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À West Ham, Michail Antonio fait parler la foudre
En déplacement à West Ham ce dimanche, Liverpool aura fort à faire pour contenir l'un des plus redoutables attaquants d'Angleterre, en la personne de Michail Antonio. Nouvel atout phare de la sélection jamaïcaine, Micky rayonne en ce début de saison. En cette année olympique, le bulldozer de 31 ans trace la glace.
Il faut croire que les Jamaïcains aiment ce Stade Olympique de Londres. Le 5 août 2012, c’est Usain Bolt qui explosait le record olympique du 100 mètres en 9,63 secondes, prenant à cette occasion la suite de Carl Lewis, jusqu’alors seul sprinteur à conserver l’or dans la discipline reine. La ligne est certes moins droite mais, neuf ans plus tard, son compatriote Michail Antonio arpente cette même enceinte, dont les couloirs sont désormais recouverts de bordeau et de l’écusson du club de football résident de West Ham.
Roc collection
Dans son maillot lie de vin qu’il revêt depuis sept saisons, le jeune trentenaire (31 ans) devient meilleur à mesure qu’il vieillit. Atout offensif n°1 de sa formation, bien que le danger peut venir de n’importe où avec les hommes de David Moyes, le natif de la banlieue sud de Londres est récemment devenu le meilleur buteur de l’histoire de West Ham dans l’élite anglaise. « Je n’ai jamais su où était placée cette barre, avoue le principal intéressé au volant de la Porsche verte de l’émission Wingmen Season. Je jouais, je jouais, je jouais et puis, quand j’ai vu que le record était de 47, j’y suis allé. » Son compteur affiche désormais 52 unités, avec l’Italien Paolo Di Canio dans le rétro. Antonio se porte bien. Si bien que ses performances traversent désormais les frontières du Royaume de la Reine.
L’Europe, déjà, est devenue un nouvel espace d’expression. Le 16 septembre dernier à Zagreb, pour le grand retour de West Ham en phase de poule d’une compétition européenne depuis 21 ans, il ne lui faut que 22 minutes pour ajouter son nom au tableau de marque. Le Jamaïcain intercepte une passe en retrait de Kévin Théophile-Catherine, se joue du portier croate et glisse la balle au fond des filets. Joe Cole, ancienne gloire des Hammers, n’en revient pas : « Ce toucher-là, si c’était Éric Cantona ou Teddy Sheringham, tout le monde en baverait. Il est si puissant, il a été sensationnel. » D’ailleurs, le colosse ne pense pas avoir de concurrence purement physique en Premier League : « Virgil Van Dijk est costaud. Mais personne n’est plus fort que moi. Fernandinho est fort. Kurt Zouma, évidemment, c’est un mec fort. Mais personne n’est plus fort que moi ! »
La foudre peut tomber deux fois au même endroit
Au-delà des ses 180 centimètres et ses 82 kilos de muscles, Micky est définitivement plus qu’un bulldozer. Il sait aussi se montrer fin techniquement, capable de dribbler et d’éliminer ses adversaires avant de catapulter une grosse frappe, Michail Antonio a bien d’autres cordes à son arc. En témoigne sa performance XXL face à Leicester. Écrasant Çağlar Söyüncü avant de foudroyer Kasper Schmeichel sur le premier but, effaçant Daniel Amartey d’un sombrero sur sa seconde réalisation, le Londonien avait fait vivre un véritable cauchemar aux défenseurs des Foxes.
Monstrueux dans l’élite avec six buts et trois passes décisives en neuf matchs, grillant ainsi la priorité à Cristiano Ronaldo mais aussi Romelu Lukaku au classement des joueurs les plus décisifs depuis le début de la compétition, Antonio signe un des meilleurs débuts de saison, à l’image de son club, invité à jouer les trouble-fête en haut de tableau. « Je ne veux pas seulement battre les records d’un ou deux joueurs, je veux battre tous les records afin que la prochaine personne qui essaye de me battre, n’y arrive pas », déclarait Micky décidé à aller encore plus loin.
Buteur des Caraïbes
Ça tombe bien, puisqu’après la rencontre face à Liverpool, Antonio devra parcourir 7530 bornes et traverser un océan pour faire admirer ses talents avec la sélection jamaïcaine. Appelé en 2016 par Sam Allardyce pour finalement ne disputer aucune minute sous la tunique des Three Lions, Antonio n’a pas snobé l’appel du pays natal de ses deux parents. Le 31 août dernier, il est convoqué pour la première fois avec les Reggae Boyz où il honore sa première sélection six jours plus tard face au Panama (défaite 3-0). Une nouvelle vie qui ne peut que l’enthousiasmer : « C’est excitant, c’est quelque chose que je n’ai jamais fait auparavant. Venir ici pendant la saison, est un peu bizarre pour moi. Je n’y suis pas habitué. Normalement je viens ici en vacances, mais venir ici pour travailler, c’est complètement différent. » Usain avait conquis Kingston avant Londres, Micky est prêt à faire le chemin inverse.
Par Matthieu Darbas