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Agents : comment vivre dans l’ombre de Bernès, Mendès ou Raiola ?

Par Nicolas Jucha
Agents : comment vivre dans l’ombre de Bernès, Mendès ou Raiola ?

À partir du 1er avril, la FIFA va autoriser la pratique du métier d'agent sans licence. L'occasion de se pencher sur le quotidien de la majorité des 300 agents reconnus par la Fédération française de football, pour la plupart sans mandat et donc sans revenus liés à l'activité de gestion de footballeurs. Portraits.

En février dernier, La Provence nous narrait l’histoire de Moussa Bakary, agent de joueurs non licencié. Mais sa fonction d’agent ne marchant pas trop – « je n’arrivais pas à rentrer des contrats de joueurs » -, le jeune homme s’était trouvé une activité de complément, la vente de résine de cannabis, commerce lui ayant valu une condamnation à cinq ans de prison ferme. Comme Moussa Bakary, beaucoup de ceux qui ont tenté de se faire une place dans l’univers des agents de footballeurs peinent aujourd’hui à vivre de cette activité hautement concurrentielle. Mais contrairement à celui qui appelait Franck Ribéry et dealait avec le même 06, la plupart des autres agents en manque de footballeurs ont des plans B moins risqués. Portraits de trois agents licenciés qui ne vivent pas du foot.


L’agent municipal

Appelons-le Pascal, car il a décidé de garder l’anonymat afin de pouvoir parler librement. Employé municipal dans le Sud de la France, il a la licence d’agent de footballeurs agréés par la FFF, mais « aucune activité depuis 4-5 ans » . Pour lui, la fonction relève plus d’une expérimentation, un moyen « d’avoir une corde de plus » à son arc. Car Pascal en est persuadé : « Le métier d’agent ne me convient pas forcément. » La raison est assez simple : « On a affaire à des joueurs un peu spéciaux, c’est l’agent qui promet le plus qui obtient quelque chose. » D’où une vision négative du métier, car « il faut avoir du culot et promettre plus que ce que l’on peut donner » .

Pas forcément le credo de Pascal, un homme éduqué, mais qui a bien conscience que les joueurs ne s’intéressent pas à ses diplômes, « seulement à l’argent qu’on peut leur rapporter » . De son passé actif dans le foot, l’agent municipal garde quelques mauvais souvenirs, comme celui d’un joueur de National qui a refusé de signer un mandat, puis a explosé. « Je lui ai trouvé un club en Ligue 2, j’avais l’accord du directeur sportif, puis au moment de signer, j’ai été doublé par un autre agent qui avait des contacts dans le club vendeur. »

Aujourd’hui, Pascal* ne sait pas s’il replongera un jour en cas d’opportunité. Question de rythme de vie : « Ce qui est compliqué dans le métier, c’est qu’on est en décalage avec sa famille et ses amis, car on doit tout le temps être sur le terrain le week-end. » Bien qu’agent « dormant » , il n’a pas manqué de susciter l’intérêt de certains grâce à sa licence, des personnes sans le précieux sésame, mais disposant de réseaux, notamment « quelqu’un qui était en mesure de placer des joueurs francophones dans des clubs asiatiques » . Mais il n’a pas donné suite, préférant la stabilité des conseils municipaux à l’indécision d’une négociation en Chine…


L’avocat d’affaires

Lui aussi veut parler en off. Appelons-le maître Gilbert*, car il est avocat d’affaires et se définit comme ayant la double casquette agent/avocat. « D’ailleurs, je suis consulté dans le monde du foot aujourd’hui principalement pour mes compétences juridiques, un travail de vérification et de validation des contrats » , dit-il. L’homme de loi n’a donc pas l’entremise d’agent, il est totalement inactif sur cet aspect, et intervient pour assister agents et footballeurs, voire des clubs, sur des points précis des contrats ou des aspects fiscaux.

Son regard sur le métier est assez réaliste : « Je serais étonné qu’il y ait plus d’une trentaine d’agents qui gagnent raisonnablement leur vie de cette activité à temps plein. Des agents qui représentent des joueurs de Ligue 1 ou Ligue 2, il n’y en a pas beaucoup. » Son incapacité à percer, Maître Gilbert l’explique par un manque de temps, et donc l’impossibilité « d’aller sur le terrain pour repérer des talents. » Quel intérêt alors d’avoir passé la licence et de la conserver aujourd’hui ? « Pour développer mon activité d’avocat et découvrir un milieu qui m’a toujours attiré, évoluer aux côtés d’acteurs du sport. » Dans les faits, il ne sera jamais un agent de footballeur, seulement l’expert juridique qu’on interroge « sur des points spécifiques de la loi » . Et qui est donc rémunéré en tant qu’avocat…

Car en ce qui concerne le métier d’agent, il estime le marché biaisé, car « les joueurs professionnels accordent beaucoup d’importance à la renommée des agents, si bien qu’ils ont tendance à ne pas faire confiance à des gens compétents mais à des gens connus. Ces agents qui ont pignon sur rue peuvent ainsi signer plus de mandats avec des jeunes joueurs et donc avoir de chances de toucher le gros lot quand l’un d’eux perce » .


L’actuaire

Qu’est-ce qu’un actuaire ? Une sorte d’ingénieur des risques, le plus souvent employé d’une compagnie d’assurances ou d’une banque, pour évaluer avec précision des risques financiers. C’est le métier de Stéphane*, qui parle lui aussi sous couvert d’anonymat et ne gagne pas non plus d’argent grâce à sa licence d’agent. Non pas qu’il ait laissé tomber l’idée de dénicher le prochain Paul Pogba ou Antoine Griezmann, d’autant qu’il commence juste à apercevoir les résultats de son travail : « J’ai surtout des jeunes en centre de formation que j’essaie d’amener au plus haut niveau. Des jeunes de 16-17 ans. » Ce qui explique pourquoi l’agent licencié qu’il est doit continuer de travailler à plein temps à côté, car il est interdit d’être rémunéré pour des services auprès d’un joueur non professionnel.

« Je me suis mis à vraiment chercher des joueurs il y a deux ans, le plus dur au départ, c’est de se créer un réseau, se faire connaître des joueurs et des clubs. » Une stratégie qui prend du temps, mais la seule porte d’entrée possible vu qu’il n’a jamais été joueur professionnel. Pour lui, la fonction a été « vilipendée à cause de certains qui n’ont pas respecté les règles » alors que le métier nécessite de lourds investissements en temps, mais aussi en argent. « Surtout si le joueur avec lequel vous travaillez ne perce pas » , précise Stéphane. Pour lui, être agent n’est pas forcément une question d’argent, mais plus de passion, avec l’idée de départ « d’aider des jeunes de mon entourage qui souhaitaient faire carrière » .


Aujourd’hui, le temps qu’il consacre au football est variable, même s’il travaille le plus souvent lors des périodes de recrutement des centres de formation : « Je contacte des clubs, je m’informe sur les profils qu’ils recherchent, et j’amène des gamins qui correspondent aux détections. » Jusqu’à présent, il n’a pas gagné d’argent, mais certains de ses poulains approchent d’un premier contrat pro, la promesse de première rémunération pour l’agent malgré le risque de voir certains joueurs changer de représentant au dernier moment. « J’en suis conscient, mais je mise sur le fait que trois ou quatre seront honnêtes jusqu’au bout, même si c’est un métier où gravitent pas mal de gens pas très recommandables, un peu comme dans une mafia. »

Au PSG, une attaque aux dents encore trop courtes ?

Par Nicolas Jucha

* Les prénoms ont été changés.

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