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À Toulouse, la vie en moins rose
Incroyable, mais vrai : Toulouse a gagné autant de matchs en 14 journées de championnat qu'en 5 rencontres de Ligue Europa (2 succès). Cette position inconfortable au classement, proche de la zone rouge, et le nul contre Lorient ont réveillé quelques frustrations et fragilisent Carles Martinez Novell.
C’était il y a moins d’un mois, le 9 novembre dernier, une date désormais gravée dans le cœur des Toulousains, que le TFC réalisait l’un des plus grands exploits de son histoire en domptant le Liverpool de Jürgen Klopp (3-2). L’ambiance était moins chaude, ce dimanche au Stadium, où les protégés de la Ville rose ont concédé le match nul dans les derniers instants face à Lorient (1-1). Une habitude cette saison en championnat, avec 7 points perdus dans le temps additionnel (Clermont, Brest, Le Havre et donc le FCL), et même 10 si on élargit aux 10 dernières minutes. Ce qui laisse souvent des regrets et permet de poser ce triste constat : Toulouse compte seulement 2 victoires en Ligue 1 après 14 journées, soit autant qu’en 5 rencontres de Ligue Europa. Le dernier succès dans la compétition domestique remonte au 1er octobre, c’était face à Metz (3-0), et voilà les Violets à la 14e place, avec un point d’avance sur le barragiste lorientais et trois sur Clermont. La parenthèse enchantée en Coupe d’Europe, où le Téf est assuré de passer l’hiver pour la première fois de son histoire, ne suffit pas à éviter les premières secousses liées à la situation en championnat.
Les paris de Comolli
L’égalisation de Bamba Dieng ce week-end semble avoir chamboulé la tranquillité toulousaine et a fait ressortir les frustrations des uns et des autres. Selon les informations du site Les Violets, confirmées par L’Équipe et RMC Sport, Damien Comolli, accompagné de deux autres membres du comité stratégique du TFC, s’est invité dans le vestiaire après la rencontre et a piqué une colère devant le staff et les joueurs. Le président toulousain, adepte de la data, n’est pas connu pour prendre des pincettes quand ça ne va pas ou que ça ne lui plaît pas. C’est pourtant lui qui avait placé Carles Martinez Novell dans le staff de Philippe Montanier en fin d’année 2022, à une époque où Toulouse n’était d’ailleurs pas dans une position plus confortable qu’aujourd’hui en championnat (13e avec 16 points en 16 journées). Avant d’offrir au technicien espagnol de 39 ans le costume d’entraîneur principal à la fin du printemps.
« Notre club est à un tournant décisif de son évolution. Pour entamer ce nouveau cycle, nous sommes convaincus que Carles est la personne idoine pour mener à bien nos ambitions, avait alors soutenu Comolli. Cette nomination marque une étape importante de notre élévation en tant que club, et nous sommes impatients de voir les résultats positifs que Carles apportera à notre équipe. » Dans le même temps, le TFC a dû gérer et digérer le fait d’avoir remporté la Coupe de France. Après le grand bonheur et la fête, on sait qu’il n’est pas toujours simple pour un club qui n’est pas programmé pour gagner d’enclencher une dynamique. Il faut parfois accepter de tourner des pages, et c’est ce qu’a choisi de faire Toulouse et Comolli, en montrant la porte à Montanier, mais aussi en régénérant, volontairement ou non, une partie de l’effectif. Les Violets ont ainsi perdu Maxime Dupé, Brecht Dejaegere, Branco van den Boomen, Rhys Healey et Stijn Spierings, tous partis libres, même si le dernier cité est revenu sous les hourras après quelques semaines passées à Lens. Farès Chaïbi et Rafael Ratão ont été vendus, Anthony Rouault a été prêté, et c’est une nouvelle équipe qui doit apprendre à vivre et jouer ensemble.
Bientôt la fête de Novell ?
Thijs Dallinga, lui, n’a pas bougé pendant l’été. L’attaquant néerlandais a planté huit fois cette saison toutes compétitions confondues, c’est lui qui avait encore ouvert le score de la tête ce dimanche contre Lorient, mais il n’a pas digéré d’avoir démarré la rencontre sur le banc. « On en parlera en interne et pas à la télévision », a-t-il conclu lors de son interview donnée au diffuseur Prime Video. Il en avait déjà trop dit, en réalité, assurant ne pas avoir eu d’explications de la part de Novell et lançant un très sarcastique « peut-être que vous en savez plus que moi » aux journalistes présents sur le plateau. « Je suis très frustré d’être sur le banc, avait-il commencé. Je me demande pourquoi, je me pose forcément des questions, mais quand j’entre sur le terrain, je dois rester professionnel pour aider l’équipe et essayer de marquer. Je ne peux rien faire de plus. »
— James (@calciomalpoli) December 3, 2023
Une frustration passagère ou un mal-être plus profond avec son entraîneur ? Cette sortie témoigne d’un malaise au moins personnel et ne peut pas aider l’Espagnol dans sa quête de victoires. Il ne serait pour l’heure pas menacé, selon L’Équipe, mais le foot reste le foot, et il aura besoin de résultats avant la trêve. Le calendrier est chargé, avec deux déplacements à venir à Lyon et à Linz, en Autriche, avant de boucler l’année par les réceptions de Rennes et Monaco au Stadium. « On termine 13e et tous les indicateurs prouvaient qu’on aurait pu finir 10e ou 11e, s’était agacé Comolli en fin de saison dernière avant de virer Montanier. C’est la première fois depuis qu’on est au club qu’on sous-performe. » On ne sait pas ce que les indicateurs prouvent cette fois, ni s’ils incitent à la patience, mais Novell aura sans doute besoin de points ces prochains jours pour passer les fêtes au chaud et s’asseoir sur le banc toulousain le 3 janvier prochain, au Parc des Princes, lors du Trophée des champions.
Par Clément Gavard