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À Séville, le Betis retrouve son Pepe
Descendu en Liga Adelante, le Betis Séville a retrouvé la foi. De retour aux commandes depuis fin décembre, Pepe Mel, Dieu vivant du Benito Villamarin, a insufflé un nouveau souffle à son équipe. Et ça marche : aujourd'hui, les Beticos ne sont qu'à un point de la montée directe.
Le 29 décembre dernier, malgré les multiples repas de Noël encore enfouis dans l’estomac, 10 000 supporters aux maillots vert et blanc se sont entassés dans la tribune centrale du Benito-Villamarin. Entre quelques fumigènes et chants à la gloire de leur guide, de retour au bercail, les joueurs du Betis Séville ont repris le chemin de l’entraînement. Pepe Mel, enfoui dans le survêtement du club, ne s’attendait sûrement pas un tel accueil. « Le public a été formidable lors de mon arrivée. Je suis chanceux, car ici les gens m’apprécient beaucoup, ils me traitent avec ce qui ressemble à de l’amour. J’ai donc une grande responsabilité envers eux » , nous raconte-t-il. Ému, celui qui a mené le Betis de Liga Adelante jusqu’en quarts de finale de Ligue Europa lors de son premier passage retrouve son seul et unique amour. « En décembre, le club m’a demandé de revenir pour aider l’équipe à remonter en Première Division. Et j’ai dit oui, poursuit-il. Le Betis est mon club, j’en suis supporter, socio. Je ne pouvais pas dire non. » Reste désormais à ne pas offrir une nouvelle désillusion à ses nombreux amoureux.
Mel : « Pour comprendre le Betis, tu dois beaucoup l’aimer »
Le come-back de Pepe Mel a été officialisé le 20 décembre dernier. Un changement de coach qui doit beaucoup aux mauvais résultats de son prédécesseur. Enfin, de ses prédécesseurs. Après avoir viré – comme un malpropre – en décembre 2013 celui qui est adulé par tout un peuple, le Betis a connu pas moins de quatre entraîneurs en moins d’un an. Coup sur coup, Juan Carlos Garrido, Gabriel Calderón, Julio Velázquez et Juan Merino se sont assis sur le banc sévillan. Et, l’un près l’autre, ils ont tous été destitués. Alors, club ingérable ou atypique ? À en croire l’intermède de Julio Velázquez, entraîneur de la filiale, durant quatre matchs pour autant de victoires, il faut simplement comprendre le Betis. Club mythique du Royaume, le Real Betis Balompié, « c’est un peu plus qu’un simple club de football » , dixit Pepe Mel : « C’est une passion que partagent des milliers de personnes en Espagne. Aujourd’hui, nous avons même une peña à New York. Un livre sur le Betis, ce serait une histoire de mystères. Car pour comprendre le Betis, tu dois beaucoup l’aimer. »
De l’amour pour son fanion, Pepe Mel en a à revendre. Justement, dès sa présentation, il a juré que « ce retour est un choix du cœur » . Justement, pourquoi du cœur et pas de la tête ? « Si elle était venue de la tête, je ne serais sûrement pas revenu, avoue-t-il. J’arrive de Premier League d’Angleterre pour aller en Seconde Division en Espagne. Ce n’est qu’une décision sentimentale, car c’est le Betis, le club que j’aime le plus. Si j’avais écouté seulement mon cerveau, j’aurais attendu une offre de Liga ou de Premier League. » En prenant en main le Betis en Liga Adelante, l’intéressé s’offre un pari tout aussi excitant qu’osé. Pour ce, il suffit de jeter un œil à son contrat. En signant un bail de six mois, plus deux ans en option seulement en cas de montée, Mel a mis la pression sur tous les composants du club : la direction, au fait de l’amour qui lie Mel et le public, les supporters, qui devront ne faire qu’un derrière leur équipe, et les joueurs, qui n’auront pas le droit à l’erreur. Et, bien entendu, lui-même : « Il n’y a qu’un seul objectif : revenir dès la fin de saison en Première Division. Aucune autre option n’existe. »
À un petit point de la montée directe
Avant même la prise en main de l’entraîneur le plus littéraire d’Espagne, le Betis avait déjà redressé la barre dans la course à la montée. L’intermède Julio Vazquez, coach de la B, s’est traduit par une série de quatre succès. Aujourd’hui aux affaires, Pepe Mel souhaite encore se renforcer malgré l’arrivée de Portillo, attaquant en manque de confiance du côté de Málaga. Toujours à la recherche d’un défenseur central – une situation en partie dû à la mise à l’écart de Damien Perquis –, les Sévillans, aujourd’hui quatrièmes à seulement un petit point du second Valladolid, devront aller au charbon pour décrocher un accessit direct. « La Liga Adelante est très difficile. Il y a beaucoup d’équipes qui ont un passé plus ou moins récent en Première Division : Saragosse, Majorque, Osasuna, Valladolid, Sporting Gijón, prévient Mel. Les terrains sont très différents par rapport à la Liga, le rythme de jeu également. » Mais, même en cas de montée, l’entraîneur formé au Real Madrid sait que le futur ne sera de toute façon pas radieux : « Le club a toujours des problèmes économiques. En plus des règles imposées par le fair-play financier, nous devons gérer une situation de faillite. Pour autant, nous espérons sortir de là dans quelques années, et nous serons encore plus forts. »
Par Robin Delorme, à Madrid