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Agression d’une équipe U18 à Reims : « Ce sont des quartiers qui sont en guerre »
Une simple rencontre de championnat U18, et finalement, un déferlement de violence. Ce samedi 26 septembre, les jeunes de l'équipe de la Neuvillette-Jamin, à Reims, viennent de l'emporter 3-0 contre ceux de l'AS Taissy quand ils voient plusieurs dizaines d'individus armés de battes et de haches enfoncer les grillages du stade et les prendre en chasse. Trois d'entre eux finiront à l'hôpital.
« Le match s’est passé sans problème, il n’y a eu aucun carton, pas de bagarre, les joueurs se sont checkés à la fin. » Plusieurs jours après les faits, l’un des éducateurs du club de la Neuvillette, à Reims, a encore du mal à y croire. Samedi dernier, aux environs de 17h, les U18 du club viennent de remporter leur rencontre contre l’AS Taissy quand plusieurs dizaines d’individus enfoncent le grillage qui entoure le terrain pour briser le huis clos et s’en prendre aux joueurs. Ces derniers prennent la fuite, mais plusieurs d’entre eux seront blessés et trois hospitalisés.
Comment a-t-on pu en arriver là ? « On a joué chez un adversaire qui a loué un terrain au CREPS, dans le quartier de la Croix-Rouge. Nous, on est proches du quartier d’Orgeval, ce sont des quartiers qui sont en guerre, tente-t-il d’expliquer. Le problème vient du fait que l’on déplace des personnes d’un territoire sur un autre territoire. Cela a donné lieu à un regroupement armé de 40 à 50 personnes, obligeant certains à se cacher dans des voitures et où ils pouvaient ; ceux qui n’ont pas pu se cacher ont fini à l’hôpital. » Ces derniers mois, plusieurs rixes ont éclaté entre des jeunes issus des deux quartiers. Le 1er février, quelques dizaines de mères de famille du quartier d’Orgeval défilaient pour dénoncer l’escalade de violences, quelques jours après une nouvelle altercation.
« Ce sont des choses hors football »
Le week-end dernier, ce sont en effet bien les joueurs de la Neuvillette qui ont été pris pour cible exclusivement, pas du tout leurs adversaires ni le matériel. « On a des minibus avec l’écusson du club. Ils étaient garés hors de notre vue, ils auraient très bien pu être dégradés, mais cela n’a pas été le cas », reprend l’éducateur du club, qui se veut toutefois rassurant sur l’état de santé des joueurs qui ont été blessés. Le jour même, huit personnes avaient été interpellées, dont six mineurs, avant d’être remises en liberté depuis. « Le club a lancé un appel au calme, on aimerait que les choses s’apaisent, reprend le formateur rémois. On va laisser la justice faire son travail. » La priorité désormais est de passer à autre chose et de recommencer à parler de jeu pour celui qui n’a « aucun problème de comportement avec[ses]joueurs » tout au long de l’année.
Pour cet éducateur, « ce qui s’est passé, ce sont des violences urbaines, ce qui est un vrai problème aujourd’hui dans la ville de Reims ». Une agression sans lien avec le football en tant que tel. « Encore une fois, on est hors foot, ça aurait été un match de basket ou autre, ça aurait été la même chose, est-il persuadé. C’est d’autant plus déprimant quand on a envie de mettre en place un projet éducatif. » Et lui, ce qui l’intéresse justement, c’est le ballon rond et désormais la suite de l’année avec son équipe. « La saison va continuer, on repart sur le football, assure-t-il. On veut retrouver de la sérénité et passer à autre chose. » Surtout après un bon départ sur les pelouses, puisque ses protégés ont remporté leurs deux premiers matchs de championnat et pointent à la deuxième place de leur poule de D2 avant la troisième journée prévue ce samedi. Un week-end qui s’annonce chargé pour le club basé dans le nord de la capitale de la Marne, puisque l’équipe première s’apprête à vivre un derby passionnant : « On reprend notre activité, l’équipe Une reçoit Sedan dimanche en Coupe de France. » Une belle opportunité de penser de nouveau au football.
Par Tom Binet
Propos recueillis par TB.