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Abdennour, le temps est venu
Alors qu’il n’a pas connu une première saison réussie en Liga et qu’il devait découvrir un nouveau club cet été, Aymen Abdennour est finalement resté à Valence. Pour montrer tout ce qu’il a dans le bide, malgré les nombreux vents contraires.
La touffe toujours aussi garnie, David Luiz a fait son retour à Chelsea. À la recherche urgente d’un défenseur central pas trop cher, les Blues ont choisi la facilité en optant pour un élément qui connaît déjà la maison. Mais ce renfort de dernière minute aurait pu être beaucoup moins chevelu. Dans les petits papiers du club londonien depuis un moment, le crâne dégarni d’Aymen Abdennour a été tout près de signer en Premier League lors de l’ultime journée du mercato. Renvoyé bouler par le Paris Saint-Germain dans un premier temps, Antonio Conte s’est en effet tourné vers Valence pour négocier un transfert. Quelques mois seulement après que Guus Hiddink a tenté le même coup. En janvier 2016, c’était plus ou moins Abdennour qui avait décliné la proposition. Cet été, « il y a eu des discussions, mais cela n’a pas abouti pour des raisons financières » selon les propos du protagoniste rapportés par Marca.
Celui qui devait partir dans le but de renflouer les caisses a donc préparé ses valises pour que dalle. Cet intérêt du champion d’Angleterre 2015 pour l’ancien Monégasque n’avait pourtant rien d’évident. Car en quittant la Ligue 1 pour Valence il y a un an, Abdennour n’a pas choisi la facilité. Et n’a pas non plus réellement convaincu pour sa première saison de Liga. Entre petits pépins physiques, fatigue et contre-performance, le Tunisien a eu du mal à prendre ses marques, lui qui sortait d’une année monstrueuse avec le club de la Principauté. Sa première rencontre de championnat est d’ailleurs marquée par un joli petit pont signé Alen Halilović.
Halilović le da la bienvenida a Abdennour https://t.co/aW4menTYTT
— Jorge (@jorgeyuoss) 12 septembre 2015
Projet quelconque et résultats décevants
Lucide, l’imposant bonhomme n’a pas nié ses difficultés dans les pages de Jeune Afrique en cours de saison, tout en rappelant son plaisir d’évoluer au pays de Cervantes : « Je sais que je peux faire mieux. J’ai connu quelques blessures qui m’ont éloigné des terrains plusieurs semaines, ce qui a ralenti mon adaptation.(…)J’ai changé de championnat. Il y a des différences entre la France et l’Espagne, où le jeu est plus ouvert, plus offensif, plus technique. C’est le meilleur championnat du monde à mes yeux. » Il faut cependant dire que l’arrière central n’est pas placé dans les meilleures conditions.
Depuis 2008, date de leur dernier trophée – une Coupe d’Espagne – et le départ d’un certain Unai Emery, les Chés sont en totale perdition. Le projet est quelconque, les résultats plus que décevants et les coachs tentent leur chance à tour de rôle. Parmi les sept qui ont pris place sur le banc après le néo-Parisien, seul Nuno Espírito Santo est resté plus d’un an. Abdenour, lui, a déjà connu trois techniciens « officiels » différents : Santo, Gary Neville et Pako Ayestarán. Pas l’idéal quand on doit se faire à un autre football et s’intégrer dans une nouvelle équipe. Comme la majorité de ses partenaires, l’ex-Toulousain a donc plutôt raté sa saison, terminant à une douzième place révélatrice du niveau de la team.
Jouer avec Mangala plus difficile que croquer Suárez ?
Le problème, c’est que l’environnement ne semble pas destiné à devenir plus propice pour Abdennour. Valence n’a toujours pas pris le moindre point après quatre journées (seule équipe dans ce cas-là), provoquant le licenciement d’Ayestarán, et le défenseur n’a pu disputer que les deux premières en raison d’une contracture à la cuisse. De plus, Shkodran Mustafi a rejoint Arsenal durant l’été et a été remplacé par… Eliaquim Mangala. Et partager une charnière centrale avec le Français, actuellement, c’est tout sauf un cadeau. En témoigne son abominable partie à Bilbao le week-end dernier. Autant dire qu’Abdenour va parfois devoir défendre pour deux. Surtout si Ezequiel Garay se rend indisponible, comme c’est le cas en ce moment.
Reste qu’Aymen Abdennour a tout de même montré de bonnes choses, surtout en fin de saison dernière. Avec désormais vingt-trois titularisations en Liga, il n’a jamais été le moins bon de sa bande. Il a même prouvé que son surnom de Roc tenait toujours lors d’une victoire face au Barça en avril dernier où il avait mangé Luis Suárez. « J’aime les grands rendez-vous, ça me stimule. Après, je suis toujours à fond. Il y a eu des jours où ça n’a pas marché, mais ces dernières semaines, je reviens très bien, se félicitait-il alors à France Football. Face à Messi, Suárez, Iniesta ou Neymar, croyez-moi, ce n’est pas facile. J’ai essayé de jouer avec mon cerveau. J’ai toujours pensé que le sérieux et la patience paieraient. » Au vrai, Abdennour avait aussi eu besoin d’un temps d’adaptation à Toulouse et à Monaco avant d’en devenir le patron. Et comme lui-même le déclare, « c’est à toi de voir, si tu veux y arriver, tu finis par y arriver » .
Par Florian Cadu