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Abreu, mercenaire particulier

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Abreu, mercenaire particulier

Après l'élimination du Chili, il ne reste plus qu'un Loco interné en Afrique du Sud, le trop méconnu meilleur buteur de la Celeste, Sebastian Abreu. Globe-trotter aux racines profondes. Fou avec les pieds sur terre. Idole à la mentalité de supporter.

Le CV de Sebastian Abreu pourrait rendre jaloux Xavier Gravelaine ou Ahmed Hossam Mido : 17 clubs et plus de 20 changements d’employeur. On vous épargne la liste exhaustive, mais on vous livre un échantillon : entre 2008 et 2010, le numéro 13 de la Celeste a vogué de River Plate à Botafogo, en cabotant par le Betar Jerusalem, la Real Sociedad, ou l’Aris Salonique. A l’exception de son bref passage israélien, l’aventurier n’a cessé d’empiler les réalisations : 31 au total. Plus de 300 depuis le début de sa carrière. El Loco rend dingue l’Uruguay : car le meilleur buteur en activité de la Celeste ne s’appelle pas Diego Forlan, mais bien Sebastian Abreu, 30 pions en 56 sélections. Lors du barrage retour face au Costa Rica, le but décisif fut son œuvre, cinq minutes après son entrée en jeu. Le joker de 33 ans, cantonné à un quart d’heure de présence depuis le début du Mondial, surgira-t-il à nouveau face au Ghana ?

Pour le globe-trotter Abreu, la seule frontière semble se situer aux 16 mètres, aux limites de la surface de réparation, là où il a inscrit la quasi totalité de ses buts. El Loco, c’est avant tout un physique : 1,93m, 84 kilos. Une version rupestre de Van Nistelrooy. Et un jeu aérien pour survoler la concurrence. « Parfois sur les corners, quand je m’élance pour mettre une tête, je crie : “Attention, voilà le tsunami des surfaces” » reconnaît le taré charrua. Autrement, le buteur fait dans le raccroc ou la reprise à bout portant. Pas un technicien l’Abreu, mais un sportif-né.

« Un joueur qui pourrait terminer maçon »

A 16 ans, l’ailier fort s’apprêtait d’ailleurs à représenter l’Uruguay au championnat sud-américain de basket. Une virée nocturne changera son destin. Alors, pour échapper à la misère escarpée de la province d’Avalleja, le football et les transferts constitueront bien sa porte de sortie. « Ma famille a connu une année très difficile où l’on mangeait du riz presque tous les jours : on se transformait en Japonais ! » préfère-t-il en rire aujourd’hui. De cette enfance modeste, le buteur à cheveux longs tire sa fraîcheur inlassable et sa lucidité extra dans la zone décisive : « La pression, il n’y en a que pour les maçons ou les paysans qui travaillent sous le soleil pour atteindre la fin du mois » .

Abreu est un vrai chic type. Malgré un CV à instruire un procès en mercenariat aigu, l’avant-centre honore toujours le contrat, communie avec les supporters, et s’est même montré prêt à une dévalorisation salariale pour jouer sous les couleurs de son club de cœur : le Nacional. Entre 2001 et 2005, ère entrecoupée de plusieurs allers et retours, il inscrira 42 buts en 60 matches et deviendra légende. Quand il porte la casaque du rival maximum du Penarol, Abreu se définit comme « un supporter sur le terrain » . Son amour pour le club pourrait même presque faire flipper sa famille : « Il s’agit d’un sentiment équivalent ou à peine moindre à celui que je ressens pour mes enfants » . En Uruguay, plusieurs chansons célèbrent El Loco. C’est aussi le cas à Botafogo, où ses 13 buts en six mois ont conquis la torcida. Pas mal pour un avant-centre que le président de Penarol méprisait à ses débuts : « Je ne paierai pas 10 000 dollars (nda : son prix à l’époque) pour un joueur qui pourrait terminer maçon » .

Jamais sans son Nacional

L’ex-employé de River Plate ne pouvant pas non plus vivre d’amour du maillot et d’eau fraîche, le Nacional doit apprendre à se passer de lui. L’inverse n’est pas réciproque. El Loco porte toujours les couleurs de l’institution uruguayenne près de son cœur. Car, sous ses différents maillots d’emprunt, Abreu cache une autre tunique, célébrant ce qu’il a de plus cher : le bleu celeste sur une moitié du maillot, celui de la sélection départementale du paternel sur l’autre, une photo de femme et enfants, et bien évidemment, un écusson du Nacional… qu’il peut embrasser après avoir marqué pour l’un des sept clubs mexicains où il a proliféré (quatre fois meilleur buteur), par exemple. C’est ce genre d’excentricité qui lui vaut le surnom d’El Loco, un homme qui va là où le vent le porte et vit comme il le sent. En bon fils de sa mère. « Sa famille lui avait promis un voyage à Disney si elle ne se mariait pas avec mon père, qui est noir, se rappelle l’avant-centre. Imagine ce qu’était un voyage à Disney à l’époque ! »

Alors, en interview, Abreu dit simplement ce qu’il pense, sans chercher à se cacher derrière deux, trois ficelles de com’. Le joueur, prêté sept fois par La Corogne, a donc vu de la drogue dans le foot, a été la cible de tentative de corruption, et qualifie son environnement professionnel de « pesant » . « J’essaie toujours de laisser quelque chose à celui qui va me lire ou m’écouter » explique celui qui a aussi cachetonné comme journaliste lors de son adolescence. Il assurait alors quelques compte-rendus sportifs et ne reculait pas au moment de “compter” le match de basket auquel il venait de prendre part. Abreu interviewait Abreu et désignait comme homme du match : Abreu. Signé : Abreu. Xavier Gravelaine a-t-il pigé à la Nouvelle République du Centre Ouest ?

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