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Adrien Trebel : « Ici, l’ambiance n’a rien à voir avec la Beaujoire »

Propos recueillis par Rodolphe Ryo
11 minutes
Adrien Trebel : « Ici, l’ambiance n’a rien à voir avec la Beaujoire »



Placardisé par le FC Nantes pour avoir refusé de prolonger, Adrien Trebel avait pris la direction du Standard de Liège l'été dernier. En une saison, le chouchou de la Beaujoire est devenu celui du stade de Sclessin. Après avoir bien profité du soleil de Cancún, l'ancien Canari est de retour à l'entraînement. L'occasion de parler avec lui de Michel Der Zakarian, de Marco Verratti, mais aussi de Serge Deblé.

Comment ça va ? Les vacances sont finies ?



Ça va très bien ! Je suis rentré à Liège samedi dernier après un mois de vacances. Je suis parti à Marrakech avec mon ami et coéquipier du Standard, Mehdi Carcela, et j’ai aussi été à Cancún. Je reconnais que c’était un programme plutôt bien sympa.



Tu as repris l’entraînement ? Pas trop difficile la reprise ?


On a repris l’entraînement depuis une semaine. L’objectif, c’est que l’équipe soit prête pour le premier match de championnat, le 25 juillet contre Courtrai. C’est vrai qu’en ce moment, on souffre pas mal. La préparation physique est assez lourde. Le matin, le coach insiste beaucoup sur le travail athlétique et on ne touche le ballon que l’après-midi.



Vous avez changé d’entraîneur à l’intersaison. Slavoljub Muslin a remplacé José Riga. Tu as déjà eu l’occasion de t’entretenir avec lui ?



Oui, on s’est parlé dès mon retour de vacances. Il m’a dit qu’il voulait jouer en 4-3-3 et que pour lui, la possession était très importante. Il veut évoluer avec un joueur vraiment devant la défense et deux milieux relayeurs positionnés plus haut. Moi, ça me plaît, c’est un système que j’affectionne particulièrement. Après, les cartes sont redistribuées, ce qui est tout à fait normal. Il va étudier la préparation et la condition physique de chaque joueur et il fera son choix. Il va falloir tout donner. Mais j’ai eu trois coachs l’an dernier et à chaque fois, je me suis battu pour avoir ma place, donc je suis préparé.



Justement, tu as connu José Riga en fin de saison. Tu as sûrement vu qu’il venait de rejoindre Metz. Quelle est sa philosophie de jeu ?



C’est un entraîneur qui insiste sur le jeu et les entraînements sont surtout basés sur la possession de balle. Après, c’est difficile de juger un entraîneur en si peu de temps. Il n’a passé que quatre mois ici.



On est en plein mercato, donc les rumeurs vont bon train en ce moment et j’ai lu que tu étais suivi par certaines équipes comme Séville ou Hanovre. Tu comptes rester au Standard ?



Quand j’ai signé ici, le deal c’était de faire deux saisons. Après tout est possible, et comme on dit, on ne sait jamais ce qu’il peut se passer dans le football. Et comme tout le monde, je lis la presse, je vois passer des infos, des rumeurs aussi sur Internet, mais je ne m’occupe pas de ça. Je fais confiance à mon agent pour gérer tout ça. Ce qui est sûr c’est que j’ai la tête à Liège.



SI UN JOUR JE REVIENS EN FRANCE, CE SERA POUR UN CLUB DU TOP 5




Un retour à Nantes n’est donc pas du tout envisageable ?



Non. J’ai découvert l’étranger, une autre culture, et c’est une culture que j’aime. Je n’ai pas l’intention de revenir à Nantes et je ne suis pas non plus dans l’optique de revenir en France. Et si un jour je reviens, ce sera pour signer dans un club du top 5.



Tu as rejoint le Standard l’été dernier. Pourquoi avoir signé là-bas ?



Parce que le feeling est très bien passé avec les dirigeants et je savais que je rejoignais un très grand club en signant au Standard. Le championnat belge est aussi une bonne vitrine pour se montrer. J’ai tout de suite senti la confiance du président, alors que ça faisait quand même six mois que j’étais à la cave avec Nantes. Ça a beaucoup compté pour moi. Et puis William Vainqueur (ancien joueur de Nantes et du Standard) ne m’avait dit que du bien du club, des installations, des supporters … Il m’a dit : « Franchement Adri, hésite surtout pas, viens au Standard. » Je ne regrette pas mon choix.



Tu avais d’autres pistes que le Standard à ce moment-là ?



Oui, j’ai eu la chance de visiter de grands clubs comme Parme, le Sporting Braga, où j’aurais pu retrouver Vincent Sasso (passé par Nantes), Troyes, Bastia ou encore Caen. J’avais d’ailleurs donné ma parole à Caen que si jamais ça ne se faisait pas avec le Standard, je signais chez eux. Des clubs grecs étaient aussi intéressés.





Vous terminez quatrièmes pour ta première saison au club. C’est une déception ?



Forcément. On avait montré de très bonnes choses tout au long de la saison et au final on finit quatrièmes, derrière Anderlecht. Il y a des regrets, c’est clair. Cette année, le coach vise les trois premières places et un bon parcours en Ligue Europa. Personnellement, je veux être champion.

Tu t’es blessé pendant la préparation la saison dernière, mais tu as ensuite enchaîné une trentaine de matchs comme titulaire. Comment juges-tu ta première année avec le Standard ?



Positive. C’est vrai que je me suis blessé quasiment dès mon arrivée, après seulement deux semaines d’entraînement. Mais je me suis vraiment battu pour revenir le plus vite possible. Le coach, Guy Luzon, m’avait dit qu’il comptait sur moi et qu’il avait besoin de moi. Alors forcément, c’est ce type de discours qui te donne encore plus envie de te rétablir rapidement. Quand je suis revenu, j’ai réussi à gagner ma place dans le onze de départ. Je suis content de ma saison même si je suis exigeant avec moi-même et je sais que j’ai des points à améliorer, notamment mon rendement devant le but. Je dois vraiment faire plus de passes décisives et marquer plus de buts. J’en ai mis 4 la saison passée, toutes compétitions confondues, ce qui n’est clairement pas assez. Je dois atteindre la barre des 10 buts.



Peux-tu nous parler de ton positionnement sur le terrain ? Tu étais baladé un peu à tous les postes du milieu à Nantes, alors qu’au Standard, tu sembles t’être fixé dans un rôle de milieu relayeur, c’est bien ça ?

Exactement. J’ai commencé devant la défense à mon retour de blessure parce que l’on jouait dans un système assez défensif. Et je manquais un peu de rythme pour pouvoir évoluer plus haut. Ensuite, je me suis progressivement fixé en 8, comme milieu relayeur, mais j’ai aussi été amené à jouer en soutien de l’attaquant, comme contre Séville en Ligue Europa. Mais le poste où je me sens le plus à l’aise aujourd’hui, c’est milieu relayeur.





Tu as des modèles à ce poste, des joueurs qui t’inspirent ?



Oui, Marco Verratti et Andrés Iniesta. Verratti est tout simplement impressionnant. Tout ce qu’il fait est propre. On a l’impression qu’il prend des risques, mais il s’en sort toujours. Quand je regarde un match du PSG ou du Barça par exemple, je me focalise quasiment seulement sur Verratti et sur Iniesta. Je me concentre sur leurs appels, leurs déplacements, leur jeu avec et sans ballon.






LE RENDEZ-VOUS AVEC FRANCK KITA À DURÉ TRENTE SECONDES




Revenons sur ton époque nantaise et sur cette dernière saison pour le moins compliquée au club. On est en janvier 2014, le club te propose une prolongation, mais tu refuses. Pourquoi ?



J’ai refusé de prolonger à ce moment-là parce que je ne sentais pas du tout la confiance du coach, et encore moins celle des dirigeants. J’en ai parlé avec mes proches et j’ai pris cette décision. La direction m’a ensuite donné rendez-vous pour s’expliquer. J’y suis allé avec mon agent. Il n’y avait que Franck Kita, le directeur général du club. La discussion n’a même pas duré 30 secondes.
 Je savais aussi que même si je prolongeais, le coach ne me ferait pas plus jouer. Je vais être très franc : pour moi, à ce moment-là, je n’avais pas le bon agent pour jouer à Nantes. Le club m’aurait prêté. C’est ce qui est arrivé à Birama Touré. Quand tu vois qu’il joue 31 matchs de Ligue 1 en 2013-2014 et que derrière il est envoyé en prêt à Brest, en Ligue 2, tu peux te poser des questions. Il y a quelque chose qui cloche, non ? 
Et puis si tu regardes bien, ma première titularisation cette saison-là, c’est à Guingamp (le 30 novembre 2013, ndlr) et derrière, j’ai commencé à avoir plus de temps de jeu. Coïncidence ou pas, on était alors en pleine négociation.



À l’époque, Der Zakarian expliquait souvent aux médias que tu étais du genre à bouder et à tirer la tronche quand tu ne jouais pas.



Je sais. Je ne jouais quasiment pas, donc je pense que ce n’était pas si anormal que cela que je ne sois pas le plus heureux du monde. Mais il n’y a jamais eu de conflits avec Der Zakarian. J’ai toujours respecté ses choix. Je ne jouais pas et l’équipe avait de bons résultats. Après, le problème, c’est qu’il avait son onze et que même quand j’étais très bon à l’entraînement et certains titulaires moins, je restais sur le banc. Quand il a remplacé Landry Chauvin à l’été 2012, il est arrivé avec ses onze titulaires en tête, et je n’en faisais pas partie. Mes relations avec lui, ça se limitait à « Bonjour, au revoir » .



Après ton refus de prolonger, tu es retiré du groupe professionnel et envoyé avec la réserve en CFA jusqu’à la fin de la saison.



La sanction est tombée très vite et je m’y attendais. J’étais préparé mentalement. J’ai eu la chance de retrouver Loïc Amisse, le coach de la CFA. Il m’a toujours soutenu.



Avec ton conseiller, tu as ensuite saisi la commission juridique de la LFP.



Oui, parce que j’avais un contrat professionnel, donc je devais m’entraîner avec les pros. Tout simplement. Et je voulais au moins pouvoir jouer les matchs avec la CFA. Amisse me disait : « Écoute Adri, si je ne te fais pas jouer en CFA, c’est parce que l’on me demande de ne pas te faire jouer. » Si j’ai saisi la commission juridique, ce n’était pas pour réclamer de l’argent comme j’ai pu l’entendre. La LFP a rejeté notre demande en février, mais on a fait appel, et on a finalement obtenu gain de cause deux mois après. Le club a été obligé de me réintégrer au groupe professionnel.



Tu en veux encore au club aujourd’hui ?



Pas du tout, je ne suis pas quelqu’un de rancunier. Malheureusement, ça fait aussi partie du foot et je pense même que ces épisodes m’ont fait grandir. J’ai aussi gardé de très bons souvenirs de mes saisons nantaises. Je remercie encore Baptiste Gentili pour m’avoir lancé en Ligue 2, Landry Chauvin qui m’a fait confiance, Loïc Amisse et Samuel Fénillat pour m’avoir toujours soutenu. Même le président. Je n’ai pas de rancœur envers lui. C’est lui qui m’a donné mon premier contrat professionnel. Il m’a même appelé avant que je signe au Standard pour essayer de rattraper la situation.



Tu as salué Der Zakarian avant ton départ ?



Oui, je lui ai serré la main, je l’ai regardé dans les yeux comme un grand garçon et je suis parti.





KLASNIC ÉTAIT UN TUEUR À L’ENTRAINEMENT, IL ENFILAIT LES BUTS




Tu es resté en contact avec certains joueurs de Nantes ?



Bien sûr. Je suis très souvent au téléphone avec Chaker Alhadhur. Je le connais depuis l’âge de 12 ans, depuis que je suis arrivé au centre de formation. Il vient de signer à Caen, je suis très content pour lui. On se capte aussi souvent avec Birama Touré, et avec Serge Gakpé. J’étais d’ailleurs au téléphone avec lui il y a moins de cinq minutes. C’est bien pour lui d’avoir signé au Genoa. Il était arrivé à la fin d’un cycle, il avait besoin de changement. Je suis aussi resté en contact avec la famille d’accueil qui m’a hébergé à mon arrivée à Nantes.



Quel est le joueur qui t’a le plus impressionné à Nantes ? Douglão ?



Je me souviens de Douglão ! Ça m’est arrivé de m’entraîner avec lui quand j’étais avec les pros. Il a été beaucoup critiqué, mais il a très bien rebondi à Braga si je me souviens bien. Le meilleur à l’entraînement, c’était Ivan Klasnić. C’était un tueur, il enfilait les buts. Et en match, c’était William Vainqueur. Il était vraiment facile techniquement et très bon à la récupération. Je me rappelle aussi d’un certain Serge Deblé. Il a fait quelques matchs à Nantes. Dès le premier entraînement, il nous avait tous impressionné. On était choqués. On s’est tous regardés et on s’est dit : « Mais c’est qui lui ? » Il faisait ce qu’il voulait avec le ballon et il était capable de dribbler tout le monde. Il s’est un peu perdu après je crois, c’est dommage.



À Nantes, tu avais le droit à ta propre chanson et aux fameux « Roux, roux, roux ! » quand tu entrais en jeu, comme pour Fernando Aristeguieta. La Beaujoire ne te manque pas trop ?



Les supporters nantais ont toujours été derrière moi, ils m’ont toujours soutenu, dans les bons comme dans les mauvais moments. Je me suis toujours arraché sur le terrain, donc je pense qu’ils aimaient ça chez moi. Mais j’ai aussi le droit à ma chanson ici à Liège ! Comme à Nantes, ils chantent : « Il est rouquin, il est rouquin, il est rouquin mais on l’aime bien ! » Les supporters sont géniaux à Liège.



Tu as d’ailleurs été élu meilleur joueur du club la saison dernière par les supporters. Après avoir été celui de la Beaujoire, tu es devenu le chouchou du stade de Sclessin ?



Peut-être ! C’est clair que ça m’a fait plaisir de recevoir une telle récompense. Je les remercie vraiment.



L’ambiance à Liège est du niveau de la Beaujoire ?



Ça n’a rien à voir ! C’est plus impressionnant ici. Il faut vraiment venir au stade pour comprendre la ferveur des supporters. Ils ne s’arrêtent pas une seule seconde pendant 90 minutes. Ils donnent tout, tout le temps.



Dernière question. L’équipe de France, c’est un objectif ou pas du tout ?



Quand tu as eu la chance d’y goûter en jeune, l’équipe de France est forcément un objectif. Bon, ce n’est pas non plus ce qui me préoccupe le plus en ce moment, mais j’y crois toujours. On verra bien.
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