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À Vallecas, le salut passe par le Calderón
Bien mal en point en Liga, le Rayo Vallecano se déplace chez son voisin de l’Atlético avec des ambitions minimes. Plus qu’un succès, les Rayistas espèrent repartir du Vicente-Calderón avec quelques joueurs en prêt. Une solidarité madrilène qui a déjà fait ses preuves par le passé.
« Notre capacité défensive est si mauvaise que nous sommes une équipe qui ne peut figurer dans cette catégorie. » Fidèle à lui-même, Paco Jémez ne mâche pas ses mots à l’heure d’évoquer le niveau de son Rayo. Le fanion de Vallecas, avant-dernier de Liga, vient tout juste de tomber sur la pelouse de Levante qu’il se déplace en Copa del Rey sur la pelouse du leader de la Liga. Ce déplacement de quelques kilomètres chez le voisin de l’Atlético connaît une ambition toute relative : celle de ne pas rentrer au quartier avec une valise.
Dans ses bagages, Paco Jémez espère pourtant bien ramener quelque chose du Vicente-Calderón. Autrement dit, des jeunes pousses de la cantera des Colchoneros en prêt pour combler un effectif rayista malade. Lucas Hernandez et Thomas Partey, aujourd’hui désirés par Paco, mais conservés par le Cholo, seraient alors les héritiers d’une longue tradition d’entraide entre les deux clubs du Sud de Madrid. Une coutume qui prend racine à la toute fin des années 40 et qui a déjà contribué au maintien du Rayo dans l’élite espagnole. Retour sur une relation autant salutaire pour les Franjirrojos que fructueuse pour les Rojiblancos.
Du rouge pour un maillot trop blanc
La fin de saison passée vient tout juste d’être sifflée que Felipe Miñambres flâne aux abords du Vicente-Calderón. « Nous avons une bonne relation avec l’Atlético, évoque alors le directeur sportif du Rayo Vallecano. Cette saison (la dernière, ndlr), nous avons Insua et Baptistão en prêt chez nous, et les saisons d’avant, nous avons toujours eu des joueurs en prêt de l’Atlético. En gros, nous allons parler de tout cela. » À l’issue de cette réunion, aucun joueur ne vient pourtant garnir les rangs de l’effectif de Paco Jémez. Une rare exception à une règle instaurée lors la saison 1949-50. Déjà à la ramasse financièrement, le club de la ville de Vallecas signe un accord de collaboration avec l’Atlético, pour s’assurer une montée en Segunda B. Cet accord oblige les deux clubs à inter-changer des joueurs : quand les Colchoneros doivent prêtés leurs jeunes pousses, les Rayistas doivent, eux, céder leurs meilleurs joueurs. Par là même, l’arrangement ordonne au Rayo d’instaurer une touche de rouge sur sa liquette blanche, trop proche de celle des Merengues de la capitale – non, le maillot du Rayo n’est pas un hommage à celui de River Plate.
Bien que déchiré dès l’exerce suivant son instauration, cet accord trace des liens indélébiles entre les deux clubs. Quelques rétrogradations et soucis financiers plus tard, cette relation, à défaut de disparaître, prend tout de même du plomb dans l’aile. Et ce, jusqu’en 2011, année de la dernière montée du Rayo Vallecano en Primera. Une ascension synonyme de sauvetage du seul club de quartier de Liga : « Le conseiller fiscal du club nous avait rencontré avec le capitaine. Il nous avait dit que la seule solution pour que le club ne disparaisse pas était de monter. L’argument était que la dette était trop grande et que la seule manière de sauver le club était d’être en Liga. Penser que nous pouvions laisser tous ces gens sans club nous a rendus très tristes. » De disparition, José Ramon Sandoval, alors entraîneur de Vallecas, n’en connaîtra pas. A contrario, son Rayo grimpe en Liga et, quelques mois plus tard, s’offre un sauvetage in extremis. Pour rappel, à la dernière seconde de la dernière journée, Raúl Tamudo inscrit un pion salvateur face à Grenade – et hors-jeu d’un bon mètre – pour délaisser à Villarreal son statut de mauvais élève de Liga.
Diego Costa : « Qu’il résiste ou qu’il pète »
Surtout, ce miracle doit beaucoup à un joueur : Diego Costa. Remis d’une longue blessure aux ligaments croisés, l’Hispano-Brésilien est envoyé par le Cholo Simeone à Vallecas en janvier 2012. Sitôt débarqué aux entraînements de Sandoval, il ne lésine pas sur son engagement : « Si mon genou tient le coup, j’irai à fond. Sinon, je le péterai. » Seize matchs, dix pions et un sauvetage plus tard, Diego est considéré comme l’un des sauveurs du Rayo. Depuis, les prêts de jeunes joueurs rojiblancos s’enchaînent. Ils sont même au nombre de cinq entre Jorge Pulido, Joel Robles, Saul Ñiguez, Leo Baptistão et Emiliano Insúa.
Aujourd’hui au fond du seau, le club du Sud madrilène espère donc redynamiser son effectif en allant piocher dans la jeune garde de l’Atlético. Deux noms reviennent avec insistance : le Français Lucas Hernandez, à la cave, et le Ghanéen Thomas Partey, en pleine éclosion. Problème, le Cholo préfère conserver ses deux jeunes pousses, et ce, malgré leur manque évident de temps de jeu. Ne reste plus pour Paco Jémez qu’à flirter avec son homologue argentin et lui exposer les liens fraternels entre Rayo et Atlético. Ou entre Rayo et River.
Par Robin Delorme