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À Toulouse, l’important, c’est pas les 3 points
Depuis cet été, le TFC essaie de jouer au ballon et se met subitement à perdre. Telle est la première lecture qu'on pourrait faire du début de saison toulousain. Sauf que c'est plus compliqué. Évidemment.
L’air de rien, c’est une révolution de velours que vient de vivre le TFC. Révolution, parce que tout a changé. De velours, parce que tout a changé dans la durée, sans heurt, ni bruit. Tout a commencé il y a neuf mois, au mois de janvier plus précisément, avec le départ de Moussa Sissoko à Newcastle. Puis, au printemps, Alain Casanova, pour pimenter une fin saison sans grand intérêt, a jugé de bon ton d’abandonner le vieillissant 4/1/4/1, ADN d’un club qu’il coach depuis 2008 pour un 3/5/2 newlook qui laissait envisager quelque chose de neuf, quelque chose de joueur. « Le 3/5/2, je l’avais en tête depuis un bon moment. Plus je voyais l’évolution de notre jeu, plus je voyais des choses qui ne me convenaient pas, aussi bien sur le plan défensif que sur le plan offensif. J’avais envie d’apporter un peu de nouveauté, et surtout éviter de tomber dans la routine car il y a beaucoup de joueurs qui sont là depuis le début. Il fallait se renouveler » , avouait-t-il dans une interview sur notre site, en homme souciant de capter l’attention de jeunes aux envies d’ailleurs avant d’ajouter : « On veut utiliser ce système tout en se réservant le droit de revenir à notre 4/1/4/1 ponctuellement. » Nous voilà rassurés. Cet été, Capoue et Tabanou ont fait à leur tour leurs bagages et c’est peu dire que le TFC a changé de tête. Sissoko, Capoue, Tabanou : trois départs, trois joueurs formés au club, trois joueurs qui symbolisaient finalement le mieux ces années passées. Parfois brillant (Capoue), parfois absent (Tabanou), profil costaud (Sissoko), le TFC ne faisait sourire personne, mais se maintenait en Ligue 1 sans souci. Oui, le TFC fait partie de cette famille de clubs, habitués à faire peu de bruit, à peu recruter, à conserver ses jeunes, à se maintenir sans problème. Un club qui ne parle pas de maintien, et surtout pas d’ambition : ce serait trop risqué. Vous l’aurez compris : un club qu’on ne voit pas.
Être autre chose qu’une équipe de samedi soir
Alors pour être enfin autre chose qu’une équipe de samedi soir, le TFC a beaucoup recruté, comme souvent, pas cher, étranger et malin : Spahić, Roman, Trejo, Braithwaite, Aguilar, et Chantôme prêté en fin de mercato. Cette liste ne vous fait rien. Ne vous moquez pas, pour les supporters, elle veut dire beaucoup. Avec ses milieux relayeurs en pagaille, elle veut dire que le TFC change définitivement de face et d’époque. Samedi dernier, c’est armé d’un milieu Chantôme-Trejo-Didot que le TFC s’avançait face à l’OM. Un milieu technique et vintage, à des années-lumière du trio indéboulonnable Capoue-Sissoko-Didot. Il est désormais loin, le kick’n’rush bête et méchant avec Gignac seul devant au pôle débrouille. Le problème, au milieu de tous ces changements, c’est que le TFC pointe à la 19e place à la mi-septembre. L’habitué des départs canons, des saisons sans histoire, se retrouve à tâtonner en ce début d’année. La faute à des blessés (Roman, Zebina, Aguilar, Ben Basat), des joueurs qui trouvent encore leur marque (Trejo, Chantôme, Braithwaite), la faute aussi à un système ambitieux à apprivoiser pour gagner en cohérence. Un système ambitieux qui devait aider le TFC à voir plus haut et qui l’amène donc pour le moment tout en bas. Pas récompensé contre l’OM et Bordeaux, pas dans le coup à Bastia et Valenciennes, sans ambition à Monaco, le TFC se cherche en ce début de saison. Avec le retour des blessés, l’équipe devrait néanmoins gagner en consistance. Aguilar et ses 40 sélections avec la Colombie devrait s’installer à la place de Capoue devant la défense. Une défense qui attend sans y croire le retour de Zebina en profitant des promesses de Spahić. Si Trejo manque de coffre, il apporte une véritable plus-value, en témoigne sa passe pour Braithwaite contre Marseille amenant le but de Ben Yedder, dont on attend beaucoup du duo avec Ben Basat. Vous l’aurez compris, le TFC 2013/2014 est encore une suite d’hypothèses. Une suite d’hypothèses qui pourrait plaire. Dans un championnat qui ne fait que peu souvent la part belle aux projets de jeu audacieux, on en viendrait même à se dire que le pari est osé. Une révolution de velours mérite bien ça.
Par Antoine Mestres