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  • Ligue 2 – J36 – Reims/Monaco

A Reims, le champagne est au frais

Par Régis Delanoë
4 minutes
A Reims, le champagne est au frais

33 ans après sa dernière saison en élite, 20 ans après une liquidation judiciaire qui a failli lui être fatale, le Stade de Reims est tout proche de valider son ticket pour la Ligue 1. Une victoire ce soir face à Monaco permettrait de conforter la place du club champenois sur un podium de L2 qu’il squatte depuis l’été dernier.

Petit rappel pour les cancres qui ont séché les cours d’Histoire du football : le Stade de Reims est le grand club de l’après-guerre en France. Champion pour la première fois en 1949, il va régner dans les années cinquante avec une génération en or, les Kopa, Jonquet, Batteux, Hidalgo, puis Fontaine, Piantoni, Vincent, Penverne… Buttant par deux fois sur le Real de Madrid, en 1956 et 1959, la formation champenoise ne parviendra néanmoins jamais à conquérir une Coupe d’Europe des clubs champions. Il y a un demi-siècle exactement, au printemps 1962, elle décroche un sixième titre de champion national, le dernier. S’en suivent trois décennies de long déclin : un retour à l’ordinaire tout d’abord, puis la relégation, jusqu’à la chute, violente, le 11 mai 1992, il y a 20 ans quasi jour pour jour, avec une liquidation judiciaire qui a bien failli lui être fatale. Le club redémarre en effet en DH à l’été suivant, soit de zéro ou presque. Le statut pro n’est récupéré que dix ans plus tard, avec un premier retour en Ligue 2. Encore un peu tendre, l’équipe replongera deux fois en National, en 2003 et 2009.

La baraka de fin de saison

D’abord adjoint de Marc Collat, Hubert Fournier, l’ancien défenseur de Guingamp et de Lyon notamment, est l’entraîneur de l’actuel renouveau. Promu à l’été 2010, son effectif peine à se maintenir à flot pendant une bonne partie de la saison dernière, mais une belle dynamique est amorcée au printemps. A l’intersaison 2011 pourtant, on peut craindre pour l’avenir du Stade, qui perd quelques-uns de ses meilleurs éléments, dont son meilleur buteur Julien Toudic, mais aussi Vincent Gragnic ou Thomas Gamiette. Le 7e budget de L2 ne s’affole pas et récupère ce qu’il faut pour compenser les départs : le défenseur Khalid Sekkat, le milieu Bocundji Ca, l’ailier Floyd Ayité, l’attaquant Kamel Ghilas… Dans la foulée de la bonne fin de saison précédente, la nouvelle démarre idéalement par quatre victoires, dont trois contre les ex-pensionnaires de L1, Lens, Monaco et Arles-Avignon.

Squatté dès la première journée, le podium ne sera jamais lâché de toute la saison. Tout n’a pourtant pas toujours été parfait lors de ces 35 premières journées, loin de là, mais il y a dans cet effectif actuel comme un supplément d’âme pour forcer le destin. Ou une incroyable baraka, peuvent aussi dire les jaloux. Depuis mars surtout, Reims prend les points de manière un peu miraculeuse, le plus souvent dans les dernières minutes voire secondes. Au Mans le 19 mars, c’est le jeune Idriss Saadi, arrivé en janvier, qui donne la victoire aux siens d’un but à la 85e (1-0). Trois semaines plus tard face à Clermont, un concurrent direct, Cédric Fauré égalise également à la 85e (2-2). Ce même Fauré, le 20 avril, offre trois points inespérés d’une reprise acrobatique à la quatrième minute du temps additionnel face à Troyes, autre concurrent direct (1-0). Ce n’est pas fini : au Havre une semaine après, le malheureux défenseur normand Benjamin Genton talonne dans ses propres filets à la 89e minute de jeu pour donner à ses adversaires un résultat nul (1-1). Enfin lors du dernier match face à Boulogne, Reims est mené au score et malmené dans le jeu, jusqu’à l’entrée décisive de Gaëtan Courtet, qui réalise le doublé aux 83e et 88e minutes (3-2).

Un public impatient

Une telle réussite dans le money time ne peut pas être complètement le fait du hasard. Elle récompense les efforts d’un groupe solide, soudé et qui ne lâche jamais rien, à défaut de complètement maîtriser son sujet ni de dominer les débats. Du gardien Agassa au duo d’attaque Fauré/Ghilas en passant par les Glombard, Tacalfred, Ca, Tainmont ou Ayité, tous ont leur part de responsabilité dans la réussite presque insolente de l’équipe depuis le début de saison. Hors peut-être le prêté Kamel Ghilas (Hull City), il n’y a pas pour ainsi dire d’individualités qu’on sent capable de s’imposer pleinement à l’étage au-dessus, mais ce Reims-là n’en a pas moins incontestablement mérité de remonter en élite. Ce serait aussi une juste récompense pour une équipe dirigeante qui a su reconstruire ce club mythique patiemment ces dernières années, avec pour effet le plus visible la rénovation réussie du stade Auguste-Delaune, qui peut accueillir depuis 2008 près de 22 000 spectateurs. L’enceinte promet d’ailleurs d’être quasi pleine pour l’affiche de ce soir face à Monaco. En cas de victoire, l’équipe rémoise compterait 6 points d’avance et une meilleure différence de buts sur le quatrième Clermont. Autant dire que le champagne est d’ores et déjà prêt à être dégainé.

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Par Régis Delanoë

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