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Agüero : « Si tout va bien, à 31 ans, je rentre »
Meilleur buteur de la Premier League la saison passée, Sergio Agüero se livre, sur Manchester City, les déceptions des finales perdues avec l’Argentine, et son futur retour à Independiente.
Quelles sont les chances de Manchester City cette saison ?L’équipe est à un très bon niveau, et on progresse petit à petit. Les bons résultats nous permettent de travailler bien plus tranquillement. Le groupe est convaincu par le projet de jeu voulu par Manuel Pellegrini. On a des grands joueurs, et tout est plus facile ainsi.
Le titre de champion, c’est un objectif ?Il est trop tôt pour savoir qui sera champion, mais c’est évidemment un objectif. Ce n’est pas simple de finir au-dessus de Manchester United ou Arsenal. Mais on est prêt à lutter.
La Premier League est de plus en plus exigeante. Certains entraîneurs ont été virés, et Mourinho est sur la corde raide…Ça arrive dans tous les championnats du monde, et la Premier League n’est pas une exception. Les résultats régissent tout dans le football. Et s’il n’y a pas de bons résultats, l’entraîneur paie souvent les pots cassés. C’est vrai que la Premier League n’était pas comme ça avant. Mais tôt ou tard, l’influence du reste du monde se fait sentir, et les projets à long terme sont négligés. Comme ils ne peuvent pas virer tous les joueurs, ils virent l’entraîneur. C’est triste, mais c’est comme ça.
Pourquoi Manchester City a autant de difficultés en Ligue des champions ?Ces dernières années, cela s’est mal passé. Mais cette saison, je crois qu’on peut aller loin. Même si on a mal commencé, notre place en huitièmes de finale est assurée. Il y a de très grandes équipes, et c’est forcément compliqué d’aller au bout. Si vous regardez les dernières éditions, on a été éliminés par le Barça… Tout dépend de nous cette année.
Comment se passe l’adaptation de Nicolás Otamendi à City ?Nico est un des meilleurs défenseurs du monde. Dès qu’il est arrivé, je savais qu’il allait s’adapter rapidement. Il est très physique et sait se faire respecter. Je suis très heureux que City lui ait donné sa chance.
Contre Newcastle, début octobre, tu as marqué un quintuplé…(Il coupe) C’était une expérience incroyable. Je n’avais jamais marqué cinq buts dans un même match et je ne pense pas pouvoir le refaire. En plus, je jouais blessé, après un coup face au Borussia Mönchengladbach. Je ne me suis pas entraîné pendant deux jours, et j’ai joué malgré la douleur face à Newcastle. Manuel m’avait conseillé de rester dans la surface, et ça a marché. Les buts sont venus tout seul. Parfois, il y a des matchs comme ça. Après, je me suis blessé avec l’Argentine. J’étais très déçu.
Pourquoi marques-tu autant ? Juste une question de confiance ?Non, c’est une question de poste. Avant, je jouais plus loin de la surface, une sorte de deuxième attaquant, sans trop de présence dans la zone décisive. Lors de ma dernière année à l’Atlético de Madrid, Quique Sánchez Flores m’a mis en tête une chose : je devais être plus présent dans la surface, devenir un vrai numéro 9. Ensuite, à City, Mancini m’a placé en pointe. Et les buts sont arrivés. Pellegrini me demande la même chose.
César Menotti t’a comparé avec Romário…Oui, tous les deux on a deux yeux, deux bras, deux jambes (rires).
Non, sérieusement…C’est une fierté que Menotti ait dit cela. Romário était un très grand joueur. Peut-être qu’il comparait notre physique, notre présence devant le but. Je ne sais pas…
Après le Mondial du Brésil, tu as affirmé que tu avais une dette avec la sélection. Puis l’Argentine a perdu la finale de Copa América au Chili. Comment te sens-tu par rapport à ça ?La finale contre le Chili, c’était très dur. Nous avions fait une bonne Copa América, et le jour de la finale, on a craqué. Je ne sais pas pourquoi. Dans notre tête, on se disait : « On n’a pas le choix, il faut gagner. » On se demandait ce qu’il se passerait si on perdait. Et cela a joué en notre défaveur. Puis aux tirs au but, cela peut arriver d’échouer. Les nerfs ont lâché. On était très touchés, parce que c’était l’opportunité parfaite de gagner une Copa après de longues années. On était dégoûtés. J’étais à bout, je ne sortais pas de chez moi. Je dis toujours que ma dette avec la sélection date du Brésil, et de ma blessure lors du Mondial. Je n’ai pas pu donner le meilleur de moi-même pour mon pays. C’est toujours la même situation, la dette est toujours là. Mais il me reste pas mal de temps avec la sélection.
Tu as revu ces deux finales ?Non, aucune. Et bon nombre de mes coéquipiers n’ont pas voulu la revoir. On ne veut même pas en parler, ni s’en souvenir. On était si près. Quand on se retrouve en sélection, on parle d’autre chose, on change de sujet. Parce qu’on est encore atteints par ces défaites.
Vous pouvez passer à autre chose ?Bien sûr. La Copa América 2016 arrive. Nombreux sont ceux qui diront qu’elle ne compte pas, parce que c’est un anniversaire. Mais pour nous, ça reste une Copa América, et on veut la gagner. Le groupe veut gagner quelque chose. Mais d’abord, on doit jouer les éliminatoires, qui sont très durs cette année.
Le début des éliminatoires a été difficile pour l’Argentine. La victoire contre la Colombie à Barranquilla a fait du bien ?Déjà, contre le Brésil, on était mieux, même si on n’a pas pu l’emporter. On est sur la bonne voie, et Leo Messi va revenir (il n’a pas joué les quatre premières rencontres, ndlr). En mars, face au Chili, on sera tous là. Je pense qu’on ira en Russie. Même si le chemin est long. Les équipes en face sont en forme : l’Équateur a fait un sans-faute, le Brésil s’en sort toujours, le Chili est dans une grande forme, la Colombie est solide, et l’Uruguay a pas mal de cracks…
Tu veux toujours terminer ta carrière en Argentine ?Je dis toujours que je vais retourner à Independiente et je le ferai. Quand mon contrat arrivera à son terme (en 2019, ndlr), je reviendrai. Je ne veux pas le faire à un âge trop avancé. Si tout va bien, à 31 ans, je retrouverai mon club de cœur.
Propos recueillis par Sergio Levinsky, traduits par Ruben Curiel