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Wissam Ben Yedder, le mauvais film
Sans club depuis la fin de son contrat à l’AS Monaco cet été, Wissam Ben Yedder continue malheureusement de faire l’actu, puisqu’il sera jugé le 15 octobre pour agression sexuelle en état d’ivresse. Pas le premier « fait d’armes » pour un joueur qui, cette fois, risque très sérieusement la prison.
Wissam Ben Yedder, 34 ans, 19 capes en équipe de France et 161 buts en Ligue 1, n’a plus d’employeur depuis le 1er juillet 2024 et l’expiration de son bail à l’AS Monaco. Et il est difficile de savoir si l’on reverra un jour son mètre 68 sur les pelouses, en vérité : aujourd’hui, l’ancien Toulousain risque tout simplement la prison. Alors que ses anciens partenaires préparaient leur rentrée européenne contre le Barça, l’attaquant était mardi et mercredi assis sur un banc, à regarder le sol de la chambre d’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, pour – entre autres – une accusation d’agression sexuelle en état d’ivresse. Celle-ci aurait eu lieu dans la nuit du 6 au 7 septembre 2024, dans le parking souterrain de sa résidence des Alpes-Maritimes, où il réside toujours. Le procès aura lieu le 15 octobre.
Main entre les cuisses et addiction à l’alcool
La plaignante – née en 2001 – accuse Ben Yedder d’avoir, sans son consentement, glissé une main entre ses cuisses, tenté de l’embrasser et commencé à se masturber devant elle, alors que les deux individus étaient seuls dans le véhicule du footballeur. Selon le même récit, le buteur ne l’aurait pas laissée partir, avant qu’elle réussisse finalement à fuir, se cachant « derrière une poubelle » pour ensuite déguerpir, se mettre en sécurité et aller déposer une plainte dans la foulée. Parti rouler pour se changer les idées, le joueur est alors interpellé – après un refus d’obtempérer – vers trois heures du matin, avec 1,5 g d’alcool dans le sang – il avait commencé sa soirée, seul dans son bolide, à siffler une bouteille de whisky –, et passe son samedi en garde à vue. Il reconnaît le délit routier (ivresse au volant, qui lui vaudra six mois de retrait de permis), mais pas l’agression sexuelle. Il est, depuis, placé sous un contrôle judiciaire strict : deux pointages au commissariat par semaine, interdiction d’entrer en contact avec la victime, de fréquenter des débits de boissons ou des discothèques, de quitter le département ou même de sortir de chez lui entre 20 heures et 6 heures, et obligation de soins pour guérir ce qui relève d’une addiction à l’alcool.
Afin d’éviter la détention provisoire, cette semaine, Ben Yedder et ses avocats avaient évoqué la possibilité d’une cure de désintoxication au CHU de Nice. Pas sûr que celle-ci aura vraiment lieu, mais le natif de Sarcelles semble en tout cas avoir réussi son coup, et restera libre jusqu’à son rendez-vous fatidique au tribunal correctionnel mi-octobre, où il sera jugé pour agression sexuelle en état d’ivresse manifeste, mais aussi refus d’obtempérer et conduite sous l’empire d’un état alcoolique. « Je fais des efforts, j’espère me guérir de cette situation, de l’alcool, de ces choses qui peuvent me nuire, a-t-il déclaré lors de l’audience, dans des propos rapportés par L’Équipe. Il faut arrêter définitivement, c’est la meilleure solution. Faire attention aux gens, à ma santé. J’ai beaucoup de responsabilités, ma mère a été hospitalisée. J’ai toujours pointé, toujours présent quand on faisait appel à moi. Je me tiendrai à disposition dans tous les cas. » Dimanche dernier, il s’est d’ailleurs joint à un cercle d’alcooliques anonymes.
Sous contrôle judiciaire et mis en examen pour viol, dans une autre affaire
Le problème, c’est que Wissam Ben Yedder s’est déjà retrouvé dans les pages faits divers : en rubrique fraude au fisc espagnol (il a été condamné à six mois de prison avec sursis, en avril 2023), conflit avec agent (il accuse Meïssa N’Diaye, son représentant historique, de l’avoir roulé dans la farine avec un faux contrat de représentation), violences et menaces (son ex-épouse, qui avait fait l’objet d’une ITT supérieure à huit jours, l’a attaqué en février 2024 pour « menaces de violences physiques », « violences psychologiques sévères », « violences économiques », « insultes », « humiliations » ou encore « intimidations », une plainte classée sans suite le 3 juin 2024 après une garde à vue du joueur quatre jours plus tôt) mais, aussi, viols et agressions sexuelles. Il y a deux mois, une enquête publiée dans Le Magazine L’Équipe détaillait comment, en 2023, l’avant-centre avait dû débourser 1,6 million d’euros pour qu’une femme – à l’époque joueuse de l’équipe féminine monégasque, en Régional 1 – accepte de ne pas porter plainte contre lui, après un moment passé ensemble dans un appartement de la Côte d’Azur, le 21 septembre 2022. Une affaire, évidemment maquillée sous de faux prétextes, dans laquelle Meïssa N’Diaye, l’ancien dirigeant de l’AS Monaco Jérôme de Bontin, mais aussi Thierry Lacoste – ex-avocat du prince Albert – auraient trempé.
L’attaquant affirme avoir été manipulé par son entourage. Mais ça ne s’arrête pas là, puisqu’il est, depuis août 2023, mis en examen pour viol, tentative de viol et agression sexuelle, dans un autre dossier. En juillet de cette même année, deux femmes de 19 et 20 ans avaient déposé plainte contre lui et son frère après une soirée dans la commune de Beausoleil. Dans le cadre de cette information judiciaire, le buteur était donc déjà sous contrôle judiciaire, depuis un an. Des accusations graves – qui font écho, évidemment, à de nombreux autres cas chez les footballeurs – et malheureusement plus que jamais d’actualité, alors que se tient actuellement le procès des viols de Mazan. Ben Yedder « était en négociation avec plusieurs clubs, dont un club français avant cette soirée (du 6 septembre) », clamait l’avocat de l’ex-capitaine asémiste, mardi. Pas sûr que son téléphone continue de chauffer, dans les prochaines semaines.
Par Jérémie Baron