toute le monde le redoutait (0-3). Explication, entre autres, du succès allemand : le respect pour l’OM. C’est d’abord l’humilité de Dortmund, en souvenir de la double défaite d’il y a deux ans (0-3 et 2-3), qui a pavé sa nette victoire. Jürgen Klopp a pris Marseille très au sérieux et lui a même rendu hommage après la rencontre. La discipline tactique d’un Dortmund bien regroupé, aux lignes bien resserrées et avec un marquage attentif de Bender sur Valbuena, le seul Olympien vraiment au niveau, a d’abord neutralisé son adversaire. Une fois l’OM paralysé, Dortmund a pu faire parler le talent (Reus), la vitesse (Aubameyang), la virtuosité (Şahin et Mikhitarian) et l’efficacité (Lewandowski, doublé). Le switch défense-attaque du premier but fut un modèle du genre – 6 fusées allemandes en contre face à 3 Marseillais – illustrant le fossé qui sépare les deux équipes. Rien à redire ! Après la défaite initiale face à Arsenal (1-2) puis celle à Dortmund, l’OM dernier de la poule avec zéro point ne peut plus viser que la 3e place dans ses deux rencontres à venir face au Napoli. Et encore… C3, C triste…
Bien sûr, l’OL jouait avec une défense bricolée (Biševac, Dabo et Bedimo out) et sans Grenier (diminué par une angine et entré seulement à la 62e). Bien sûr, il faut se faire aussi à l’idée que l’OL a changé de statut. Mais une première mi-temps aussi insipide face au 8e actuel du championnat portugais a révélé ce qu’on redoutait, à savoir que OL accompagnant le Betis au tour suivant (l’évidence, sur le papier), ce n’était pas gagné. En C3, Lyon fait « jeu égal » avec ses adversaires, sans plus ni moins. D’où le 1-1 d’hier soir et le 0-0 face à un Betis Séville B (ou A’). Un championnat morose (9e de L1), une spirale négative (une seule victoire lors de ses 10 derniers matchs toutes compètes confondues) et un déficit de confiance criant que seul Gonalons, buteur hier soir, parvient à relativiser. Mais avec le nul de Séville à Rijeka (1-1), Lyon, troisième à 2 points du leader Guimarães, est encore en vie. À l’image de sa fin de match d’hier soir qui aurait pu lui donner la victoire et qui démontre encore de jolies réserves. Avec une équipe au complet reboostée par un ou deux succès, l’OL a encore une bonne carte à jouer en C3.
Ce qui n’est plus trop le cas de Bordeaux, battu chez lui par le Maccabi Tel Aviv (1-2) et qui pointe à la dernière place avec 2 défaites et zéro point. Pas nuls, les Bordelais : une première mi-temps volontaire et un premier but de suite après la pause (Jussiê, 48e) sur un bon centre du bon Rolan. Et puis tout s’est arrêté : Bordeaux a reculé et subi malgré les entrées d’Obraniak, puis de Saivet et Ben Kalfallah. Bouffé au milieu, Bordeaux a plié par sa défense qui se prenait la vague adverse à tous les coups : deux buts perforateurs (Itzhaki et Mikah, 71e et 79e) ont renversé la vapeur. On va faire court : Bordeaux a zappé la C3, « cette Coupe d’Europe n’arrive pas à point nommé pour nous (sic). On n’a pas l’effectif pour la jouer » , dixit Gillot… D’où l’équipe expérimentale avec Olimpa, Chalmé, Bréchet, Traoré, Sacko et Rolan qui n’alignaient ensemble que deux titularisations en L1 depuis le début de la saison. Et puis les priorités sont ailleurs : Bordeaux est 17e en championnat… Si Lyon se cherche, Bordeaux n’y est pas, tout simplement : le club est en panne de tout, d’idées et de ligne directrice sur et hors du terrain. Indice faible…
Triste semaine, donc, qui ne va pas arranger nos affaires pour l’avenir en compètes continentales de clubs. C’est acquis, avec les faibles résultats européens des clubs français ces dernières saisons, le 3e de L1 devra encore passer par deux tours de qualification de C1 en 2014-2015. Et peut-être même aussi en 2015-2016… La France, 6e à l’indice UEFA avec 51,166 points n’est pas près de doubler le Portugal (55,799 points). Comme la Russie, 7e, est loin derrière (41,665 points), il n’y a, pour l’instant, pas de menaces urgentes. Sauf que… Comme le rappelait L’Équipe de ce matin, la France se devrait bien de ne pas suivre la pente descendante qu’on observe encore actuellement. Dans un an, l’indice UEFA ne prendra plus en compte la brillante saison tricolore 2009-2010 (OL en demies de C1 et Bordeaux en quarts) et la Russie ne supportera plus le poids de cette période qui lui avait été défavorable. « Si la France était reléguée à la 7e place en mai 2015, le 3e tour préliminaire de C1 en 2016-2017 serait réservé au 2e de L1. Et le 3e de L1 jouerait la Ligue Europa. » (L’Équipe)
Vous avez bien lu : un seul club français serait qualifié directement en C1 dès 2016 ! Alors bien sûr, le pire n’est pas certain. Paris est sur une dynamique porteuse, a priori pour quelques saisons encore, et Monaco devrait en principe renforcer les troupes tricolores en C1. En attendant, le foot français devrait quand même se remettre sérieusement en cause au moment où l’un de ses « cadors » , l’OM, se fait surclasser en C1 et au moment où les Bleus entrent dans le process de barrages loin d’être gagnés pour espérer voir le Brésil en juin prochain…
Par Chérif Ghemmour
PS : la Coupe du monde 2022, etc.
Par