- Ligue des champions
- Groupe E
- J5
- Manchester City/Bayern (3-2)
Agüero maintient Manchester City en vie
En galère face au Bayern Munich malgré une supériorité numérique depuis la 22e minute de jeu, les joueurs de Manchester City s'en sont remis à Sergio Agüero pour ramasser une victoire aussi importante qu'inattendue (3-2).
S. Agüero (21′), S. Agüero (85′), S. Agüero (89′) pour Manchester City , Xabi Alonso (38′), Lewandowski (43′) pour Bayern Munich.
Un petit plat du pied et des petites jambes. Un grand but pour un immense joueur. En face à face contre le meilleur portier du monde avec 90 minutes dans les pattes, Sergio Agüero vient d’écrire une ligne supplémentaire de son épatante histoire. Seul taré au sein d’un effectif qui a manqué de folie tout au long de la rencontre, l’Argentin vient d’offrir à Manchester un luxe que les hommes de Pellegrini n’auraient jamais pensé se payer : se pointer au Stadio Olimpico de Rome, dans quinze jours, avec leur destin entre les mains. Extraordinaire.
De l’art de jouer en infériorité numérique
C’est le genre d’erreur qui plomberait n’importe quelle équipe et qui gâcherait 99% des matchs. La formule entrée+plat+dessert redoutée par tous les coachs. En retard sur le Kun Agüero suite à une transversale de Frank Lampard, Medhi Benatia, entre bêtise pure et naïveté navrante, tombe dans le piège tendu par l’Argentin. Habile, l’homme qui porte City sur ses petites épaules profite de sa position préférentielle pour attendre le Munichois lancé à ses trousses, puis attend tranquillement le tacle. Aussi ponctuelle qu’un fonctionnaire quand vient l’heure de la pause, la faute de Benatia arrive. Logiquement, le carton rouge suit tandis que l’Argentin ajuste un Neuer, pourtant parti du bon côté, pour donner l’avantage aux siens (1-0). On dispute la 21e minute d’une partie décisive pour l’avenir des Citizens en Ligue des champions et la messe, si elle n’est pas dite, semble déjà bien entamée. Sauf que le Bayern Munich n’est pas n’importe quelle équipe.
On a au moins appris une chose ce mardi soir : les joueurs de Manchester City sont bien éduqués. Des gars polis pour qui enfoncer le clou revient à frapper un homme à terre. Normal, donc, de voir le champion d’Angleterre en titre laisser la possession du ballon à ses adversaires en infériorité plutôt que d’insister pour faire le break. Conducteur de cette ambulance sur laquelle on ne tire pas, Pep Guardiola n’en demandait pas tant. En urgence, il fait entrer Dante à la place de Sebastian Rode, le Sébastien Roudet de Bavière, puis se met à gesticuler sur son banc de touche. Son objectif à ce moment de la partie ? Ne jurer que par sa philosophie. Celle de la possession et du ballon qui vit. Apparemment en quête d’une bonne note en tant qu’hôte sur AirBNB, les coéquipiers de Samir Nasri se laissent faire. En balade, les Bavarois donnent l’impression d’être en supériorité numérique face à des adversaires en tête au tableau d’affichage, mais qui n’existent que par des coups de rein de Jesús Navas. Mené mais solide, ce Bayern a la gueule d’une équipe que l’on n’a pas envie de défier. Et évidemment, pendant que les Citizens s’endorment, ce qui devait arriver arrive. Une accélération devant la surface de Ribéry, une faute bête de la charnière centrale, un coup franc à ras de terre de Xabi Alonso et les Allemands comblent leur retard au tableau d’affichage. Le chrono n’a bougé que de 18 minutes depuis l’expulsion de Benatia et sur la pelouse, c’est comme si rien ne s’était passé.
Le vide, puis le Kun
En dehors et à des milliers de kilomètres, en revanche, il y a eu de l’action. Un duel dans le froid moscovite entre le CSKA et la Roma qui a débouché, au bout du suspense, sur un match nul (1-1). Le résultat rêvé pour les hommes de Manuel Pellegrini qui, même derniers de la poule, s’assurent à distance une « finale pour la deuxième place » . Se l’assurer sans jouer est une chose. Se la compliquer en faisant semblant de jouer en est une autre. Car c’est bien cela que font les Citizens : à défaut de tirer sur l’ambulance, ils se collent une balle dans le pied. Fraîchement rejoints au score, les Anglais ne resserrent pas l’étreinte autour de l’impressionnant collectif munichois et se font sanctionner une poignée de minutes après le but de Xabi Alonso. Bien servi par un centre de Boateng, Lewandowski parvient à dominer Kompany et Sagna de la tête et profite d’un Hart aux fraises pour donner l’avantage aux siens. Un avantage mérité puisque City a décidé d’arrêter de jouer et de ne reprendre que par à-coups, en seconde période. Incapable de mettre à mal des Munichois à dix et un Neuer toujours aussi bon face à Navas ou Milner, la bande à Nasri voit les minutes défiler et s’apprête à se rendre au stadio Olimpico avec un flingue sur la tempe : une victoire par trois buts d’écart ou l’élimination. Mais à défaut d’avoir du caractère et des supporters qui chantent plus fort que les quelques centaines de munichois présents, les Citizens possèdent un joueur d’exception. Lancé seul en contre suite à une erreur de Xabi Alonso, Agüero fausse compagnie à Dante et place une frappe parfaite du gauche dans le petit filet d’un Neuer étendu de tout son long. Le reste aurait pu appartenir aux calculatrices et au goal average. Il appartiendra à l’histoire et à Sergio Agüero.
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Par Swann Borsellino