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- Cameroun-Serbie (3-3)
Aboubakar, sauveur parmi les Lions
En 41 minutes, Vincent Aboubakar a rugi et sauvé le Cameroun de l'élimination face à la Serbie (3-3). Un but dantesque, une passe décisive clinique, décidément le plus indomptable de tous les Lions.
« N’éveillez pas le lion qui dort », frimait l’écrivain anglais Philip Sidney au XVIe siècle. Une maxime que Vincent Aboubakar, deuxième meilleur buteur de l’histoire des Lions indomptables, a faite sienne ce lundi matin. Sorti de sa sieste par son sélectionneur Rigobert Song, contraint d’amener de la profondeur pour revenir dans une partie mal embarquée, l’attaquant de 30 piges a rugi et remis les siens dans le droit chemin par des éclairs de génie.
Un lion sachant chasser
« L’histoire du football, c’est celle du plaisir et des gestes que l’on répète tous les jours. Ça m’a souri aujourd’hui avec cette balle piquée. Je sais que j’avais les qualités pour marquer et j’en suis heureux. » Avec un grand sourire, Vincent Aboubakar revient sur son but de grande classe qui a relancé les siens au micro de beIN Sport à l’issue de la rencontre. Quelques minutes plus tôt, sur la pelouse, le félin était sorti du marquage serbe avant de se farcir Milos Veljković d’un crochet exceptionnel et de lober, sans élan, le portier adverse et ses deux mètres deux (63e, 2-3). Une réalisation sublime d’abord annulée par l’abrite, puis finalement validée avec l’aide de la vidéo.
Et s’il n’est pas vraiment étonné de ses qualités d’avant-centre à la fin du match, c’est d’abord parce qu’il n’en est pas à son premier coup d’éclat sous la tunique de la sélection camerounaise. Souvenez-vous : entré en jeu face à l’Égypte lors de la finale de la CAN en février 2017, Aboubakar avait réalisé un enchaînement sombrero et reprise de volée – tout aussi grandiose qu’aujourd’hui – pour permettre aux Lions indomptables de toucher le Graal. Et puis, dans un second temps, le goleadorafricain a avoué s’être inspiré du surprenant succès des Lions de l’Atlas ce dimanche face à la Belgique (0-2) : « J’ai eu trop envie de jouer et j’avais surtout envie de pousser mes coéquipiers vers le succès après une excellente première mi-temps. Au retour des vestiaires, j’ai senti qu’on était fébriles, qu’on avait peur. Le coach m’a demandé de les aider. Mais avant de parler football, il faut parler d’état d’esprit dans ce tournoi. J’ai vu le match du Maroc hier, et ils ont mis tellement d’intensité, c’était magnifique. »
Trois minutes plus tard, le pensionnaire du club saoudien Al Nassr Riyadh a continué de montrer l’exemple en offrant un caviar à Choupo-Moting pour le troisième but (3-3, 66e), qui dira de son coéquipier qu’« il a complètement changé la rencontre » en zone mixte. Impossible de le contredire. Le contrôle sur le flanc droit de l’ancien Merlu était là aussi parfait, la passe limpide, et le buteur du Bayern Munich n’avait en effet plus qu’à terminer le travail. En gambadant seulement 41 minutes sur la pelouse d’Al Wakrah, Aboubakar a donc eu le temps de trouver le chemin des filets et de distiller une passe décisive. Au-delà de ça, son apport dans le jeu a été considérable : quinze ballons touchés dans les trente dernières mètres, trois dribbles réussis sur ses trois tentés et 75% de ses duels remportés. Mais pour l’homme de ce match, l’important était ailleurs : il fallait transmettre un message avant le match face au Brésil, décisif pour la qualification : « Il faut vraiment qu’on y mette de l’envie, de la volonté et du courage. La victoire passera par là. Alors oui, aujourd’hui, on n’a pas gagné, mais si j’ai réussi à envoyer ce truc-là à mes coéquipiers, on peut le faire ! » « Pour le moment, on a besoin de repos », a préféré reprendre Choupo-Moting à quelques minutes d’intervalle. Jusqu’au prochain réveil donc.
par Matthieu Darbas