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Aboubakar : et c’est qui le lion maintenant ?

Par Swann Borsellino
Aboubakar : et c’est qui le lion maintenant ?

Voilà trois ans et demi que Vincent Aboubakar a quitté son Garoua natal pour la France. Parti seul à Valenciennes après avoir été l’invité surprise de la sélection camerounaise au Mondial 2010, le jeune agneau de 21 ans devient un vrai lion à Lorient. Amateur de sports à la foi infaillible, ce môme qui affectionnait l’école se fait une place au chaud en Ligue 1 derrière les terreurs des surfaces. Un joli bout de chemin.

Cette histoire aurait pu avoir un goût de déjà vu. Le conte du footballeur africain qui traverse un bout du globe à la quête d’une gloire parfois vaine et titulaire d’un passeport à la date de naissance parfois hasardeuse est un classique du genre. Freddy Adu, Bartholemew Ogbeche, Apoula Edel, pour ne citer qu’eux, ont rappelé aux footballeurs amateurs qu’il n’y a pas qu’en excellence minimes que l’âge et l’état civil sont des questions qui peuvent fâcher. À Lorient, avec son corps de déménageur breton et sa timidité maladive, Vincent Aboubakar n’échappe pas à certains de ces quolibets. Il faut dire que l’enfant né le 22 janvier 1992 à Garoua, à l’extrême nord du Cameroun, est un sacré précoce. Un grand courageux, aussi. Parti du pays à peine majeur vers un Nord de la France qui avait souri à l’idole Roger Milla en 1977, Aboubakar n’a rien à envier à Hercule. Stakhanoviste du football, Vincent réalise ses douze travaux sans rien demander à personne et sans jamais oublier de remercier le bon Dieu.

J.E.S.U.S said

Vincent Aboubakar est donc un enfant des années 90. Un marmot qui aurait pu aimer Dragon Ball Z, Pokémon, Allen Iverson ou même Kenan et Kel. Mais dans la maison où l’intéressé vit avec sa famille, ce sixième d’une fratrie de neuf enfants n’affiche pas de posters. Élevé dans une famille protestante, le jeune garçon n’a d’yeux que pour Jésus, « celui qui montre la bonne voie à suivre » . Pour le Camerounais, l’autoroute vers la réussite passe d’abord par l’école. Élève assidu, Vincent est poussé par ses grands frères, alors footballeurs amateurs. « Ils ne voulaient pas que je joue au football » confie l’intéressé, tout sourire, au site officiel du FC Lorient. S’il tape le ballon de temps en temps, Aboubakar numéro six du nom est bien conscient que les diplômes apportent une sécurité que les frappes dans la lucarne négligent : « Avoir des diplômes est plus rassurant que le football. Mais quand Dieu dit que quelque chose est pour toi, tu ne peux pas faire autrement ! » . Alors tant pis pour les frangins et tant pis pour les bancs de l’école qu’il aimait tant, le Cotonsport Garoua lui tend les bras. En 2006, Vincent a 14 ans quand il débute avec les juniors du club de sa ville natale. Il s’initie au boulot en douceur jusqu’à l’exercice 2008-2009, où il découvre le football professionnel pour la première fois. L’apprentissage est difficile, mais Aboubakar n’a besoin que d’une saison en tant que titulaire pour exploser. Champion du Cameroun et meilleur buteur du championnat l’année suivante, il saisit la main tendue par Paul Le Guen pour devenir l’invité surprise de la sélection camerounaise pour la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. À 17 ans.

Joue-la comme Nadal

Le 26 mai de la même année, Vincent est vacciné mais pas majeur au moment de parapher son contrat de trois ans en faveur de Valenciennes. Le hasard veut qu’il atterrisse dans le même club où a débarqué Roger Milla, qui arrivait tout droit de Yaoundé. Pour Aboubakar, parti seul vers une France inconnue, l’adaptation est difficile. Son appartement aux murs blancs immaculés sonne bien vide pour un type habitué à vivre constamment en famille. Mais l’accueil chaleureux qui lui est réservé à Valenciennes lui permet de vite relever la tête. Le 26 octobre, à l’occasion d’un 8e de finale de Coupe de la Ligue face à Boulogne-sur-Mer, il est titularisé pour la première fois par Philippe Montanier et claque un triplé. On croit alors que l’oiseau a pris son envol, mais plus dure est la chute. Le mois suivant, une minute de silence est observée à Nungesser en l’honneur d’Edouard Aboubakar, défunt père d’un Vincent qui sera hospitalisé le même mois à cause d’une infection virale. Bosseur invétéré, celui qui a donné rendez-vous à son paternel dans un autre monde cravache aux entraînements, notamment devant le but, où il pèche parfois. Ancien gardien de but, l’actuel entraîneur de Rennes enfile à nouveau le survêtement et les gants pour se faire fusiller par le Camerounais. Ce boulot paye quelques semaines plus tard quand Vincent inscrit son premier but en Ligue 1 face au PSG. La suite, c’est trois saisons à Valenciennes avec des statistiques rarement folles, mais une progression constante. Une trajectoire qui a mené Aboubakar jusqu’à Lorient où l’agneau est en passe de devenir un lion. Avec sept buts en championnat, le Camerounais pointe juste derrière le trio Ibrahimović, Falcao, Cavani au classement des buteurs. Mais plus que ces chiffres qui gonflent la confiance d’un attaquant et symbolisent parfois son rendement, c’est dans le jeu que l’on se rend compte de l’apport d’Aboubakar. Travailleur infatigable, techniquement beaucoup plus solide que l’on ne le croit, le Lorientais sent le jeu et est un modèle lorsqu’il s’agit d’appeler le ballon et sur le premier contrôle. Cette saison, il a notamment mis à ses pieds la défense de l’Olympique de Marseille avant de s’offrir le doublé de ce week-end sur la pelouse d’Évian. Amateur de basket et de tennis, des sports qu’il trouve « plus élégants que le football dans la manière de bouger le corps, de se comporter » , Aboubakar apprécie tout particulièrement Rafael Nadal pour le « côté brut de son talent et son explosivité » . Pas question pour autant d’envisager une reconversion raquette en main une fois les crampons rangés. Après le foot, Vincent a un but simple : « Aider les gens les plus démunis. Pas forcément au Cameroun » . Après tout, il y a des histoires déjà vues qui ne sont pas moins belles que les autres.

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