Vous débarquez en Italie en 2000, vous avez un peu demandé à des compatriotes comment était la vie en Europe ?
Non, à ce moment-là, il n’y avait pas beaucoup de Coréens en Europe, je n’ai pas donc pas eu d’informations avant d’arriver.
Et comment s’est passé l’accueil, il se dit que vous avez reçu des insultes racistes…
Ça a été une expérience particulière, je me retrouvais dans le meilleur championnat du monde avec d’excellents joueurs. À côté de ça, oui, ça m’est arrivé de recevoir des insultes racistes. C’est vraiment dommage parce que le sport, c’est du fair-play, pas des insultes, c’était donc difficile de s’adapter.
Vous êtes connu en Europe pour votre Coupe du monde 2002, quelle était la recette des Coréens ?
À cette époque, moi, j’étais vraiment tout fou de pouvoir jouer au football et on avait cette soif de vaincre les équipes plus fortes que nous, c’était l’essentiel. Et puis c’était important de réussir notre Coupe du monde au pays.
Beaucoup critiquent la qualité de cette édition suite aux éliminations rapides du Portugal, de l’Argentine, de l’Italie et la réussite de la Turquie ou de la Corée du Sud…
Mais pourtant c’est normal ! Dans le foot, ce n’est pas toujours les mêmes qui perdent et les mêmes qui gagnent… Pourquoi est-ce que l’on s’entraîne alors, si c’est toujours la même équipe qui doit gagner ? C’est dommage que certaines personnes ne puissent pas intégrer cela, c’est ça qui fait la magie du football.
Le grand moment de cette Coupe du monde, c’est bien sûr votre but contre l’Italie, quel était le contexte de la rencontre ?
À ce moment-là, l’équipe italienne était bien plus forte que nous. On a donc essayé de jouer sur notre force : on avait plus d’envie et de motivation pour gagner. Ce but que j’ai inscrit en fin de match est certainement le plus touchant que j’ai marqué dans ma carrière…
C’est vrai que Marco Materazzi est entré dans votre vestiaire pour vous dire que vous puiez l’ail ?
Ça fait déjà longtemps… Materazzi était le capitaine de l’Italie, et au moment même, je pensais que c’était pour rigoler. Je ne m’en suis pas trop fait avec cette histoire.
À Metz, je ne les aidais pas beaucoup avec mes stats : 16 matchs pour seulement deux ou trois buts…Ahn Jung-hwan
Après cela, le retour dans votre club en Italie s’est plutôt mal déroulé pour vous…
Je n’ai pas pu rentrer en Italie, c’était trop violent !
Vous avez pu parler avec le président qui vous a viré ?
Non, il ne voulait pas que je revienne, on n’a pas du tout discuté.
Vous avez quand même eu du soutien ?
Non, je n’ai pas eu de soutien comme je ne suis pas revenu du tout en Italie.
Par la suite, vous êtes notamment passé par Metz, que retenez-vous de cette période ?
Au départ, comme j’étais passé par la Serie A italienne, je pensais que ça serait plus facile en France. Mais arrivé sur place, j’ai trouvé ce championnat difficile parce que tellement différent de l’italien. Au final, ça m’a quand même permis d’avoir une belle expérience.
Pourquoi êtes-vous parti après seulement quelques mois ?
Le club a failli descendre en Ligue 2 (en fait Metz a terminé dernier avec 10 points de retard sur le premier non-relégable, ndlr) et je n’aidais pas beaucoup le club avec mes stats : j’avais joué 16 matchs pour seulement deux ou trois buts…
Vous êtes surnommé « Le Seigneur des Anneaux » , pourquoi ?
Quand je suis arrivé en Italie, j’étais très jeune et ma femme aussi. Comme ce n’était pas facile de s’adapter, notamment à cause de la langue, pour remercier ma femme de son soutien, j’ai embrassé ma bague après avoir marqué un but. Après, ça a été un peu exagéré et c’est devenu mon surnom…
Mannequin aussi à vos heures, vous êtes considéré comme le David Beckham coréen…
(rires) Mais peut-être que Beckham ne va pas aimer s’il entend ça !
En revanche, ce qu’on ne peut pas vous enlever, c’est votre titre de meilleur buteur asiatique de la Coupe du monde.
Je ne suis probablement pas le meilleur joueur à avoir participé à la Coupe du monde, il y en a des bien plus forts, mais je suis bien content avec ce titre. Ce sont des choses comme ça qui permettent de continuer à jouer au football.
Serhou Guirassy à l’assaut de la Maison-Blanche