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- 30 ans de la Game Boy
À quoi ressemblaient les jeux de foot sur la première Game Boy ?
Il y a 30 ans, la toute première Game Boy débarquait dans les cours d’école et allait marquer toute une génération de gamers. Au milieu des Tetris, Zelda, Mario et Pokémon, il y avait, déjà, une place pour les jeux de foot. Alors ça donnait quoi, à l’époque ? C’est parti pour un petit saut vintage.
« À l’époque, c’était vraiment la découverte. On commençait à arriver sur des choses un peu plus poussées que ce qui se faisait au tout début. » 1989 au Japon et en Amérique, 1990 en Europe : lorsque la Game Boy (ou le, pour les dictateurs du purisme) fait son apparition dans la vie des kids du monde entier, en plus de régner sur le marché pour un bon bout de temps, elle va offrir de nouvelles possibilités en ce qui concerne les simulations foot sur console portable. Et « Yashide » , du blog Another Retro World, peut en témoigner.
World Cup, cartouche dorée
On parle d’une époque et d’un support sur lequel tout était en noir et blanc, les musiques rendaient fous, les seuls choix disponibles étaient souvent des équipes nationales, les noms des joueurs semblaient sortir d’une dimension parallèle, les commentaires n’étaient pas encore d’actualité et la vision 3D n’était encore qu’un lointain concept. De toutes les cartouches ballon ayant été introduites dans la GB Classic, une se démarque incontestablement : le GOAT de la catégorie se nomme « Nintendo World Cup » dans sa version hors Japon. Un bébé de Technōs Japan, tout sauf réaliste, avec 13 sélections à disposition (dont l’URSS lors de sa sortie, nous sommes en 1991), dans lequel on ne contrôle qu’un seul joueur et où il n’existe pas de hors-jeu ni de fautes, mais qu’importe : on se marre. « On choisissait les jeux par rapport à la jaquette, et celle-ci m’avait impressionné car elle avait l’air super réaliste, sourit Yashide, enfant des années 1980-1990. En fait, le décalage est complet, car finalement c’est un jeu complètement arcade, dans lequel les joueurs se mettent des coups de poing, des tacles à la gorge, tu vois les yeux qui ressortent, tu as des tirs à la Olive & Tom… C’est complètement fun et c’est ce qui marque dans ce jeu. »
Une sorte de noble ancêtre du génial Mario Smash Football (avec des super tirs en tous genres et des terrains hostiles), déclinaison de la franchise des « Kunio-kun » et qui a également eu une belle vie sur la légendaire NES. « Il ne ressemble pas à un jeu de football ordinaire car il n’y a que 6 joueurs et quand un joueur se fait tacler trop souvent, il reste à terre jusqu’à la fin de la période de jeu » , se souvient lui le Youtuber « Six-k » , amateur de jeux rétros. Aujourd’hui encore, l’évocation de cette pépite provoque des papillons dans le ventre chez les plus nostalgiques.
Du classique sur International Football, des galères sur Super Kick-Off
En matière de simulation plus classique, certains ont découvert les jeux de foot avec « Soccer » , traduit « Football International » en Europe et développé par Tose spécialement pour le mythique rectangle de poche. « C’est beaucoup moins intéressant que World Cup, car moins fun et plus traditionnel, lâche Yashide. Mais ça reste un jeu typique sur lequel on passait du temps dans la cour de récré ou pendant les voyages scolaires. » Au menu, peu de vitesse, seulement huit pays (avec notamment l’Angleterre représentée par le drapeau du Royaume-Uni, parce qu’après tout pourquoi se compliquer la vie ?), là aussi la possibilité de se faire une Coupe du monde, le choix entre un équilibré 2-2-2 et un sophistiqué 2-3-1, et même des séances de tirs au but. Dans le même genre, Goal ! (aucun lien avec Santiago Muñez) est sorti du four en 1993 pour offrir ses tacles au son de robot, ses cinématiques à retardement et ses fautes déclenchant une mélodie pokémonienne.
La Game Boy « Zero » n’a également pas été épargnée par le culte Kick-Off (voir So Foot numéro 139, septembre 2016), ou plutôt sa suite Super Kick-Off (ainsi que Sensible Soccer qui s’en est inspiré). C’est surtout sur les ordinateurs Atari et Amiga que le jeu 100% 2D et vu du dessus a connu son heure de gloire, et cette fameuse balle qui ne colle pas au pied n’a pas laissé une marque indélébile sur la console grise de Nintendo malgré beaucoup d’options possibles. « C’est un jeu qui se voulait réaliste dans la conduite de balle, au contraire des autres jeux, dit Yashide. Il fallait donc gérer, car dès que tu partais dans une autre direction, le ballon avait tendance à s’éloigner de tes pieds, il fallait être assez habile. C’est plus compliqué à prendre en main. Une espèce de Subbuteo virtuel. » Tiertex, le développeur derrière Super Kick-Off, a d’ailleurs également produit World Cup USA ’94 (pour U.S. Gold) et World Cup 98 (pour EA Sports) sur GB.
FIFA contre ISS
On y arrive : quid des deux monstres sacrés du genre, alors ? C’est simple : la Game Boy première génération a connu l’arrivée de FIFA avec FIFA International Soccer (en 1994 sur GB et qui sera suivi des FIFA 97 et 98) pour lancer la saga, et un peu plus tard d’International Superstar Soccer (glorieux ancêtre de PES) avec un premier opus du même nom (en 1998, le suivant ISS 99 arrivant directement sur Game Boy Color en 2000). Le travail sur les joueurs est notable, mais aujourd’hui, ces versions sur la console portable font quand même sacrément mal aux yeux.
« FIFA International Soccer, je trouvais ça dommage, car c’était la version Super Nintendo et non la version Megadrive, rembobine Six-k. ISS m’a marqué, mais pas en bien. À l’époque, je m’attendais à avoir la même version que sur Super Nintendo, sans les couleurs et avec un peu d’animations en moins, mais je me suis retrouvé avec un jeu qui était moins bon que FIFA 97 et 98, alors que sur console de salon, c’était l’inverse. » Le vidéaste est dur : s’il est compliqué de réellement dire laquelle des deux franchises a le plus affirmé sa patte sur cette plateforme, le jeu se montre quand même plus fluide sur le produit de Konami, et les mouvements intempestifs de caméras sur les FIFA jouent en défaveur d’EA. De toute façon, un opus qui ne se lance pas avec un bon « It’s in the game ! » peut difficilement être réussi.
Par Jérémie Baron
Tous propos recueillis par JB