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Rabiot, une prolongation au rabais
Annoncé avec insistance sur le départ, Adrien Rabiot a finalement prolongé son contrat d’un an avec la Juve. Si l’international français s’estime « heureux de rester à la maison », cette extension d’une seule pige pose aussi question concernant le prestige de la Juve qui s'est pliée aux exigences d'une certaine Véronique.
Turin-Saint-Tropez, Saint-Tropez-Turin. On ne parle pas ici d’une nouvelle ligne ferroviaire reliant le nord de la Botte au sud de la France, mais bien du trajet effectué quasi quotidiennement par Giovanni Mana depuis quelques semaines. En poste depuis le début du mois, le nouveau directeur sportif de la Juventus avait comme première mission de trouver un accord avec Adrien Rabiot qui profite actuellement de ses quelques semaines de vacances sous le luisard méditerranéen. Des pourparlers complexes, puisque le finaliste du dernier Mondial, sous contrat jusqu’au 30 juin 2023, a aussi des envies d’ailleurs et n’est pas insensible aux appels de phares des voisins européens, notamment de Manchester United.
Rabiot 2️⃣0️⃣2️⃣4️⃣🐴 pic.twitter.com/xmd9fzPyzs
— JuventusFC (@juventusfc) June 27, 2023
Mais les dirigeants bianconeri n’ont pas lâché, sur ordre de Massimiliano Allegri qui en a fait une affaire personnelle : Rabiot doit être turinois la saison prochaine. Et ça se comprend. Auteur d’une fantastique saison avec la Vieille Dame (48 matchs joués, 47 en tant que titulaire pour 11 buts et 6 passes décisives), le Val-de-Marnais s’est imposé comme le patron de cette équipe, enchaînant les solides prestations, devenant un titulaire indiscutable. « Sa progression est fantastique, il a énormément travaillé cette saison. Adrien est devenu un patron au milieu de terrain », félicitait le coach en avril dernier. Finalement, après plusieurs semaines de discussion, les deux camps sont tombés d’accord. « Adrien Rabiot prolonge son contrat jusqu’au 30 juin 2024 et est prêt à encore vivre de belles émotions avec le maillot noir et blanc », annonce alors ce mardi en fin d’après-midi la Vieille Dame dans un communiqué. Tout va bien dans le meilleur des mondes donc.
À la fin, c’est Véronique Rabiot qui gagne
Pourtant, cette histoire a comme un air de déjà-vu. Les supporters parisiens s’en souviennent encore. À l’été 2019, Adrien Rabiot quitte le PSG libre après de longs mois houleux entre le milieu et la direction du PSG. Mis à pied par le club et en conflit avec les dirigeants, le Titi parisien quitte son amour de jeunesse de la pire des manières et rallie le Piémont pour zéro patate. Le malheur des uns fait le bonheur des autres, dit-on. En effet, Véronique Rabiot – mère et agente d’Adrien – profitera de ce transfert libre pour négocier une belle prime à la signature auprès de la Juve, qu’elle obtiendra (environ 1,4 million d’euros). Le sens des affaires. Quatre ans plus tard, la finalité est la même. Certes, le club turinois et Rabiot ont trouvé un accord pour une prolongation, mais celle-ci est seulement d’un an, ce qui veut dire que l’ancien Toulousain partira libre l’été prochain. La Vieille Dame n’a que retardé l’échéance, et Mme Rabiot se frotte déjà les mains. Le 30 juin 2024, la businesswoman sera en position de force et pourra ainsi négocier d’éventuelles dots pour son fils avec les mastodontes européens, très certainement beaucoup plus élevées que celle obtenue en mai 2019. Car entre-temps, son bambin a pris du galon.
Pour la Juve, en revanche, ce dossier a tout d’un échec et témoigne de la perte de prestige du club ces dernières années. Alors certes, les Bianconeri peuvent se targuer d’avoir un top joueur dans leurs rangs pour la saison prochaine et qui apportera grandement sportivement, mais à l’issue de la saison, il partira très certainement gratuitement, puisque le clan Rabiot ne devrait pas accepter une énième prolongation. La Vieille Dame s’est pliée aux exigences du clan du joueur et n’en tirera aucune retombée économique. Un aveu de faiblesse rare du côté de la Juve et impensable il y a encore quelques années. Exemple avec le cas Paul Pogba. Alors au sommet de son art en 2014, la Pioche avait des envies de départ, mais a finalement prolongé son contrat pour retourner à Manchester deux ans plus tard pour 105 millions d’euros. De quoi prouver que le dossier Rabiot est un échec total, surtout dans la situation actuelle du club qui doit soigner son bilan financier. Si pour Rabiot, cette prolongation est avant tout « le choix du cœur » et que l’histoire « n’est pas encore terminée », rester à Turin pose aussi question au niveau sportif. Au sommet de son art à 28 ans, « le cheval fou » – surnom donné par les tifosi – a de quoi nourrir de plus grandes ambitions dans un club plus huppé, mais se contentera finalement de la Ligue Europa Conférence, compétition que les Turinois ne sont même pas certains de disputer.
Par Tristan Pubert