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Ádám Nagy peut-il être grand ?
Au-delà de son patronyme qui le suggère en français, le milieu du Ferencváros s’est imposé comme l’une des révélations de l’Euro. Un jeune talent capable d’attirer l’attention de l’OM, du Benfica, de Leicester ou de Bologne, où il a finalement décidé de poursuivre son parcours après un torrent de rumeurs folles. Une sorte de N’Golo Kanté danubien aussi explosif que le champion d’Angleterre. Et aussi prometteur.
L’année 2016 d’Ádám Nagy ? Dans l’ordre : champion de Hongrie easy avec le Ferencváros. Vainqueur de la Supercoupe nationale avec les Vert et Blanc (comme l’an dernier face au Videoton). Sélectionné dans la liste des 23 pour l’Euro. Titulaire indiscutable aux côtés du vétéran Zoltán Gera dans l’entrejeu du « Nemzeti 11 » . Huitième-de-finaliste de l’Euro. L’un des tout meilleurs jeunes de la compétition aux côtés de Renato Sanches, Raphael Guerreiro, Julian Draxler et Joshua Kimmich. Pépite du mercato.
Pas trop mal pour le joueur de 21 ans, à ne pas confondre avec Ádám Nagy, défenseur de Veszprém (ex-D3 hongroise), ni avec Ádám Nagy, défenseur de Győri ETO (D3 hongroise aussi). Non, cet Ádám Nagy vient de quitter le championnat hongrois pour s’engager avec Bologne, en Italie. On l’avait pourtant annoncé tour à tour à Hambourg, à Marseille, au Rapid Vienne, et même au Portugal. Au final, Nagy a choisi Bologne, 14e de la dernière Serie A, le club bolonais ayant payé le même prix que celui offert par l’OM.
« Il va nous quitter »
Personne n’osait vendre la mèche. L’intéressé restait bouche cousue, trop occupé à célébrer un titre supplémentaire acquis avec son « Fradi » de cœur et à calmer le brusque intérêt qu’on lui portait. Une chose est sûre : l’écurie magyare reine lui avait déjà trouvé un remplaçant, nommé Kornél Csernik. L’ancien U19 vient de célébrer sa majorité par un premier contrat pro signé chez les « Zöld és Fehér » . Il séduit le staff via sa solidité dans les duels et ses passes laser. De quoi compenser le départ de Nagy ?
Son futur-ex coach Thomas Doll le voyait forcément à l’étranger : « Je ne compte plus sur lui pour la saison prochaine. Hambourg s’est manifesté, plus un tas d’autres clubs. Il risque très probablement de nous quitter pour un championnat plus fort comme l’ont fait Bešić (Everton), Mateos (Orlando) et Somalia (Toulouse) avant lui. Entre-temps, nous avons tenté le maximum sur le cas Van der Vaart, mais il a encore deux ans de contrat au Betis et son arrivée chez nous restera à mon avis de l’ordre du rêve. »
Difficile, en effet, de conserver en Hongrie la coqueluche actuelle du foot maison. Une coqueluche débauchée par la pépinière ibérique de la Manga, où ses profs s’appelaient notamment Mark Hughes et Ian Wright. Nagy a ensuite été sollicité par le sélectionneur Bernd Storck lors de la Coupe du monde 2015 des U20, puis lancé dans le onze de départ dès sa seconde cape et pendant 90 minutes en éliminatoires de l’Euro face aux Féroé (octobre 2015). Enfin, la consécration : le monde entier le découvre dans l’Hexagone lors de l’Euro 2016, au milieu de Bale, CR7 et Griezmann. Et ce, même sans marquer.
Humble et bosseur
En championnat d’Italie, Nagy retrouvera son compatriote Norbert Balogh, alias le « nouveau Cavani » de Palerme d’après l’inénarrable président Maurizio Zamparini. Le club sicilien a claqué le triple du tarif de Nagy avec un retour sur investissement relativement faiblard jusqu’à présent. Cela dit, pas facile de s’en sortir chez les Rosanero où la valse constante des techniciens plombe l’avenir des pensionnaires.
Alors, l’Italie, un choix intelligent ? Une orientation en tout cas synonyme de défi pour le natif de Budapest. « Ádám est un joueur doté d’une mentalité extraordinaire : humble, bosseur, déterminé à progresser chaque jour et toujours orienté vers l’offensive, pointe Péter Lipcsei, légende retraitée du Ferencváros aux 58 sélections. Il gratte énormément et s’il continue à améliorer sa conduite de balle, il est capable d’aller très loin. Avant la finale de coupe 2015, il m’a téléphoné en me disant combien il était excité. Je lui ai répondu que tout se passerait au poil, surtout avec Zoli (Gera) et Tomi (Hajnal) dans son équipe. »
László Kleinheisler, le héros des barrages et son super pote Ádám s’entendent comme larrons en foire. Deux découvertes de Storck symbolisant cet ultra-engagement fatal aux Magyars contre la Belgique. Les papys Gera et Király soulignent en stéréo l’apport rafraîchissant de Nagy à un collectif vieillissant. Sports Illustrated loue son ambidextrie et sa vivacité style futsal. Convaincre Donadoni devrait s’avérer assez enfantin pour le gamin qu’il était il y a peu. À 21 ans, on est quoi, déjà ? Ah oui, invincible.
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