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Adil Aouchiche, de quoi être Vert
Après Tanguy Kouassi, passé pro au Bayern Munich, le Paris Saint-Germain a vu cette semaine son autre très grand espoir, Adil Aouchiche, lui filer gratuitement entre les doigts pour prendre la direction de Saint-Étienne. Un nouveau départ qui renvoie le PSG au sempiternel débat autour de sa gestion des Titis, redevenus dernièrement ce qu'ils ont souvent été : de simples sources de frustration.
« Une page se tourne, merci Paris pour tous ces moments inoubliables. » Ces quelques mots, c’est sur Instagram qu’Adil Aouchiche a choisi de les publier ce vendredi 3 juillet, pour officialiser ce dont pas mal de monde se doutait depuis quelques semaines : son départ du PSG. Un canal de communication qui tranche avec la sobriété de la formule employée. Mais plus que la forme, c’est du fond qu’il est question à l’heure de se pencher sur ce qui s’apparente fort à un nouveau camouflet pour le Paris Saint-Germain : moins de trois semaines après avoir vu Tanguy Kouassi filer à l’allemande, le club de la capitale vient donc de se faire planter par son autre grande promesse, qui s’engagera dans les prochains jours avec l’AS Saint-Étienne. Le gamin (18 ans le 15 juillet, date à laquelle sa signature chez les Verts, actée ce samedi, sera officialisée) a pris cette semaine la route du Forez, où il a passé sa visite médicale mercredi, et où Claude Puel entend filer les clés du camion à la jeunesse. Un projet plutôt sexy sur le papier, pour le joueur. Moins pour le PSG, à qui ce nouveau départ ne rapportera pas plus de tune que le premier, Aouchiche étant comme Kouassi arrivé à la fin de son contrat aspirant.
Joue-la comme Kouassi
Ce couperet, Paris l’a vu venir, pourtant. Il y a un an, déjà, cette date du 30 juin 2020 s’agitait comme une épée de Damoclès au-dessus des tronches des décideurs parisiens. À l’époque, le gamin du Blanc-Mesnil sortait – comme Kouassi – d’un Euro U17 stratosphérique avec les Bleuets en Irlande, où il avait facturé neuf pions et établi le record de la catégorie. Le tout en cinq matchs seulement, le parcours français s’étant achevé en demi-finales. Plutôt honnête, pour un milieu de terrain. Et suffisant pour convaincre la direction parisienne de le convoquer – comme Kouassi – avec les pros pour la reprise. Une décision politique, augurant le virage qu’entendait emprunter Paris avec le retour aux affaires de Leonardo, vis-à-vis des jeunes tardant à signer leur premier contrat pro dans la capitale : plutôt que les placardiser, ce dont les menaçait sur la fin de son mandat son prédécesseur Antero Henrique (2017-2019), le Brésilien préférait les intégrer, et leur signifier ainsi qu’ils auraient une carte à jouer. Et pas seulement à long terme.
Si elle n’a pas suffi à le retenir, cette jolie promesse, Paris l’a au moins tenue auprès de celui qui se fait désormais appeler Nianzou en Bavière, utilisé treize fois par Thomas Tuchel cette saison, y compris en C1. C’est moins vrai dans le cas d’Adil Aouchiche, pourtant le premier des deux Titis à avoir été lancé dans le grand bain par le technicien allemand. Titularisé dès la 4e journée de championnat à Metz (victoire 0-2), le milieu de terrain polyvalent n’est finalement apparu que deux autres fois cette saison, en Coupe de France : en 32es de finale face aux amateurs de Linas-Montlhéry (0-6), lors d’un match de coiffeurs dont il avait profité pour ouvrir son compteur buts et gratter du temps de jeu, et en quarts à Dijon (1-6), où il n’était entré qu’une fois la partie pliée. Au total, cela donne 162 minutes de jeu. On a connu des marques de confiance plus franches.
La triple peine
Alors oui, à Paris comme à Lyon, « on ne forme pas des joueurs professionnels de Ligue 1, mais des joueurs capables de jouer la Ligue des champions », pour reprendre un argument brandi début juin par Rudi Garcia quand lui a été posée l’épineuse question des jeunes. Il n’empêche : à défaut d’avoir déjà l’étoffe d’un joueur de C1, Aouchiche aurait sans doute au moins pu prétendre, justement, à un poil plus de temps de jeu dans une Ligue 1 pliée d’avance. Ne serait-ce que lors de ces trois petits matchs où Tuchel l’a convoqué sans le sortir du banc. Les adversaires en question ? Reims (7e journée) et deux fois Amiens (19e et 25e journées)… Le contexte des rencontres en question ne s’y prêtait certes pas forcément (défaite 2-0 à Reims, nul 4-4 au retour à Amiens, après avoir été mené 3-0), et l’international U18 a certainement aussi pâti de ses convocations en équipe nationale, les rencontres des sélections de jeunes se disputant parfois en même temps que le championnat.
Mais au sein d’un entrejeu plutôt défraîchi, privé une grosse partie de la saison d’Ander Herrera, difficile de ne pas penser qu’Aouchiche pouvait jouer autre chose que les sparring-partners. Sa faible utilisation est-elle la cause ou la conséquence de sa non-prolongation ? Peut-être un peu des deux. Ce qui est certain, c’est qu’au-delà de la question de l’image, la perte de ce second produit maison place Paris dans un embarras évident en vue de la saison prochaine. Amputé en effet d’un autre joueur « formé localement » , statut précieux en Ligue des champions où chaque club doit en inscrire au moins huit, le club de la capitale, contraint dans le contexte économique actuel d’aller à l’essentiel sur le marché des transferts, perd également un élément susceptible de compléter son milieu, tant numériquement que qualitativement. Voire, s’il avait tardé à réellement s’imposer et n’avait fait dans l’immédiat l’affaire « qu’en Ligue 1 » , de renflouer sa trésorerie, comme l’ont fait l’an dernier Diaby, Weah ou Nkunku. Voilà qui fait beaucoup, pour un seul homme. Et qui fait beaucoup, à force, pour un seul club.
Par Simon Butel