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Aidons Ben Arfa à tenir une minute sur le terrain
Par Robin Richardot
Soixante petites secondes. C’est tout ce qu’il faudrait à Hatem Ben Arfa pour ajouter un titre de champion de France à son palmarès. Une éternité pourtant pour le joueur français qui n’a toujours pas eu l’occasion de fouler les pelouses de Ligue 1 cette année. Conseils de pros pour tenir la minute fatidique.
Les conseils de l’urologue19 mai, stade Michel-d’Ornano. Le Paris Saint-Germain conclut sa saison sur un pénible 1-1 face à de robustes Caennais. Unai Emery ne peut pas partir là-dessus. Il lui faut un coup de folie. L’entraîneur espagnol se retourne et désigne Hatem Ben Arfa alors qu’on joue la 87e minute. Ric-rac, mais avec le temps additionnel, ça devrait le faire ! En revanche, pas de temps à perdre avec les échauffements en douceur. Surexcité, le Parisien entre sur le terrain avec l’envie de tout donner. Problème, au bout de quelques secondes, le joueur a déjà tout lâché et doit être remplacé. Alors comment éviter l’écueil de la sortie précoce ? « C’est avant tout un problème émotionnel » , avance Patrick Constancis, spécialiste en urologie et andrologie. Première astuce : penser à bien respirer et se détendre au maximum. « Le stress aggrave cette hyper émotivité et ce manque de contrôle, rappelle l’urologue. Quelqu’un de stable tiendra beaucoup mieux. » Et Hatem Ben Arfa ne doit pas non plus oublier de s’appuyer sur ses compères de l’attaque parisienne. « L’aide du partenaire est parfois primordiale dans ces cas-là » , rajoute Patrick Constancis. Il faut dire que l’inactivité du Français, dont le dernier match avec le PSG remonte au 5 avril 2017, ne joue pas en sa faveur. « Ça fragilise, c’est sûr, reconnaît le spécialiste. C’est mieux d’avoir une activité régulière. On perd ce contrôle quand on est en abstinence. »
Les conseils du streakerUnai Emery ne veut pas faire entrer Hatem Ben Arfa sur le terrain ? Tant pis, l’attaquant ira quand même. « Il devrait nous appeler, s’amuse Vincent Malet, tortue ninja à ses heures perdues. On a passé plus de temps sur le terrain avec les joueurs du PSG que lui. » En décembre dernier, lui et son frère Romain, supporters du Stade rennais, se déguisent en Raphael et Leonardo pour aller shaker Mbappé sur la pelouse du Roazhon Park. Leur pote Michelangelo s’est fait choper par la sécurité dès le départ. L’occasion de délivrer un premier conseil élémentaire : « Il faut accélérer au bon moment. Et s’il veut passer au moins une minute sur le terrain, il faut esquiver les vigiles. » Et quitte à tenter le diable, autant éviter de le faire dans la capitale. « J’aurais pu lui conseiller de faire ça à Rennes, poursuit Vincent. La sécurité a mis du temps à réagir, donc c’est déjà trente secondes de gagnées. Avec la sécurité au Parc, c’est peut-être plus compliqué. » Avant de conclure : « Après, s’il est bien déguisé en joueur du PSG, ça peut passer. » Le déguisement, une ruse que préconise Mark Roberts, professionnel en la matière. L’Anglais a quelque 550 streaks derrière lui et n’est pas avare en astuces. « Parfois, je mets une tenue d’arbitre, confie le célèbre streaker. Comme ça, je peux atteindre le milieu du terrain et personne n’intervient jusqu’à ce que je me déshabille. » En tout cas, le Britannique n’est pas inquiet pour Ben Arfa : tenir une minute, voire deux sur le terrain est tout à fait envisageable. Du côté des frères Malet, on partage cet optimisme : « Un peu de provocation et d’insolence, le tout mélangé avec le fol espoir d’être champion et ça devrait le faire ! » Il n’y a plus qu’à suivre la recette.
Les conseils de l’apnéiste « On ne pense même pas tenir une minute. Finalement, on se rend compte qu’atteindre deux à quatre minutes, c’est très facile. » Voilà des paroles réconfortantes pour Ben Arfa. Elles sortent de la bouche de Benoît Canel, gérant de l’école Abyss Garden, située à La Ciotat. Cela fait sept ans que Benoît enseigne l’apnée, aux débutants comme aux experts. Pour lui, tenir la minute fatidique est dans les cordes de monsieur Tout-le-monde. Pour cela, les débutants vont d’abord apprendre des « procédés simples de relaxation pour calmer l’esprit » . Alors dehors les tracas avec Nasser, ouste les dissertations philosophiques, HBA ne doit être focalisé que sur son match. « On joue beaucoup sur la concentration des athlètes pour dépenser le moins possible d’énergie mentale, relève Benoît Canel. Plus vous réfléchissez, plus vous consommez. » Alors une grande inspiration avant d’entrer en jeu et le tour est joué ! Trop simple. C’est là qu’intervient le gros couac. « Le mieux c’est de rester statique, confie comme une évidence le gérant de l’école. Si on est en mouvement, ça complique forcément les choses. » Peut-être que, finalement, cette place assise en tribunes n’est pas si mal.
Les conseils du rodéistePrivé de matchs, Hatem Ben Arfa n’a plus que les toros à l’entraînement pour mettre un peu de folie dans ses journées de footballeur. Quoi de plus naturel donc que de se tourner vers les spécialistes du rodéo pour quémander d’ultimes conseils. Stefano Baldon a pratiqué le bull riding au niveau international. Et dans ce monde de cow-boys et de testostérone, tout se passe encore une fois dans la tête. « Je faisais toujours de la préparation mentale, retrace l’Italien. Avant d’entrer dans l’arène, je mettais mes écouteurs et là j’entrais en transe. Dans ma tête, je voyais ce qui allait se passer. C’est ça qui m’aidait à tenir. » À l’instar de l’attaquant parisien, Stefano a connu une grosse coupure. La faute à une vertèbre cassée. Quand il revient dans l’arène, six mois plus tard, le bonhomme retombe sur la bête qui lui a causé sa blessure. « Dans ma tête, il se passait des milliers de choses, se remémore le rider. Mais il faut dépasser ses peurs. Finalement, j’ai fait ma meilleure monte de l’année. » Et si la même histoire arrivait à Ben Arfa ? La dernière apparition du Français dans le groupe du PSG en championnat remonte au 9 avril 2017, contre Guingamp, au Parc des Princes. Depuis, les tribunes. Or dans une semaine, le club de la capitale retrouve le même adversaire, au même endroit. Ben Arfa reprend l’histoire là où elle s’est arrêtée et délivre la performance de la saison après son entrée en jeu. En étant mesuré tout de même au début pour s’assurer de tenir une minute. Dans le monde du rodéo, on reste prudent : « Il y a toujours des risques. Si tu mets toute ton énergie et que tu te fais mal, tu peux tout perdre. Ta saison est finie. » Pour Ben Arfa, il serait temps qu’elle commence.
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Par Robin Richardot
Tous propos recueillis par RR