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À Sochaux, le mystère Ledus perdure

Par Guillaume Vénétitay
4 minutes
À Sochaux, le mystère Ledus perdure

Un an après son arrivée, le cours de l'actionnaire du FCSM a brutalement chuté à la bourse de Hong-Kong, laissant entrevoir une possible faillite. De quoi relancer l'inquiétude des supporters.


Ce n’était qu’un deuxième tour de Coupe de la Ligue, mais les joueurs sochaliens ont fêté dignement leur victoire sur Brest (2-0), mardi soir. Deux virages salués, un drapeau jaune et bleu brandi par Franck Honorat et un clapping avec les ultras. La nuit s’annonçait douce à Bonal et à vrai dire, le début de saison du FC Sochaux-Montbéliard est impeccable : six matchs, quatre victoires et seulement deux buts encaissés. Voilà pour le terrain. En coulisses, le club marche sur un fil. Le 27 juillet dernier, Tech Pro Technology, maison mère de Ledus, le propriétaire du FCSM depuis un an, perdait 86% de sa valeur à la bourse de Hong-Kong. Le spectre de la faillite n’est pas loin. La cause de cette chute : le rapport d’un cabinet d’analyses américain, qualifiant Tech Pro de « fraude » et l’accusant d’avoir surestimé ses bénéfices. Le texte conseillait aux actionnaires de vendre leurs actions le plus vite possible. Du côté du club et du président Li Wing-Sang, on a sorti le langage de communication de crise : le rapport serait biaisé. Des proches du club ont confirmé que le budget était validé pour la saison en cours. N’empêche, les questions se posent sur l’actionnaire. Comme depuis le premier jour.

« Toujours eu des doutes »

Il y a quelque chose de lunaire quand on repense au service après-vente déployé à chaque interrogation sur la solidité de Tech Pro Technology et de sa filiale Ledus. En mars dernier, Alain Cordier, ancien président du club de 2000 à 2014, déclarait : « Les supporters s’inquiètent, c’est normal après un changement de propriétaire, mais pour être coté à la Bourse de Hong Kong, l’une des plus difficiles au monde, il faut avoir les reins solides. » Li Wing-Sang avait lui-même pris le soin de rassurer le microcosme sochalien dans L’Équipe en janvier dernier : « Nous voulons développer le club, son académie. Nous ne sommes pas des traders.[…]Si nécessaire, nous sommes prêts à investir dix, vingt ou cent millions d’euros. » Malgré quelques coups de com’ – une tournée de champagne pour les fans dans une pizzeria de Montbéliard après une victoire ou une prosternation devant la tribune nord –, les supporters n’ont jamais été rassurés par le profil de l’investisseur. « On a toujours eu des doutes. On avait fait des recherches et les résultats du groupe pour 2015 étaient alarmants. On n’a donc pas été surpris par le krach boursier, mais plus par son ampleur » , souligne Fabrice Lefèvre, au pied des gradins accueillant les ultras. Le patron du Planète Sochaux avait été à l’origine d’une motion de défiance de supporters envers la direction du club, en janvier 2016. « Depuis, on a été informés des objectifs et de l’organigramme plus précis de Ledus et de la holding » , indique de son côté Jean-François Bonnet, président du Supporter club du FCSM.

La « trahison » de PSA

En dehors de ces maigres informations, le club et Li verrouillent. Depuis le krach boursier, le patron du club ne s’est pas montré dans le Doubs. On l’a aperçu seulement sur Twitter, en compagnie des U17 sochaliens, partis en stage en Chine. Ilja Kaenzig, directeur général, n’a pas souhaité nous répondre, arguant que le club avait « pour principe de ne pas commenter la situation d’une autre entreprise » et qu’il ne pouvait « s’exprimer sur les affaires de M. Li en son nom » . Le recrutement semble au point mort, malgré l’absence d’un arrière gauche de métier. Le patron de Ledus avait promis d’investir cet été. Résultat : six recrues gratuites. Aucune partie ne communique, accentuant le flou autour du club. Certains supporters vont même jusqu’à s’écharper avec des agents de joueurs sur le forum de Planète Sochaux. En réalité, il faut comprendre que Sochaux a changé de monde, après une rupture brutale. Le matin du match qui allait envoyer Sochaux en Ligue 2, le 17 mai 2014, PSA se payait une demi-page de pub dans L’Équipe : « Peugeot supporter du FC Sochaux-Montbéliard depuis 1928. » Six jours plus tard, la presse se faisait l’écho d’une volonté de PSA de lâcher le club. « Je leur en veux. Pour moi, ils ont trahi Sochaux » , confie Fabrice Lefèvre. L’image même de PSA rassurait les supporters et offrait le portrait parfois artificiel d’un club familial. Même si, en haut lieu, le groupe semblait vouloir se débarrasser du club depuis plusieurs années. Désormais, même la routine habituelle d’un club de foot pro – rivalités internes, influence des intermédiaires, doutes des supporters sur la direction – donne lieu à des spéculations. Reste une réalité bien tangible : la situation inquiétante de l’actionnaire après sa chute à la Bourse de Hong-Kong. À un moment, les bons résultats, les clapping avec les supporters et les discours rassurants ne suffiront plus. Il faudra bien se mouiller et donner un semblant de vérité.

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Par Guillaume Vénétitay

Tous propos recueillis par Guillaume Vénétitay, sauf mention. 
Propos d'Alain Cordier tirés de So Foot n°135.

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