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À Séville, on change une équipe qui gagne
Onze joueurs recrutés dont un gardien, plus un entraîneur. Voilà l'addition du FC Séville à la fin du mercato collection été 2016. Une équipe entière, et un recrutement hyper offensif pour servir les plans de Sampaoli. Au vu des premières sorties andalouses cette saison, on ne devrait pas s'ennuyer.
Dans un monde du football où tout va beaucoup trop vite, il existe quelques phares qui permettent de ne pas se perdre. Francesco Totti à la Roma, Paul Pogba en train de faire des dabs, et le FC Séville vainqueur de la Ligue Europa. Ces trois dernières années, c’était avec Unai Emery sur le banc, Coke pour porter fièrement le brassard de capitaine, ou encore Vitolo pour virevolter sur son aile. Un bel équilibre que l’on avait du mal à imaginer voler en éclats, et pourtant, en un été, Séville a opéré une quasi-révolution. Au revoir Emery, parti goûter à l’air du Parc des Princes, en emmenant avec lui Grzegorz Krychowiak, taulier du milieu depuis deux saisons. Salut Kevin Gameiro, buteur prolifique ces trois dernières années, mais aussi Beto, gardien de but fidèle au poste, ou encore Éver Banega. Et surtout, adios capitaine Coke, qui s’en va vers Schalke 04 après cinq saisons de bons et loyaux services en Andalousie. Une saignée signe de la fin d’une époque pour les Sévillans, qui avaient trouvé la bonne recette ces derniers temps, mais qui ont été obligés de se réinventer cet été. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’ont pas fait semblant. Pour mener les troupes, Séville dégaine dès le mois de juin Jorge Sampaoli, l’homme des campagnes du Chili au Mondial 2014 et à la Copa América 2015. Un fou furieux de football offensif, qui avait été pisté par Chelsea, mais aussi Marseille – son modèle absolu est Marcelo Bielsa –, et qui annonçait le jour de son arrivée à Séville : « Nous allons passer chaque 90 minutes à attaquer. »
En avant toutes
Une arrivée en Liga en forme de consécration pour celui qui n’avait jamais entraîné d’équipe européenne, mais qui avait tout plaqué à la fin des années 90 alors qu’il était employé de banque pour venir passer un mois en Espagne, et visiter les centres d’entraînement des clubs pour analyser leur travail. Quelque temps plus tard, il prenait en main sa première équipe au Pérou. « Séville est plus dangereux avec Sampaoli » , se méfiait Luis Enrique avant la Supercoupe d’Espagne. Un danger qui prend surtout la forme d’une force de frappe offensive assez impressionnante, puisque Sampaoli s’est amusé à mener un mercato à sa couleur, tout entier dirigé vers l’avant. Des attaquants, comme Vietto ou Ben Yedder qui n’en pouvait plus d’attendre son départ de Toulouse. Un nombre incalculable de profils de milieux offensifs, allant de la pépite brésilienne Ganso et sa folle patte gauche – Sampaoli veut qu’il devienne son Pirlo – à Pablo Sarabia, en passant par Hiroshi Kiyotake, Joaquín Correa, ou encore Franco Vázquez. Avec en bonus ce pari fou, celui de Samir Nasri, qui jurait être sûr de son choix : « Jusqu’au dernier moment, Guardiola a essayé de me retenir. Mais je voulais aller dans un club où je pourrais retrouver mon meilleur niveau. J’aime beaucoup sa façon de jouer avec une équipe qui attaque énormément. Il veut des joueurs techniques qui puissent garder le ballon, ce qui correspond à mon jeu. » Derrière, d’autres têtes connues, à commencer par Salvatore Sirigu, qui va pouvoir profiter de l’actuelle blessure à la main de David Soria pour voir autre chose qu’un banc de touche.
Un festival pour démarrer la Liga
Des paris, des risques, de la concurrence devant, et plein de nouveaux jouets que Jorge Sampaoli a pu utiliser et tester dans un match officiel de haut niveau avant même la reprise du championnat, puisque Séville disputait la Supercoupe de l’UEFA face au Real Madrid. Une défaite 3-2 le 9 août, puis une rouste une semaine plus tard contre Barcelone en Supercoupe d’Espagne. « Nous avons une chance » , voulait encore croire Sampaoli après le 2-0 encaissé au match aller. Tant pis pour les coupes d’avant-reprise de Liga, le Séville nouveau attendra la vraie rentrée des classes pour montrer de quelle bois elle se chauffe. 20 août, première journée de championnat face à l’Espanyol Barcelone, et sur la pelouse du stade Ramón Sánchez Pizjuán. Dans le 3-5-2 aligné, six joueurs du onze de départ de Séville sont des recrues estivales. Six, comme le nombre de buts marqués par les Andalous ce soir là – 6-4 score final –, avec une énorme contribution des nouveaux arrivés. Un doublé de Sarabia, un pion de Kiyokate, un de Ben Yedder, un autre de Vietto, mais aussi de Franco Vázquez. Ce dernier, déjà buteur face au Real Madrid début août, est d’ailleurs en train de s’affirmer comme un pilier du Séville new look qui se bâtit, en multipliant les prestations gourmandes. Les recrues des derniers jours du mercato vont devoir se greffer à ce train en marche, mais Samir Nasri se dit prêt à accepter toutes les consignes de son nouveau coach : « J’ai parlé avec Sampaoli et il m’a dit qu’il va m’utiliser à gauche, à droite ou même en faux n°9, cela dépendra du rival. » Séville la belle Andalouse semble prête à retourner faire tourner des têtes sur la piste de danse.
Par Alexandre Doskov