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À Toulouse, les fumigènes sont de sortie

Par Maurice de Rambuteau
À Toulouse, les fumigènes sont de sortie

Cahin-caha, la cause des supporters en France progresse ! Alors que les incidents lors de Nice-Marseille n'augurent rien de bon pour l'amélioration de la cote des ultras auprès du grand public, une petite éclaircie fera son apparition au Stadium de Toulouse ce samedi, lors de la rencontre de Ligue 2 entre le TFC et Grenoble : une utilisation autorisée, mais encadrée de fumigènes, après des années de lutte de la part des associations de supporters. Alors, vraie progression ou mesure en mousse ?

Ça y est, les fumigènes font leur grand retour dans les stades du championnat de France ! Dit comme ça, l’affirmation peut faire sourire quand on pense à la multitude de « fumis » allumés chaque week-end en Ligue 1 et Ligue 2. Elle est pourtant bien sérieuse : une utilisation contrôlée et autorisée (c’est là toute la différence) d’engins pyrotechniques aura lieu ce samedi au Stadium de Toulouse, durant la rencontre entre le TFC et Grenoble, comme l’a annoncé le club de la ville rose dans un communiqué : « Seize supporters, dotés d’équipements de protection, seront mobilisés dans la zone sécurisée prévue à cet effet pour animer l’entrée des joueurs sur la pelouse au moyen d’engins pyrotechniques aux couleurs du Téfécé, sous l’encadrement et la responsabilité d’un artificier professionnel » . La mesure avait été validée en juin dernier par la ministre des Sports Roxana Maracineanu, avant d’être retardée par la pandémie. Une autorisation, oui, mais sous contraintes. De quoi se demander s’il s’agit vraiment d’un progrès ou bien d’une mesure absurde destinée à vite tomber dans l’oubli.

Les pouvoirs publics ont compris que les mesures qui allaient vers le tout répressif ne fonctionnent pas et provoquent même l’effet contraire.

La fin de l’absurdité ?

Quand on demande aux principaux concernés, la réponse est unanime : c’est déjà ça ! « En étant cohérents, on ne peut pas refuser une expérimentation qui va permettre peut-être un assouplissement des règles, explique Alexandre Roux, le président des Indians Tolosa. On aurait espéré quelque chose d’un petit peu plus large, mais c’est un premier pas. » C’est son groupe qui sera en charge d’allumer les fumigènes en question lors de l’entrée des joueurs. Pour lui, cette mesure illustre une prise de conscience des pouvoirs publics de l’absurdité des sanctions : « Ils ont compris que les mesures qui allaient vers le tout répressif ne fonctionnent pas et provoquent même l’effet contraire, en incitant les supporters à se rebeller et à craquer encore plus de fumigènes. »

Même son de cloche du côté de Sacha Houlié, député de la Vienne et co-auteur en mai 2020 d’un rapport d’information sur les interdictions de stade et le supporterisme, dans lequel il développe notamment l’hypocrisie de l’interdiction des fumigènes. « On met fin à une anormalité en allant vers une légalisation des fumigènes, assure l’élu. Ils sont interdits, mais on en voit partout. On nous dit que la raison de l’interdiction, c’est une question de sécurité publique et notamment de brûlures. Pourtant, quand on demande aux clubs de nous remonter les cas de brûlures qu’ils ont identifiés ces dix dernières années, on me dit zéro ! »

Les fumigènes, symbole du décalage des mentalités

Comment expliquer alors cette image dangereuse qui accompagne – ou accompagnait ? – les fumigènes, si ces derniers sont si inoffensifs ? Pour Sacha Houlié, le sujet souffre d’une mauvaise opinion : « Il y a une réalité des fumigènes qu’on connaît quand on est supporter de football, quand on a fait un virage. Mais dans l’opinion publique, ça reste quelque chose à quoi on n’est pas habitué, transmet le député de la Vienne. Samedi, ça sera un petit peu un stage découverte ! Il faut se rendre compte que le fumigène, ça n’est pas extraordinaire. »

Samedi, ça sera un petit peu un stage découverte ! Il faut se rendre compte que le fumigène, ça n’est pas extraordinaire.

Un stage découverte pour l’opinion publique qui permettrait, à terme, d’en finir avec certaines situations ubuesques. « Samedi, il faudra que les gens qui craquent viennent au stade le matin pour suivre une formation avec un artificier, alors que notre groupe existe depuis 1993, on a tous déjà craqué des dizaines et des dizaines de fumigènes, on sait s’en servir ! » relève Alexandre Roux. La situation peut en effet prêter à sourire : des ultras chevronnés, habitués depuis des décennies à brandir des fumigènes, vont donc docilement écouter les conseils d’un maître artificier. Le président des Indians abonde : « Ce qui est incohérent, c’est qu’on considère que c’est dangereux seulement dans les stades de foot ! Par exemple samedi avant le match, on va accueillir le bus de nos joueurs, et là, les fumigènes sont autorisés ! Il y aura des centaines de fumigènes allumés en même temps, il n’y aura pas besoin de formation ou d’écarter tout le monde de trois mètres ! »

Aujourd’hui l’expérimentation, demain la légalisation ?

Au moment d’évoquer l’expérimentation de samedi prochain, l’expression qui revient sans cesse est alors celle de « premier pas ». Un premier pas vers un objectif de légalisation totale, assumé et défendu par Sacha Houlié : « Si les parties ne quittent pas la table, on y arrivera. Il faut mesurer le chemin parcouru ces dernières années, on vient de loin ! » Un chemin à mener avec patience et pédagogie, selon le député de la Vienne : « C’est un accompagnement des pouvoirs publics, des clubs, des instances, vers une normalisation de leur usage. On doit passer par des étapes pédagogiques. » En attendant d’arriver au bout de ce fameux chemin, Alexandre Roux, lui, ne compte pas changer ses habitudes. « On verra comment cela évoluera dans le temps, mais ce n’est pas ce qui nous fera remplacer les craquages qu’on a l’habitude d’effectuer, balaye le Toulousain. Pour que le dossier soit bien monté, pour que la Ligue donne son accord, avec le club on a conclu de ne pas craquer sur le début de saison. Pour la suite, on recraquera habituellement comme on fait d’habitude. » S’il est bel et bien entamé, le combat pour la légalisation des fumigènes s’annonce sportif.

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