- Média
- Mediapro
- Téléfoot
Adieu Téléfoot… et surtout ne reviens pas !
Voilà, c'est fini : Téléfoot va s’arrêter. L'aventure aura donc duré moins de 6 mois. Une époque s’arrête : celle du grand n’importe quoi.
En mai 2018, Didier Quillot l’annonçait avec enthousiasme : « Mediapro, c’est du solide ! » Fier d’avoir fait de la Ligue 1 française le deuxième championnat le plus cher du monde, derrière la Premier League britannique, à 1,153 milliard d’euros, l’ancien directeur général de LFP ne tarissait pas d’éloges pour ce nouveau diffuseur, l’espagnol Mediapro. Compétent, sérieux et expérimenté, voilà comment était, en gros, qualifié ce groupe, dirigé par le charismatique Catalan Jaume Roures. Tous les voyants étaient au vert, on prédisait un regain du foot français, des victoires économiques et sportives. Après cette première étape, l’équipe de France de Kylian Mbappé, la star parisienne, remportait un deuxième titre mondial. Deux ans après, le PSG atteignait la finale de la Ligue des champions. On vivait un rêve éveillé et Mediapro en était le principal acteur.
Personne, au sein des instances dirigeantes et des clubs, ne s’inquiétait une seule seconde. Didier Quillot et la LFP répétaient que le modèle de Mediapro était pérenne, rentable, durable, que le football attirait, que les abonnés seraient au rendez-vous. Même lorsque le groupe, au début de l’année 2020, a annoncé un lancement à 25€ par mois pour « seulement » 80% des matchs de Ligue 1 et de Ligue 2, la confiance se maintenait. Même lorsque les fans se plaignaient du prix et prédisaient une faillite, un échec, un krach, personne ne s’alarmait. Mais alors que s’est-il passé pour que, seulement 3 mois après le lancement officiel de la chaîne en août dernier, les dirigeants annoncent un arrêt des versements et le début d’une longue procédure de conciliation avec la LFP ? Comment expliquer l’échec commercial de Téléfoot avec moins de 500 000 abonnés malgré la promesse d’affiches spectaculaires comme des Dijon – Angers ou des Reims – Nîmes ? Surtout à un prix défiant toute concurrence : 25€ ! Là où beIN Sport ou RMC Sport ne dépassaient pas les 20€… Comment expliquer que trois mois après les tentatives de médiation débutées au tribunal de commerce de Nanterre, aucun accord n’ait été trouvé et que Téléfoot n’ait pas obtenu un droit de renégociation du contrat à la baisse ? Après tout, la crise du coronavirus a bien dû altérer le produit d’appel, avec des stades vides et des matchs reportés, non ? On ne peut pas imaginer que les supporters absents se soient rués sur les abonnements télé, non ? Et que les confinement successifs aient provoqués une augmentation des audiences télévisuelles, non ?
Tout cela n’est pas sérieux, alors disons-le franchement sans ironie : comment s’étonner d’un tel fiasco ?
Aujourd’hui, il apparaît évident que la LFP aurait dû se montrer plus exigeante et demander, dès la signature du contrat, des garanties bancaires et financières, comme cela doit toujours se faire. La Ligue répondra-t-elle un jour avoir fait aveuglément confiance à un acteur inconnu au bataillon en France qui promettait plus d’un milliard d’euros en 2018 plutôt qu’à un acteur sûr et expérimenté qui proposait un montant avoisinant les 700 millions ? Pas sûr. Et maintenant, du coup ? Téléfoot va s’arrêter dans les prochains jours, la Ligue va récupérer ses droits et très certainement les rétrocéder à Canal+ et beIN Sport.
En attendant, on souhaite bon courage à toute la rédaction et on espère que les salariés et tous les journalistes parviendront à rebondir. Quant aux dirigeants responsables de la situation, on se demande bien ce qu’on peut leur souhaiter…
Par Pierre Rondeau