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Adil, expert contre les douleurs
Son Euro s'est terminé sur une glissade et un carton jaune malvenus contre l'Irlande. Mais malgré l'éclosion de Samuel Umtiti ou le retour de Raphaël Varane, Adil Rami a été appelé par Didier Deschamps pour la rentrée de l'équipe de France. Logique sportive ou jurisprudence de la « dynamique de groupe » ?
Il est arrivé dans la liste pour l’Euro par la fenêtre, à la faveur d’une cascade de forfaits en défense centrale. Mais bien qu’invité de dernière minute, il a commencé le tournoi comme titulaire aux côtés de Laurent Koscielny avant de le terminer sur le banc. La faute à un match raté contre l’Irlande et à une suspension pour les quarts dont Samuel Umtiti a pleinement profité. Il semblait donc logique qu’Adil Rami disparaisse des 23 pour la rentrée de l’équipe de France. Mais entre le retour de Raphaël Varane, les déboires anglais d’Eliaquim Mangala ou Mamad Sakho, et l’indifférence de Didier Deschamps à l’égard d’Aymeric Laporte, l’ancien employé de la mairie de Fréjus est bien là. À trente ans, il ne représente pas forcément l’avenir, ce qui peut relativiser son utilité comme doublure, surtout quand on considère que sa convocation pourrait pousser Laporte à accepter les avances de l’équipe d’Espagne. Mais le sélectionneur ne l’a pas repris juste pour taper sur les nerfs du Basque.
« Il va progresser avec Sampaoli. » Claude Fichaux
Dans une défense largement rajeunie sur les ailes – Kurzawa, Corchia et Sidibé arrivent –, on peut penser que Deschamps ne voulait pas ajouter un néophyte de plus dans son arrière-garde. Mais plutôt un quatuor stable et expérimenté. Le défenseur de Séville a déjà bien roulé sa bosse, mais n’a pas encore la même épée de Damoclès au-dessus du crâne que les vétérans Patrice Évra (trente-cinq ans) et Bacary Sagna (trente-trois ans). « Il aura trente-deux ans en 2018, cela veut dire qu’il sera encore compétitif, peut-être même meilleur qu’aujourd’hui, car il va progresser avec Sampaoli » , assure Claude Fichaux, qui a eu le joueur à Lille quand il y était l’adjoint de Rudi Garcia, avec un doublé Coupe-championnat à la clé en 2011. Le technicien a forcément de bons souvenirs footballistiques du Franco-Marocain, qui « est revenu à un très bon niveau avec le FC Séville, même s’il s’était un peu perdu au Milan » . Sa saison passée, ses matchs européens, son arrivée au pied levé à l’Euro 2016 où il a eu un rôle actif, tout cela tend à légitimer la présence de son ancien protégé. « De part son expérience, de part la confiance en lui qu’il dégage, il ne pourra qu’aider les jeunes arrivants à se sentir bien, et puis même s’il ne se contentera pas d’un statut de remplaçant, il ne va jamais foutre le bordel, mais travailler pour tenter de gagner sa place, et je pense que Deschamps apprécie cet état d’esprit. » Et pour un entraîneur qui a plus d’une fois rappelé les valeurs de « l’esprit de groupe » , il n’est pas impossible que Rami ait gagné sa place grâce à son attitude pendant l’Euro.
Rami le fédérateur
« Il faut voir comment Adil est arrivé dans le monde pro pour comprendre. Il a fait de gros efforts pour jouer en Ligue 1, donc aujourd’hui, tout est du bonus, il a une joie de vivre, un optimisme qui font du bien dans un groupe » , estime Fichaux, pour qui l’ancien Lillois est « un fédérateur » . De part sa franchise, sa bienveillance et son absence de peur : « Il faut le prendre en entier, avec ses qualités, et aussi ses défauts, sa capacité à dégoupiller. » Comme un jour de Monaco-Lille en Ligue 1, où il offre un but à l’ASM sur une mauvaise passe en retrait avant de critiquer ses coéquipiers au micro de Canal Plus. « J’étais devant la télé, j’ai appelé Rudi Garcia pour le prévenir qu’Adil avait pété une durite. Il l’a chopé de suite, lui a dit ses vérités, mais cette franchise permet à tous les abcès d’être percés dans un effectif. » Fichaux n’est pas loin de présenter le joueur comme un coéquipier modèle : « Quand Laurent Blanc en fait son titulaire avec Philippe Mexès en 2010, très vite une complicité s’installe entre eux, et quoi qu’on puisse en dire, cette charnière a bien fonctionné. » Si Rami ne semble plus destiné à reprendre un poste de titulaire, sauf nouvelle hécatombe, il a visiblement prouvé à Deschamps qu’il avait encore quelques services à rendre malgré sa glissade contre l’Irlande. « C’est révélateur de la mentalité d’Adil, il peut tomber, mais il se relève toujours, il cherchera toujours à se rattraper. » Qui sait si ce ne sera pas lui qui débloquera le match contre la Biélorussie comme il l’avait si bien fait contre l’Albanie en juin…
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Propos de Claude Fichaux recueillis par Nicolas Jucha