- C1
- 8es
- PSG-Real Madrid (1-2)
À perdre sans mérite, on sombre sans gloire
On attendait un exploit. Finalement, le PSG a encore quitté la Ligue des champions plus tôt que prévu et la tête basse face au Real Madrid. Au-delà du résultat, c'est la manière qui démontre que ce Paris-là est encore bien loin de ses ambitions européennes.
Investissement à 180 millions d’euros, Kylian Mbappé quitte la pelouse tête basse. À sa place, Unai Emery lance Lassana Diarra. Il ne reste même pas dix minutes à jouer, arrêts de jeu compris, et le technicien espagnol fait clairement le choix de la prudence : avouer qu’il a perdu, et limiter les frais. Son PSG perd 2-1, est réduit à 10 depuis l’expulsion de Marco Verratti. Avec le retard cumulé, c’est clairement mission impossible pour le club de la capitale. Et de toute façon, à 11 contre 11, Thiago Silva and co n’avaient pas inquiété la Maison-Blanche.
Le but d’Edinson Cavani à vingt minutes du terme ? Anecdotique, Casemiro ayant plié les derniers espoirs parisiens dix minutes plus tard. On ne pourra pas parler de coup du sort, mais simplement constater que le Real Madrid a été bien plus fort, techniquement et mentalement. Solide derrière, tranchant devant – Alphonse Areola a retardé l’échéance durant le premier acte – le onze de Zinédine Zidane a dominé celui d’Emery de la tête et des épaules et répondu présent. Comme à son habitude en C1.
Pas de progrès depuis le départ de Laurent Blanc
Les Parisiens, de leur côté, sont simplement passés à côté. On attendait au mieux un exploit digne de la saison 1992-1993, au moins une performance pleine. Le club avait bien sorti le slogan « Ensemble on va le faire » , mais une fois le match lancé, il semblait que les tribunes y croyaient bien plus que des joueurs incapables de vraiment bousculer Cristiano Ronaldo et sa bande. Dans le fond comme dans la forme, ce n’est pas l’élimination du PSG qui va faire tache ce soir, mais bien le scénario d’une nouvelle élimination frustrante : sans suspense, sans panache, sans même suffisamment d’intensité de la part d’une équipe censée enflammer la rencontre. Et ce n’est pas la cohérence collective remarquable du Real qui suffira à dédouaner Emery et ses hommes.
Paris aurait pu quitter la Ligue des champions avec l’honneur d’une victoire de prestige, ou au moins l’impression de tenir la dragée haute au double tenant du titre, comme pendant 75 minutes au match aller. Finalement, on ressort de la double confrontation avec l’idée que le PSG n’a pas progressé depuis deux ans, mais a au contraire stagné, voire carrément régressé, depuis le licenciement onéreux de Laurent Blanc. Et ce, malgré les 400 millions d’euros d’investissements estivaux qui devaient lui permettre de franchir le cap.
Incapacité à se transcender
Sur ces matchs clés européens, ni Neymar ni Mbappé n’ont apporté ce qu’il manquait au PSG. Encore moins Dani Alves, déjà en souffrance à Munich fin 2017, encore dans le dur face au Real, alors qu’il était venu pour apporter sa science de ces matchs couperets au plus haut niveau. Très clairement, ce qu’il manque aujourd’hui à Paris pour vraiment exister en Ligue des champions ne s’achète pas : du temps, autant que nécessaire pour comprendre, et aussi un peu plus d’insouciance, pour penser à la manière plutôt qu’au résultat. Car en affichant dès 2011 et l’achat du club que l’objectif était de gagner la Ligue des champions, les propriétaires qataris ont forcément mis une pression intense sur leurs équipes techniques et leurs joueurs.
D’où une crispation récurrente dans les matchs à élimination directe quand les vrais ténors historiques du Vieux Continent s’y subliment. Pour le PSG, l’heure est à la remise en question : ne pas scander vouloir gagner la Ligue des champions, mais déjà chercher à y réaliser des grands matchs. Ne pas croire à une solution en achetant des talents, mais plutôt à une solution en construisant une équipe. Avec pléthore d’exemples à suivre via toutes ces équipes françaises du passé qui étaient bien moins brillantes techniquement que ce PSG-là, mais qui savaient l’espace d’un soir se transcender et renverser une montagne. L’ascension peut être encore longue pour Paris.
Par Nicolas Jucha