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Affaire Neymar : que risque vraiment Barcelone ?
C’est officiel : le Barça est mis en examen. Le « Neymar Gate » avait déjà fait une victime avec la démission de Sandro Rosell en janvier. Mais si ce n’était que le début des emmerdes ? Le FC Barcelone aurait ainsi caché plus de 9 millions d’euros au fisc espagnol.
Le Barça a rechuté. Moins d’un mois après la démission de son président, la direction blaugrana se retrouve de nouveau à la Une de la presse espagnole. En cause, toujours cet inextinguible « Neymar Gate » . Mercredi, le nouveau rebondissement révélé par Marca apporte des nouvelles pièces à charge. Selon le premier quotidien d’Espagne, le Parquet de l’Audience nationale de Madrid a demandé la mise en examen du club. Depuis ce jeudi, la mise en examen est officielle. Le sujet de cette plainte, un délit vis-à-vis de l’Hacienda (le Trésor Public). Le Barça aurait ainsi caché 9,1 millions d’euros aux impôts sur le transfert de la starlette brésilienne. Pour le moment, cette plainte ne touche « que » le FC Barcelone. Autrement dit, le club est considéré comme la personne juridique, les hommes en question ne risquent rien à titre personnel. Pour le moment. Si la fraude est avérée, le club devra s’acquitter d’une amende pouvant aller du double au quadruple de ces 9,1 millions d’euros. Neymar pourrait donc coûter bien plus que 57, 86 ou 94 millions. Pis, c’est toute l’image du club qui prendrait un sacré coup. Tentative de décryptage d’une affaire qui n’a pas fini de rebondir.
Neymar : 11 contrats signés entre 2011 et 2013
Pour reprendre le fil de cette affaire, il faut remonter en 2011. Neymar, alors à Santos, n’a que 19 ans. Le Barça tente de prendre les devants sur tous ses concurrents et signe une série d’accords avec le joueur et son entourage. Entre cette date et 2013, année de son arrivée officielle au Camp Nou, pas moins de 11 contrats sont paraphés. Dans le détail, deux d’entre eux concernent le contrat de travail du joueur et les droits d’acquisition à son club de Santos. Les neuf autres regardent des sociétés en lien avec le joueur. Un véritable sac de nœuds. Saisi par une plainte du socio Jordi Cases, le juge de l’Audience Nationale Pablo Ruz ouvre une enquête. Elle avait contraint Sandro Rosell, alors président du FC Barcelone, à la démission. Depuis, la nouvelle direction du club emmenée par Josep Maria Bartomeu s’était lancée dans une opération de communication. Le club avait accepté de rendre publics les détails confidentiels du transfert pour s’offrir une virginité. Les résultats de l’équipe fanion aidant, il s’espérait sorti d’affaire. Raté.
Depuis mercredi, et les révélations de Marca, l’affaire prend une forme bien plus officielle. Le quotidien madrilène expliquait ainsi qu’une mise en examen allait être effective d’ici peu. Les journaux barcelonais Mundo Deportivo et Sport reléguaient alors cette information de premier plan en brève. De quoi attirer l’attention. Ce jeudi après-midi, la mise en examen est rendue officielle par ce même juge Ruz : « Les indices présents sont suffisants pour l’investigation d’une possible commission d’un délit contre le trésor public de la part de l’entité Football Club Barcelone. » En soi, le juge dispose de preuves suffisantes pour prouver que le club a caché quelques millions d’euros lors de ce transfert : une fraude fiscale si vous préférez. Après l’étude de ces 11 contrats, la somme serait de 9,1 millions d’euros. Elle aurait été transférée au père de Neymar, directeur de la société qui gère les droits de l’international brésilien. Dans un tel cas, la loi espagnole prévoit une amende pouvant aller du double au quadruple du montant de la fraude.
Papa Neymar dans l’œil du cyclone
Dans l’orbite de l’enquête se trouve donc Neymar Da Silva, père de. Propriétaire de sociétés gérant l’image de son fils, il aurait reçu ces 9,1 millions d’euros non déclarés. Des pots-de-vin. Mercredi, dès la parution des informations de Marca, il s’est fendu d’un communiqué sur son site internet. Extraits choisis : « Tout (l’argent, ndlr) est reçu au Brésil et évidemment tous les impôts sont payés ici. Aucun des partenaires des entreprises de Neymar ne possède de compte ou de structure en dehors du pays, ni avec des personnes physiques ou juridiques. » Pas encore inquiété par le fisc espagnol, il est en bisbille avec celui du Brésil. Bref, pour tenter de résoudre l’imbroglio sur ce transfert, les autorités compétentes des deux pays devraient travailler conjointement. Car pour le moment, seul le Barça en tant qu’entité est mis en examen. Les signataires des précontrats, que ce soit Sandro Rosell, Javier Faus et Josep Maria Bartomeu ne sont pour le moment pas inquiétés à titre personnel. Pablo Ruz résume ainsi le problème : « Il y a eu une simulation contractuelle en principe réalisée entre les différents signataires des accords, qui pourrait mettre en évidence un manque de correspondance entre la cause et le but réel des engagements et obligations économiques. » Un joyeux bordel.
Par Robin Delorme, à Madrid