- Ligue 1
- J3
- PSG-Toulouse (6-2)
Adrien Neymar is the new Blaise Matuidi
Blaise Matuidi a tenu une place particulière dans le festival du PSG contre Toulouse. Pour sa dernière soirée au Parc, le néo-Turinois a même réussi ce tour de force : être à la fois dans les tribunes et sur le terrain, où l'hommage de Neymar et le rôle de Rabiot ont permis de comprendre que l'âme de Blaisou planerait pendant encore un bout de temps dans l'équipe parisienne.
On lui a tout dit. On lui a dit combien il a marqué une époque, on lui a dit merci, on lui a dit bienvenue du côté de la Juventus. La seule chose qu’on n’avait pas encore dite à Blaise Matuidi, c’était un simple au revoir, en lui promettant que sa succession serait bien assurée. Deux jours après l’officialisation de son transfert à la Juventus, c’est désormais chose faite, au Parc des Princes. Contre Toulouse, Matuidi était à la fois dans les tribunes et sur la pelouse. Ressuscité par Neymar, mais plus que remplacé par Rabiot, Blaise peut quitter Paris le cœur léger, il n’a pas été oublié par les étoiles qui prennent sa suite. C’était même écrit : en tenant la main à des jumeaux lors de l’entrée des équipes, Neymar et Rabiot étaient liés. Liés pour rendre un dernier hommage à l’une des premières pierres du projet d’un grand Paris.
Neymar charo
Ce dimanche 20 août 2017 à 20h40, pour la 296e fois, Blaise Matuidi apparaît sur la pelouse avec ses coéquipiers. Mais cette fois, il n’a pas le maillot parisien sur les épaules. Habillé d’une chemise noire aux croix rouges, l’ambulance parisienne pendant six saisons, toujours prête à intervenir aux quatre coins du terrain, se contente cette fois d’un petit tour au milieu de ses désormais ex-partenaires. Une longue accolade avec chacun, sous les chants du Parc et devant une banderole d’une sobriété heureuse – « Respect et merci. Blaise à jamais Parisien » –, puis il s’est retiré. Et s’il était accompagné de ses enfants, Blaisou n’a pas eu besoin d’arrêter le match ou de quitter la pelouse en chaussettes pour marquer les esprits. Ni roi ni légende, mais ouvrier indispensable au collectif, Matuidi a récolté ce qu’il a semé : l’hommage de ses coéquipiers.
Le premier et le plus inattendu est venu de Neymar. L’histoire retiendra que son premier but au Parc des Princes, le nouveau numéro 10 parisien l’a célébré en envoyant une célébration de charo aussi bien sentie que ses prises de balle. Une initiative qui montre deux choses : un, que Neymar est un merveilleux joueur de football doublé d’un homme collectif et attentif ; deux, que Matuidi occupait une place immense dans le vestiaire parisien. Il n’aura eu besoin que de quelques jours d’entraînement et de six minutes de jeu en commun avec le Brésilien pour lui faire penser qu’une dédicace bien placée serait une belle idée. Si, en voyant Neymar avancer bras et jambes écartés (reprenant l’hommage initial du rappeur Niska, à la base de cette folie), puis en appréciant la prestation majuscule qui a suivi, Blaise a pu se dire qu’il aurait bien repris une part de ce gâteau, un autre garçon lui a aussi fait comprendre que, malheureusement, il était temps de tourner la page.
— Niska (@Niska_Officiel) 20 août 2017
Neymar-Rabiot
Héritier, Adrien Rabiot en avait déjà la gueule, il en a désormais le rôle. Dans cette ère nouvelle qu’a ouverte un transfert à plus de 200 millions d’euros, le passage de témoin a été matérialisé contre Guingamp, au Roudourou. 86e minute : Matuidi entre, Rabiot sort. Ils s’en sont donné, des poignées de main sur le bord du terrain. Mais cette fois, le sens avait changé. Après avoir appris à ses côtés, le jeune loup a pris la place du vieux chef de meute. Une semaine plus tard, le constat depuis longtemps pressenti est devenu d’une évidence folle : Rabiot a quelque chose que Matuidi n’a jamais eu et n’aura jamais. Quelque chose qui doit faire passer un nouveau palier au PSG.
S’il y aura toujours des pisse-vinaigres – souvent adeptes du pastorisme par ailleurs – pour regretter que, comme Laurent Blanc avant lui, Unai Emery fasse jouer son équipe avec trois milieux à tendance plutôt défensive, ces gens-là semblent oublier une chose fondamentale : avec Verratti et Rabiot, Paris joue surtout avec deux joueurs sachant ce que créer veut dire. Dont l’un, en particulier, a bien écouté les leçons de sa maman, de ses entraîneurs et de Blaise Matuidi sur le dépassement de fonction. Au four et au moulin, à la récupération et dans la surface de réparation, le petit Adrien a joué comme un très grand contre Toulouse. Placement intelligent, percussions à bon escient, une-deux avec Neymar et frappes décisives, le numéro 25 parisien a montré où était sa place : entouré des meilleurs. Là où Matuidi détonnait parfois, Rabiot coule de source. Et si, par chance, le second a aussi appris du premier que rien ne vaut constance et durée, alors il tutoiera l’excellence quand Matuidi n’était qu’un très bon joueur de football. Entendons-nous bien : il y a peu de très bons joueurs de football. Comme il n’est pas donné à tout le monde de jouer à Troyes, à Sainté, au PSG, à la Juve, et même six minutes avec Neymar.
Par Eric Carpentier