Même s’ils ont terrassé les Fennecs d’Algérie ce mardi à Cotonou (1-0), les Béninois sont contrariés. Selon le comité exécutif de la Fédération béninoise de football, le surnom d’Écureuils « n’inspirerait aucune crainte » , « traduit un nom faible » , « affecte négativement les performances de l’équipe nationale » ou, pire, serait la cause de « railleries au plan régional/international » . La FBF explique sa démarche : « Il n’est plus à démontrer que le nom « Écureuils » porté par l’équipe nationale de football du Bénin n’est pas toujours du goût de tous les acteurs. Il est indéniable qu’un nom porté par l’équipe nationale doit être évocateur dans la conscience globale des populations, et fédérateur des ambitions du monde sportif. » Et pour y remédier, les officiels ont donc lancé une consultation publique pour trouver un nouveau blase pour leur sélection. Et puisque le formulaire de réponse ne laisse qu’une ligne blanche pour apporter librement sa suggestion, voici une liste de surnoms qui pourraient aisément remplacer le si attachant rongeur.
Les Belettes
Évidemment, la solution de facilité. Si le Bénin veut monter en gamme, il doit tout simplement regarder ce qui se passe un cran au-dessus dans la chaîne alimentaire. Et il y a un large choix en magasin, tant le petit rongeur à queue touffue est la proie de diverses espèces animales. La martre-des-pins, le chat sauvage, l’autour des palombes, le putois, le renard, la fouine, tous les modèles de rapaces et même les serpents sont disponibles. Mais arrêtons donc notre proposition sur la belette, qui avec sa dénomination inspirant certes la bonhomie, rend cinq bons centimètres à son cousin éloigné et peu inspirer la terreur, étant classifiée parmi les carnivores. Et si cela ne suffit pas à convaincre, on peut toujours faire remarquer que « les Buses » ne serait qu’une perche tendue en cas de triplé.
Les Panthères d’or tachetées de sable et lampassées de gueules
Certes la marque « Panthères » est déjà déposée par la sélection nationale du Gabon et une flopée de joueurs « racés » . Mais le Bénin pourrait légitimement entrer dans le
game du fauve – après tout on ne compte plus le nombre de divers « Lions » – en s’appuyant sur ses propres armoiries. Et quel animal apparaît donc sur le blason officiel ? «
Une panthère d’or tachetée de sable et lampassée de gueule » , comme le définit la première Constitution de l’État béninois en 1964. Autrement dit, un gros chat au pelage bicolore qui tire la langue. Ce dernier détail n’est pas anodin, car les équipes arborant un félin langue pendante (OL, Pays-Bas ou encore Tchéquie) ne s’en sont jamais plaintes. Un classique de l’héraldique pour imposer enfin le respect.
Les Requins de l’Atlantique
Et si le moment était venu de récompenser son
franchise-player ? On ne présente plus Stéphane Sessègnon, ses cuisses imposantes, ses chiches en lucarne ou
son coup du crapeau. L’ancien Parisien et actuel joueur de Gençlerbirliği mérite bien un tel hommage après 73 sélections et 21 buts. Et c’est avec certitude que le capitaine des Écureuils serait fier de devenir le capitaine des Requins de l’Altantique, nom de son premier club professionnel, évoluant en D1 béninoise, qu’il a fréquenté avant de filer à Créteil. Pas sûr que le bélier des Lusitanos soit une vraie plus-value en matière d’intimidation.
Les Gardiens de la Galaxie
Djimon Hounsou, voyez-le comme le Neil Armstrong du Bénin. Son ambassadeur, son astronaute parti décrocher les étoiles à Hollywood. Si c’est
Amistad, de Steven Spielberg, qui lui vaut sa première nomination aux Golden Globes, c’est Ridley Scott qui le sacre acteur en 2000 avec le rôle de Juba dans
Gladiator, avant le célèbre film de super-héros de James Gunn sorti en 2014. Alors eh, on se donne quelques coups de coudes dans les flancs et on en profite pour surfer sur la vague de succès de son chef de file, avec une flopée d’autres possibilités : les Fast and Furious, les Forces spéciales, les Aquamen, les Biker Boyz, les Gladiators, les Rois Arthur ou encore les Dossiers secrets du Vatican. Et puis bon, on passera sous silence ce rôle de l’Inspecteur Youssouf dans
Le Boulet d’Alain Berbérian, hein.
Les Banquiers
Quoi de mieux qu’un homme d’argent pour terroriser des pays africains ? Car pendant que Barack Obama déclarait en 2016 au forum États-Unis-Afrique «
qu’en dépit d’une croissance significative dans beaucoup de pays, le PIB total de l’Afrique n’équivaut qu’à celui de la France » , l’écureuil de la Caisse d’Épargne, lui, continuait sa belle vie comme emblème de la banque française. Dessiné en 1947 puis adopté dans la foulée pour sa propension à constituer des réserves de nourriture (noisettes, champignons, pignons de pin) avant l’hiver, le petit animal constitue une parfaite métaphore de l’économie. Disons-le clairement : si le Bénin veut exceller sur le plan sportif, il faut attaquer directement au portefeuille, comme pour les délinquants routiers. En plus, ils mettraient de toute évidence plus souvent des valises.
Les Mérous Goliath
Évoquer le mérou français, c’est imaginer une belle journée à la pêche sur ce bateau prêté par Oncle Guy, des sandwichs au thon – Tonton adore les clins d’œil – et un joli soleil pour favoriser la cuisson au gril de ce savoureux poisson attiré à l’épuisette par la force des biceps. Sauf que comme son nom l’indique, son pendant des mers chaudes est un monstre. Le Goliath, c’est une poiscaille dont on jurerait qu’elle a vu la fin des dinosaures en se délectant des cadavres à avaler, pouvant mesurer jusqu’à 2,40m pour 270kg et capable de gober les requins comme des amuse-bouches au surimi. Le Bénin veut évoquer un truc effrayant ? Ici, on a mieux : une scie à la place de la dorsale, un aspirateur à proie en guise de gueule, et la tronche de celui qui vous met une balle dans la nuque en bas de votre cage d’escalier. En plus, l’animal est en voie de disparition au pays, un coup de projecteur lui ferait le plus grand bien.
Les Caméléons
Et pourquoi pas une petite ref’ historique, tiens ? Comme le FC Metz a adopté la Croix de Lorraine, également symbole du gaullisme, les Béninois pourraient ouvrir une nouvelle page de leur histoire avec un hommage à Mathieu Kérékou, homme d’État aujourd’hui disparu qui a dirigé le pays durant près de 30 ans. Tour à tour militaire, putschiste, dictateur marxiste-léniniste, tricard (entre 1991 et 1996), démocrate (revirement brutal effectué surtout pour sauver sa tête) puis vieux sage, il portait mieux que personne le surnom de « Caméléon » . Peut-être le bon choix pour régner avec une main de fer sur le foot africain.
Les Bénin de Jardin
Porté par un élan populaire fan du travail de Jean-Yves Lafesse, le Bénin pourrait tout aussi bien choisir de plier ses adversaires de rire. L’adoption d’un surnom à vocation comique aurait ainsi un double effet : rappeler
les féroces combats passés de Frietz Friedmann, docteur en nanophilie et président de l’Association internationale de protection des nains de jardin (AIPNJ), et pointer la racine des problèmes du pays, probablement celui de s’appeler par un synonyme du mot « quelconque » . Proposition annexe : remplacer l’hymne du pays par les paroles guerrières de
Mon Nain de jardin de Renaud :
«
Si je tenais l’enfant de gredin
Qui m’a volé mon nain de jardinJe lui ferais passer le goût du pain
Je lui ferais passer le goût du pain »
Tiennent également la corde : Les Tumeurs bénignes (Merci @Ceci n’est pas une pipe), les Bénins Oui-oui, les Béninjas Warriors, les Chipmunks, les Diablotins du Bénin, les Effrayants Dragons avec des cornes et des flammes de l’enfer, les Épinards, les Résultats du bac, les Historiques Internet de Jean-Marc Morandini, les Dentistes, les Sourires de Marine Le Pen, les Rapports non protégés, les Femmes à barbe, les Mecs qui collent au cul de la bagnole de devant, les Jean-Pierre Treibert, les Demandes en mariage.