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À Parme, on rêve déjà de Serie A
Comme une libération : après une année compliquée tant du point de vue sportif qu’extrasportif, Parme a réussi à s’offrir le dernier ticket pour la Serie B en battant en finale des play-off le club piémontais d’Alexandrie. Récit d’une journée qui restera dans les mémoires des supporters gialloblù.
« Quand on joue comme ça, on fait partie des meilleures équipes du championnat. » Dimanche 18 juin, lendemain de victoire pour Sandro Squeri, l’un des principaux responsables du groupe de socios du Parma Calcio 1913. La veille, il était au stade Artemio Franchi de Florence pour assister à la victoire de Parme sur Alexandrie. « On est partis pour Florence avec 20 bus et 300 voitures, sans compter ceux qui ont pris le train. En tout, on était environ 7 000. » 7 000 Parmesans ont donc débarqué dans les travées du stade de la Fiorentina pour supporter leur équipe, contre 2 000 pour Alexandrie. Un chiffre assez faible quand on sait que le stade de Florence peut accueillir plus de 40 000 personnes. Qu’importe, malgré les sièges vides dans le stade, les tifosi de Parme ont donné de la voix sous le cagnard de Florence.
« Toi et moi… comme dans les contes »
Quelques heures avant le match, Sandro Squeri n’en peut plus d’attendre : « On croise les doigts. On est tous fous de ce club ! » Dans les tribunes, les supporters ont accroché avant le match une banderole aux couleurs du club, sur laquelle est inscrite : « Toi et moi… comme dans les contes. » « Comme dans la chanson de Vasco Rossi ! » , explique Squeri, visiblement amateur du chanteur pop-rock italien. Une déclaration d’amour des tifosi pour leurs joueurs qui a porté ses fruits. Sur le terrain, il n’y a pas vraiment eu photo dans cette finale. « On a assisté à une partie à sens unique » , s’enthousiasment Squeri et son ami Alfredo, socio lui aussi et venu de Sicile exprès pour assister au match.
Dès la 11e minute, Parme prend l’avantage sur une tête du milieu de terrain Manuel Schiavone. Et il a fallu un gros cafouillage en milieu de deuxième mi-temps pour que les Gialloblù assoient leur domination sur Alexandrie, grâce au but de leur attaquant Manuel Nocciolini. 2-0, score final. La fête a pu commencer, et l’histoire d’amour entre les supporters et leur équipe continuer. D’abord à Florence, puis à Parme, où des milliers de supporters se sont retrouvés dans la nuit sur la place Garibaldi pour fêter la remontée et la renaissance d’une équipe encore en quatrième division il y a deux ans.
Une saison galère pour le Parma Calcio 1913
Si la fête est aussi belle, c’est aussi parce que ce dernier ticket pour la Serie B n’était pas acquis pour le Parma Calcio 1913. Pourtant, le club possède le plus gros budget de la division. Mais l’opération Renaissance, débutée après la relégation administrative en Serie D (D4) en 2015 pour cause de faillite, avait pris un peu de plomb dans l’aile ces derniers temps. Tout d’abord à cause du limogeage de l’entraîneur Luigi Apolloni, considéré comme l’un des emblèmes du club, mais dont le rendement était jugé insuffisant pour une bonne partie du public et de la direction. À ce moment-là, le président du club Nevio Scala décide de faire ses valises, car il juge cette décision contraire aux valeurs nouvelles que le projet « Nuovo Inizio » (nouveau départ) avait instaurées. Première crise pour le club, à laquelle vient se substituer une deuxième, plus importante : des soupçons de paris truqués. Une affaire qui vient entacher une équipe qui avait fait de sa probité financière un credo.
Le match en question : Parme-Ancône. Un match que devaient facilement gagner les Crociati (Ancône était alors dernier et restait sur sept défaites consécutives), mais qui se termine pourtant par une défaite 2-0. Le problème, c’est que d’énormes gains sur cette victoire et sur ce résultat ont été répertoriés dans la banlieue de Naples. Match truqué ou pas, on ne le sait pas encore. Mais Alessandro Lucarelli, le capitaine emblématique de 39 ans, monte au créneau le 13 avril lors d’une conférence de presse à laquelle assiste toute l’équipe première. Tel un capitaine, il protège ses joueurs, dénonce le « terrorisme médiatique » et affirme n’avoir « rien à cacher » . C’est donc dans cette configuration que l’équipe, qui a laissé filer Venise à la première place, se retrouve à devoir obtenir son accession via les play-off. 24 équipes sont en lice pour prendre le dernier ticket pour la Serie B. Un parcours du combattant, qui donne lieu à des moments de football intenses. C’est le cas notamment de la demi-finale contre Pordenone : après un match nul 1-1 et de la prolongation infructueuses vient la séance de penaltys. Une séance terminée par le tir victorieux de l’idole Lucarelli. Le Parma Calcio 1913 l’emporte 6-5 et s’en va en finale, dont on connaît désormais l’issue victorieuse.
« En Serie B, nous ne serons que de passage »
Place donc à la fête : le groupe de socios du club, le PPC, prépare déjà sa soirée ce lundi soir avec les joueurs et les dirigeants, comme chaque année. Squeri et les autres socios avaient prévu cette fête pour le 19 juin en conscience : « Mon ami Alfredo, qui est aussi socio, avait fait le pari de donner cette date pour fêter la montée. Il était sûr de son coup. » L’année dernière déjà, le PPC avait pu fêter la montée en 3e division lors d’un championnat que Parme avait survolé. Cette année, la victoire a plus de saveur. Mais l’objectif n’est visiblement pas de s’éterniser en Serie B. « En Serie B, nous ne serons que de passage » a affirmé Roberto d’Aversa, l’entraîneur. Squeri et son ami Alfredo ont eux aussi le même objectif : « Nous sommes l’une des équipes qui peut potentiellement gagner la Serie B. Nous sommes montés deux fois de suite, la troisième serait magnifique. »
Par Nathan Gallo