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Abdelkrim Bira : « En Algérie, tout le pouvoir dépend des fans »

Propos recueillis par Lorraine Argiles
Abdelkrim Bira : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>En Algérie, tout le pouvoir dépend des fans<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Tranquillement installé à la cantine du centre d'entraînement d'Hussein Dey, coach Abdelkrim nous confie sa vision et ses espoirs pour cette nouvelle saison de Ligue 1 Algérienne, entre deux bouchées de salade composée et d'escalope milanaise.

Coach, pourquoi avoir accepté de relever le challenge Hussein Dey ?

C’est parce que j’aime les défis. Le NAHD a vécu ces dernières années des moments assez difficiles même s’ils sont remontés en première division il y a deux ans. Le problème, c’est qu’il y a toujours un risque important de faire l’ascenseur. On a convenu avec les responsables d’essayer de former le plus vite possible un groupe solide et compétitif pour bien démarrer la saison.

Le calendrier commence fort, avec le derby contre l’USMA d’entrée…

Oui, cela va être un match difficile, ils sont qualifiés en demi-finale de Champions League. Mais il n’y a pas qu’un seul derby ! On a trois derbys lors des quatre premières journées, puisque derrière on doit affronter le CR Belouizdad et l’USM El Harrach, deux quartiers mitoyens d’Alger.

Comment s’en sortir ?

L’important, c’est de conserver la stabilité. On essaie de former un projet sur le moyen terme, sur les les deux ou trois ans à venir, en renouvelant l’effectif par petites touches. Ce qu’on a essayé de faire cet été, même si on n’est pas vraiment arrivés à nos fins.

C’est-à-dire ?

Pour certains joueurs, on s’y est pris trop tard. Pour d’autres, ils étaient tout simplement hors-de-prix.

Vous dites viser le moyen terme, mais en même temps, la durée de vie d’un entraîneur en Algérie ne dépasse pas celle d’un papillon…

Vous touchez du doigt un vrai problème. Si la durée de vie des entraîneurs algériens est si courte, c’est parce que les dirigeants ont les mains liées. À la vérité, tout le pouvoir dépend des fans. À part quelques subventions et les sponsors de la téléphonie mobile, comme Mobilis qui est sur notre maillot, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent niveau financier.

Le NAHD bénéficie pourtant de la fortune de son propriétaire…

Oui, ici on s’appuie sur l’apport financier des frères Ould Zmerli, qui ont notamment refait nos installations d’entraînement à neuf. Mais ce n’est pas le cas en général. Pour en revenir aux supporters, j’espère qu’ils vont continuer à nous soutenir quelle que soit la situation. Le problème n’est pas qu’ils exigent des résultats, c’est normal, mais qu’ils demandent des résultats immédiats.

Vos nouveaux supporters sont réputés pour être assez chauds…

L’an dernier, j’entraînais El Harrach. Quand je suis venu jouer ici j’ai vécu 90 minutes splendides. Les supporters n’ont pas arrêté d’encourager leur équipe dans le plus grand esprit de passion et de convivialité, c’était magnifique.
Les clubs se structurent et s’améliorent, il y a une véritable prise de conscience à tous les niveaux, et notamment sur le plan tactique. Le seul problème, c’est avec les joueurs algériens.

Pouvez-nous vous présenter le club ?

Je ne suis pas spécialiste puisque je viens d’arriver, mais d’après ce que j’en sais… (avale une bouchée) le palmarès du club n’est pas très étoffé, il n’y a qu’un seul titre de champion gagné il y a presque cinquante ans. En revanche, c’est un club qui a eu par le passé de très grands entraîneurs comme René Vernier, Reynolds, Ammar Boussida ou Jean Snella, qui est passé au club dans les années 70.

Oui, ils sont d’ailleurs à l’origine de la politique de formation du NAHD, qui fait sa renommée…

Le club a formé de très grand joueurs comme Rabah Madjer, Mahmoud Guendouz ou encore Meziane Ighil, l’ex-entraîneur de l’équipe, qui a passé toute sa carrière au club et qui a joué en équipe nationale. Il y en a eu beaucoup d’autres.

Comptez-vous perpétuer la tradition et vous appuyer sur le centre de formation ?

Le NAHD est un club formateur depuis des décennies, mais ces derniers temps les résultats du centre de formation ne sont pas à la hauteur. Heureusement, le staff dirigeant a une véritable envie de relancer la formation, qui fait partie de l’ADN du club, pour retrouver le haut niveau. Cet été, nous avons mis en place un travail de fond sur plusieurs catégories avec des entraîneurs véritablement diplômés, et en recrutant Mustapha Biskri, un directeur technique de très haute qualité, passé par la Fédération algérienne. Personnellement, à chaque fois que j’ai eu la possibilité de lancer des jeunes, je l’ai fait par le passé. Et je n’ai jamais eu à m’en plaindre.

Pour en revenir au championnat, l’année dernière, le classement a été particulièrement serré.

Oui, il y a eu seulement quinze points d’écart entre le premier Sétif et la lanterne rouge, Bel Abbes. À un moment, j’étais leader du championnat avec l’USM El Harrach, et les gens commençaient à m’approcher plein d’espoirs, en me disant « coach, on peut être champions cette année » . Mais moi, je voyais bien que cela ne voulait rien dire. Le huitième n’était qu’à trois points, ça ne se jouait à rien.

Peut-on expliquer une telle homogénéité par un nivellement des équipes vers le bas ?

Pour moi, au contraire, c’est le signe d’un nivellement par le haut. Il n’y a qu’à voir l’efficacité des équipes algériennes en Ligue des champions, avec trois équipes qualifiées pour les poules finales cette année. Sétif a en plus gagné la compétition l’année dernière. Ce sont des éléments qui ne mentent pas. Or, dans notre championnat, on voit que les équipes de milieu de tableau accrochent les plus grosses écuries. La technologie aidant, les entraîneurs ont de plus en plus de moyens pour faire progresser leurs équipes. Les clubs se structurent et s’améliorent, il y a une véritable prise de conscience à tous les niveaux, et notamment sur le plan tactique. Le seul problème, c’est avec les joueurs algériens.

Ah bon ?

Ils s’entraînent mais ils ne font pas attention à la récupération. Malgré toutes nos recommandations. Souvent, vous les voyez se comporter comme des individus lambda alors que ce sont des sportifs de haut niveau et que le moindre détail compte. Ils doivent respecter des critères scientifiquement établis. Certains y arrivent, mais souvent le message ne passe pas.

Que reste-il d’autre à améliorer en Division 1 ?

Il faut augmenter le nombre de matchs par saison. Je milite pour un passage à 18 et même à 20 équipes. Je pense que ce serait nettement mieux. Cela permettrait à tous les clubs de répéter les efforts compétitifs. Pour l’instant, on est à 16, car les responsables pensent qu’il n’y a pas assez d’équipes capables d’accéder dans l’élite, même si, officiellement, il y a 32 équipes dans le pays qui ont le statut professionnel.
On a tendance à dévaloriser ce qui vient de chez nous. Si vous voyez deux chemises, une made in France, l’autre made in Algeria, vous choisissez laquelle ?

Une autre réforme, déjà actée, qui risque de peser lourd dans la balance, c’est cette interdiction de recrutement des joueurs étrangers…

Ce sont les responsables de la Fédération qui ont décidé. Officiellement, c’est un problème de transferts de devises. D’autres expliquent cette décision par le fait qu’on veut donner plus de chances aux jeunes footballeurs algériens. Mais pour moi c’est une erreur : au niveau du jeu, le joueur algérien ne peut que s’améliorer en se confrontant à autrui. Malheureusement, certains managers malhonnêtes ramènent des joueurs africains avec des certificats trafiqués, dans le but de contourner la réglementation qui dit que les joueurs étrangers doivent être âgés de moins de 27 ans. La Fédération en a assez. Mais c’est dommage, car pour moi un travailleur devrait être capable d’aller gagner sa croûte partout où il y a du travail, à l’image de l’arrêt Bosman en Europe.

Un dernier mot pour finir, avant le dessert. Une analogie est-elle possible entre l’augmentation du niveau du championnat et la qualité retrouvée de la sélection ?

Pour moi, cela ne montre pas que le championnat progresse, car l’équipe nationale est composée essentiellement de joueurs franco-algériens. Les seuls joueurs locaux, ce sont les gardiens de but.

Comment vous l’expliquez ?Les Franco-algériens ont une meilleure qualité de formation, ils passent tous par des centres et évoluent dans des conditions différentes. Et en même temps, on a tendance à dévaloriser ce qui vient de chez nous. Si vous voyez deux chemises, une made in France, l’autre made in Algeria, vous choisissez laquelle ?

Peut-être bien le made in France…

C’est un peu un complexe que l’on a ici, surtout au sein de notre Fédération. Mais je suis convaincu, avec d’autres collègues, que si la Fédération mettait autant d’argent dans notre championnat que dans la sélection nationale, en deux ou trois ans, les joueurs formés localement pourraient accéder à un très bon niveau et pourquoi pas rivaliser avec les Franco-algériens.

Surtout que les joueurs locaux sont généralement plus performants lors des CAN, plus habitués à la chaleur et aux conditions de jeu…

Dans ce cas précis, même si les conditions environnementales jouent un peu, je pense surtout que c’est un problème de motivation. Les joueurs venus d’Europe ne jouent pas la CAN à 100% car ils ont peur des blessures et des risques qu’ils font encourir à leur club, qui font toujours des difficultés pour les lâcher.

Un qui est venu en Algérie avec plaisir, en tout cas, c’est Nicolas Anelka…

Oui, j’étais à El Harrach à l’époque donc je ne l’ai pas rencontré personnellement. Mais au sein du club, j’ai entendu beaucoup de bien de lui depuis que je suis arrivé. C’était une vraie star, qui venait avec son statut, mais il s’est bien intégré. Il s’est adapté avec amabilité et gentillesse. Il est d’ailleurs toujours en contact rapproché avec les responsables.

Amabilité, gentillesse, et clash avec l’entraîneur…

Je n’étais pas là, et je préfère ne pas faire trop de commentaires. J’ai lu la presse comme tout le monde. De manière générale, n’importe quel entraîneur ne supporterait pas que le président rentre sur le terrain pendant une séance. Le rectangle vert, c’est sacré. Mais ce qui s’est passé est passé. C’est un faux-débat. Les malentendus, ça arrive dans tous les clubs.
Brest, capitale des Côtes d’Amour

Propos recueillis par Lorraine Argiles

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