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Affaire Hamraoui-Diallo : retour dix mois en arrière
Interpellée ce vendredi matin dans le cadre de l'enquête sur l'agression de Kheira Hamraoui le 4 novembre 2021, Aminata Diallo a été mise en examen et placée en détention provisoire. Dix mois après avoir vu les enquêteurs mettre fin à une première garde à vue sans retenir de charges contre elle, l'ancienne milieu du PSG est de nouveau dans la tourmente. Elle est désormais accusée d'avoir commandité l'attaque.
C’est ce que l’on appelle un retournement de situation pour le moins inattendu. Le 4 novembre dernier, alors que les deux joueuses rentraient au domicile de Kheira Hamraoui, cette dernière était victime d’une agression à la barre de fer, la blessant gravement aux jambes. Présente, Aminata Diallo était placée en garde à vue dès le lendemain, avant d’en ressortir quelques jours plus tard, sans qu’aucune charge ne soit retenue contre elle. Et si les enquêteurs n’ont semble-t-il jamais écarté l’option d’une rivalité sportive pour expliquer l’affaire, la joueuse formée à Guingamp a par la suite reçu de nombreux soutiens, considérant que son nom avait injustement été associé à cette histoire. Or, ces derniers jours, l’enquête a pris une tout autre tournure, et voilà de nouveau Aminata Diallo au centre de l’équation.
Corbeau, appels douteux et recherches Google
En milieu de semaine, ce sont quatre personnes, suspectées d’avoir commis l’agression sur Kheira Hamraoui, qui ont été interpellées. Quatre suspects qui pointent du doigt dans la direction d’Aminata Diallo. « Tous les quatre mettent en cause Madame Diallo (…) comme étant la commanditaire des violences, pour lui permettre d’occuper le poste de la victime lors de compétitions à venir » , précisait le communiqué du parquet du tribunal judiciaire de Versailles, vendredi soir, au moment d’annoncer l’incarcération de la joueuse. Arrêtée vendredi, cette dernière a en effet été présentée dans la journée à la juge d’instruction en charge de cette affaire, Joëlle Nahon, qui a décidé de sa mise en examen et de son placement en détention provisoire.
Les policiers en charge de l’enquête ont depuis découvert deux recherches troublantes sur son ordinateur, en date du 30 octobre dernier, soit quelques jours avant les faits. Diallo aurait en effet tapé « cocktail de médicaments dangereux » puis « casser une rotule » dans un moteur de recherche, selon les informations de L’Équipe. De plus, le numéro de téléphone du corbeau, en lien avec les agresseurs, était enregistré dans l’ordinateur de bord du véhicule dans lequel circulaient les deux joueuses. Le Parisien livre de son côté d’autres détails de cette triste soirée du 4 novembre. Dans la foulée de l’agression, le commanditaire aurait appelé les agresseurs pour leur reprocher de ne pas avoir cassé les jambes d’Hamraoui. Ces derniers auraient alors compris qu’il s’agissait de sa coéquipière, seule personne en mesure d’être ainsi informée aussi rapidement.
Mises au ban du PSG
Plus de dix mois après les faits, l’affaire pourrait donc connaître son dénouement, du moins sur le volet judiciaire. Côté terrain et vie personnelle en revanche, les conséquences ont également été importantes pour les deux joueuses, et continuent de l’être. En fin de contrat avec le PSG en juin dernier, Diallo n’a pas été prolongée, et la suite de sa carrière semble de plus en plus floue. Quant à Hamraoui, le club de la capitale ne compte plus sur elle pour des questions sportives. Le train de l’équipe de France semble également définitivement passé pour celle qui n’a pas été appelée par Corine Diacre pour l’Euro cet été.
— Kheira Hamraoui (@kheirahamraoui) September 17, 2022
« Je n’oublierai jamais cette soirée du 4 novembre 2021. Elle me hante nuit et jour. Cette sombre soirée qui a fait basculer ma vie personnelle et professionnelle, ma vie de femme et de footballeuse. Cette triste soirée où j’ai cru mourir lorsque deux hommes cagoulés m’ont obligée à sortir de force d’un véhicule, a-t-elle écrit dans un long message publié sur son compte Twitter. Cette nuit-là, leur objectif était simple : ôter par une violence extrême mon outil de travail en brisant mes jambes et mettre un terme à ma carrière. »
Une situation extrêmement douloureuse pour l’intéressée, comme le rappelait son avocate, Julia Minkowski, ce samedi auprès de BFMTV : « Kheira Hamraoui est tombée dans un véritable guet-apens, soigneusement préparé et manifestement commandité par une de ses coéquipières. Ce qui est tout à fait inédit dans les annales du sport en France et peut-être même dans le monde entier. (…) Il y a peu de doutes sur l’implication d’Aminata Diallo. C’est en tout cas aujourd’hui la conviction de ma cliente et de moi-même. » Pas invitée à disputer la moindre minute depuis le début de saison, la joueuse de 32 ans espère pouvoir rapidement se concentrer exclusivement sur le football. « J’aspire aujourd’hui à retrouver le plaisir du rectangle vert, conclut-elle.Et de continuer à gagner. Car s’il y a bien une chose qui n’a pas changé depuis ce drame, c’est mon ambition pour moi et pour mon pays. »
Par Tom Binet